Échec de la conférence visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires

01 juin 2015
Échec de la conférence visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires
© Reuters / Mike Segar

La Conférence des Parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2015, qui s'est tenue du 27 avril au 22 mai à New York, s'est soldée par un échec. Cette importante conférence organisée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) afin d'examiner les progrès accomplis en matière de non-prolifération des armes nucléaires et de désarmement nucléaire a pris fin sans que les États participants ne dégagent un consensus sur un document final.

Un tel document aurait énoncé des recommandations permettant de faire progresser la mise en œuvre du traité sur les cinq prochaines années. Les États n'ont pas pu trouver d'accord sur les modalités d'organisation d'une conférence chargée de faire de la région du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive. Louis Maresca, conseiller juridique principal à l'Unité armes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), explique l'importance que revêt ce résultat.

Que signifie l'échec de la conférence pour le désarmement nucléaire ?

Il ne fait aucun doute que le fait que la Conférence des Parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n'a pas pu aboutir à un document final est extrêmement décevant et représente une occasion manquée de progresser sur la voie de l'élimination des armes nucléaires.

Pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l'interdiction et l'élimination des armes nucléaires restent un impératif humanitaire et, au vu des conséquences désastreuses qu'elles entraînent, le CICR continue d'exhorter les États à veiller à ce que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées. Les États doivent également poursuivre de toute urgence les négociations en vue de conclure un accord international juridiquement contraignant pour interdire l'emploi des armes nucléaires et parvenir à leur élimination totale.

Une action en faveur du désarmement nucléaire peut donc encore être entreprise ?

Oui. Malgré le résultat de la conférence, les États parties restent liés par les termes du traité et les engagements pris lors des réunions antérieures. Les actions entreprises par les États dotés de l'arme nucléaire sont particulièrement importantes compte tenu des risques d'explosions intentionnelles ou accidentelles. Ces États doivent prendre des mesures concrètes de toute urgence pour limiter le rôle et la prépondérance des armes nucléaires dans leurs plans, doctrines et politiques militaires, réduire le nombre d'ogives nucléaires en état d'alerte maximale, et être plus transparents sur les mesures prises pour empêcher les explosions accidentelles. Bon nombre de ces mesures découlent d'engagements politiques et de plans d'action qui existent depuis longtemps déjà.

Quelle sont les prochaines étapes ?

Les prochaines étapes relatives à la question des armes nucléaires au niveau multilatéral sont imprécises. Le 70e anniversaire des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en août de cette année sera l'occasion de rappeler que des mesures concrètes en vue d'un désarmement nucléaire n'ont toujours pas été prises. L'échec du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires fera aussi probablement l'objet d'une discussion à la réunion annuelle de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Quel est le point de vue du CICR sur la proposition d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient ?

Les traités établissant des zones exemptes d'armes nucléaires sont des instruments importants, en phase avec l'appel lancé par le Mouvement aux États pour qu'ils veillent à ce que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées. Les États devraient souscrire à ces instruments si ce n'est pas encore fait. Il est regrettable que l'établissement d'une telle zone au Moyen-Orient progresse aussi lentement. Toutefois, nous considérons que l'établissement de ces zones ne se substitue en rien à un accord international multilatéral qui interdise et élimine définitivement les armes nucléaires.