En faisons-nous assez pour protéger les services de santé ?

11 mars 2016
En faisons-nous assez pour protéger les services de santé ?
Unité sanitaire mobile soutenue par le CICR, village de Malaha dans la campagne environnant Homs. Une fillette reçoit des soins pédiatriques. CC BY-NC-ND/ICRC/P. Krzysiek

Les soins de santé en danger, bulletin d'information - mars 2016

La Syrie et le Yémen ne sont pas les seuls pays concernés. Le rapport sur les incidents violents contre les soins de santé publié en avril 2015 indique que la violence contre les personnels de santé, les structures médicales et les véhicules sanitaires est courante. Entre janvier 2012 et décembre 2014, 2 398 attaques de ce type ont été enregistrées dans pas moins de onze pays touchés par un conflit armé, ce qui représente plus de deux attaques par jour.

Il est nécessaire d'en faire plus

De nombreux efforts sont déployés en vue de prévenir cette violence, notamment dans le cadre de l'initiative « Les soins de santé en danger », mais davantage de personnes et de ressources doivent être mobilisées. Le 3 novembre 2015, un mois après le bombardement de l'hôpital de Médecins Sans Frontières à Kunduz, en Afghanistan, 18 organisations professionnelles ou humanitaires actives dans le domaine des soins de santé – parmi lesquelles l'Association médicale mondiale, le Conseil international des infirmières, l'Organisation mondiale de la Santé, Médecins Sans Frontières et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – ont publié une déclaration commune sur la protection des soins de santé. Dans cette déclaration, elles ont appelé instamment les États, les groupes armés, les organisations humanitaires locales et internationales ainsi que les organisations professionnelles fournissant des soins de santé à accorder une attention prioritaire aux recommandations formulées dans le cadre de l'initiative « Les soins de santé en danger ».

Les 18 organisations ont exprimé leur préoccupation au regard du nombre et de la gravité des attaques contre des personnels de santé, des structures médicales et des véhicules sanitaires, et ont tiré la sonnette d'alarme, demandant aux États de prendre des mesures concrètes en vue : d'enquêter sur ces attaques et de les condamner, de réviser leur législation nationale pour mieux protéger les services de santé, de former le personnel militaire et de coopérer avec les organismes de santé et les organisations humanitaires pour faire en sorte de rendre l'accès aux soins de santé plus sûr pour les patients et d'améliorer la qualité des soins. Davantage d'efforts conjoints doivent être mis en œuvre pour que la question soit au cœur des manifestations mondiales qui se tiendront prochainement, notamment l'Assemblée mondiale de la santé et le Sommet humanitaire mondial, et figure parmi les priorités du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Une feuille de route claire à suivre

En décembre 2015, les États parties aux Conventions de Genève se sont réunis à Genève à l'occasion de la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et ont adopté la résolution intitulée « Les soins de santé en danger – Continuer ensemble à protéger la fourniture des soins de santé ». Comme l'explique Alexander Breitegger dans son article « Une feuille de route pour protéger les services de santé », cette résolution constitue une base solide pour la coopération permanente entre les États, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la communauté des soins de santé et d'autres acteurs. Elle peut être utilisée en vue de prendre des mesures pratiques concrètes adaptées à chaque pays pour prévenir la violence contre les prestataires de soins de santé et atténuer les effets de cette violence.

Non seulement il est important de déployer des efforts conjoints coordonnés, mais il est aussi crucial que tous les États, organisations, forces militaires et groupes armés contribuent individuellement à protéger les soins de santé. Dans son article, Eric de Roodenbeke nous parle de l'engagement pris par la Fédération internationale des hôpitaux à la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour améliorer la sécurité dans les hôpitaux. Son organisation n'est pas la seule : 35 engagements liés à cette question ont été pris à titre individuel ou collectif par des États, des membres du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des observateurs de la Conférence. Il est encore temps de prendre un engagement (la possibilité est ouverte jusqu'à fin mars 2016), c'est donc le bon moment pour nous demander ce que nous pourrions faire de plus. Et nous devrions continuer à nous poser cette question tant que les bombardements visant des hôpitaux n'auront pas cessé.

 Ali Naraghi, responsable du projet du CICR « Les soins de santé en danger »

Voir aussi:
« Cinq messages à retenir des commissions sur les soins de santé en danger », par l'Ambassadeur Seleka, République sud-africaine
 « Une feuille de route pour protéger les services de santé », par Alexander Breitegger, CICR
« S'engager à rendre les hôpitaux plus sûrs », par Eric de Roodenbeke, FIH

Le projet « Les soins de santé en danger » est une initiative du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge destinée à rendre l'accès aux soins de santé et la fourniture des soins de santé plus sûrs dans les conflits armés et les autres situations d'urgence. L'initiative appelle au respect et à la protection des travailleurs de la santé, des structures médicales et des véhicules sanitaires, ainsi qu'à la mise en œuvre d'une série de recommandations et de mesures pratiques visant à protéger les services de santé et leur mission humanitaire. Elle est soutenue par de nombreux partenaires, personnes et organisations, qui forment la communauté d'intérêts des soins de santé en danger.

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