Géorgie : deux petits cochons nommés Peugeot et Toyota, le fruit d'un dur travail
En Géorgie, le CICR soutient depuis 2009 les habitants des villages touchés par le conflit le long de la frontière administrative de la région de Shida Kartli, en aidant les familles privées de sources de revenus à cause de la guerre à rétablir leurs moyens de subsistance et à gagner de nouveau leur vie. Le groupe de femmes dont l'histoire est racontée ici a bénéficié d'un programme d'aide qui s'achève ce mois-ci, deux ans après son lancement.
Le village d'Atotsi est situé à proximité de la frontière administrative du district de Kareli, dans la région de Shida Kartli. Cette frontière, établie après le conflit de 2008, empêche les habitants de cette région rurale d'accéder à leurs terres ou à leurs forêts. Faute de pouvoir cultiver leurs parcelles dont ils dépendent pour survivre, les villageois se sont retrouvés dans une situation d'extrême vulnérabilité. Grâce aux subventions octroyées par le CICR dans le cadre de projets à base communautaire lancés en 2014, ils ont pu mettre sur pied de nouvelles activités génératrices de revenus.
Dans le cadre des sept projets mis en œuvre à Atotsi, 59 familles ont reçu une formation et des conseils sur la manière de gérer un commerce et ont bénéficié d'une aide financière soumise à conditions pour se procurer le matériel requis. Afin de palier la perte de leurs moyens de production (due entre autres à l'impossibilité d'accéder à leurs terres, à leurs forêts, à l'eau d'irrigation et aux marchés), les bénéficiaires de ces projets ont été encouragés à utiliser plus efficacement les ressources qui leur restaient et à mettre en place des solutions de substitution.
Travailler dur pour réussir
Dans le cadre de l'un de ces projets, cinq femmes – Tsiala, Manana, Irma, Khatia et Naziko – ont mis sur pied un élevage de porcs dont elles parlent avec beaucoup d'enthousiasme. Si leur affaire est aujourd'hui florissante, c'est grâce à leur investissement sans faille.
« Nous avons commencé par acheter dix truies et du fourrage et avons remis en état la porcherie, raconte Tsiala. Actuellement, nous avons 11 truies, deux verrats, 35 porcelets et quatre porcheries. Grâce à la subvention que nous avons reçue du CICR, nous avons pu acheter tout le matériel et les fournitures dont nous avions besoin. »
« En un an, ajoute Manana, nous avons vendu 240 porcelets et deux truies. Comme nos bêtes ont la réputation d'être en bonne santé, nos porcelets rencontrent un franc succès au sein de notre communauté. »
Les cinq femmes trouvent énormément de satisfaction dans la gestion de leur activité. « Ce projet nous a donné les moyens d'augmenter les revenus de nos familles et de compenser les pertes que nous avons subies à cause du conflit », explique Irma.
Réinvestir pour prospérer
Portées par le succès de leur élevage, les cinq femmes ont décidé de participer à un programme public visant à promouvoir les produits nationaux et se sont lancées dans une nouvelle activité axée sur les serres. Conformément aux conditions définies dans ce programme, elles ont créé une coopérative, financée à hauteur de 20 % par les revenus issus de leur élevage de porcs. Elles ont également réinvesti une partie des profits tirés de l'élevage dans la production de pommes de terre (3,5 hectares dont elles sont propriétaires), dont les bénéfices seront à leur tour réinjectés à parts égales dans l'élevage de porcs et la construction de serres.
« Grâce à l'aide du CICR, nous avons pu nous regrouper et mener à bien notre projet, explique Naziko au sujet de la phase de mise en œuvre. Nous sommes capables de subvenir aux besoins de nos familles et notre expérience peut servir d'exemple aux jeunes, car nous sommes la preuve qu'en travaillant dur on finit toujours par réussir. »
Les cinq femmes s'entendent très bien. Elles se partagent équitablement les rôles et responsabilités au sein de leur entreprise. Khatia nous en dit plus sur le choix des noms de leurs porcs : « Comme notre travail quotidien est difficile, nous cherchons constamment à nous motiver et à nous distraire. L'idée de donner à nos porcs des noms de marques de voiture est venue de là. Cela nous amuse beaucoup. Par exemple, une de nos truies, Limousine, a récemment donné naissance à deux porcelets que nous avons baptisés Peugeot et Toyota en signe de notre reconnaissance envers le CICR. »