Pour une interdiction totale des armes nucléaires
Pendant des décennies, le discours sur les armes nucléaires a porté essentiellement sur les aspects militaires et relatifs à la sécurité, et sur la crainte de leur prolifération. Le débat tend néanmoins à s’élargir pour intégrer les conséquences catastrophiques de leur emploi sur le plan humanitaire et leur incompatibilité avec les règles du droit international humanitaire (DIH).
Bien que plusieurs accords internationaux visant à limiter la mise au point et la prolifération des armes nucléaires soient déjà en vigueur, ces armes n'ont été interdites au plan international qu’en 2017, quand le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires a été adopté.
Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge demandait l’interdiction de ces armes depuis 1945 et s’est félicité de l’adoption du traité, qu’il considère comme un pas historique et longtemps attendu vers leur élimination. Au vu des tensions régionales et internationales qui règnent actuellement, le risque que des armes nucléaires soient employées n’a jamais été aussi élevé depuis la guerre froide.
Pour faire en sorte que ces armes ne soient plus jamais utilisées et qu’elles soient complètement éliminées, le Mouvement appelle les États à adhérer au traité d’interdiction et à s’acquitter de leurs obligations et engagements de longue date en matière de désarmement nucléaire.
Interdire les armes nucléaires se justifie sur les plans humanitaire, moral et juridique. Ces armes sont les plus destructrices jamais élaborées, et leur mise à l’essai et leur emploi auraient des conséquences humanitaires catastrophiques.
Ces conséquences sont dues à la chaleur, au souffle et à la radiation que provoque une explosion nucléaire et dépendent aussi des distances sur lesquelles ces forces se font sentir. Comme on l’a vu après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, l’explosion d’une arme nucléaire au-dessus ou à proximité d’une zone peuplée peut faire un très grand nombre de victimes et gravement endommager les infrastructures civiles.
Elle peut aussi détruire des services et des infrastructures de santé et rendre ainsi pratiquement impossible la fourniture d’aide et d’assistance, illustrant le manque de capacités pour mener une action humanitaire adéquate juste après une explosion. Parmi ceux qui, au Japon, ont survécu au souffle de l’explosion, beaucoup ont souffert de maladies causées par les radiations au cours des semaines et des mois qui ont suivi, tandis que d’autres ont développé certains cancers plus tard dans leur vie.
En 1996, la Cour internationale de Justice a conclu que l’emploi d’armes nucléaires serait généralement contraire aux principes et règles du DIH. Elle a également décidé qu’il existait pour les États une obligation de poursuivre et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire.
L’adoption récente du traité d’interdiction rend le cadre juridique pour l’élimination des armes nucléaires plus ferme que jamais. En y adhérant, les États s’acquittent de l’obligation qui leur incombe de protéger l’humanité d’une catastrophe nucléaire, dans le cadre d’une approche plus viable et plus humaine de la sécurité, exempte de ces armes meurtrières.