Déclaration

Un appel à éliminer les armes nucléaires, 80 ans après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki

A black and white photograph showing the devastated landscape of Hiroshima after the nuclear bombing in August 1945. The area is flattened and burned, with only a few skeletal buildings and bare trees remaining. A straight dirt road runs through the center, surrounded by rubble and destruction, with mountains visible in the background.
Hiroshima Nakaku. Après l'explosion de la bombe atomique.
Photo : Satsuo Nakata

Déclaration conjointe du président de la Société de la Croix-Rouge du Japon, Atsushi Seike, et de la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, au sujet de la menace que continuent de faire peser les armes nucléaires sur le monde 80 ans après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.

« Que toutes les âmes ici réunies reposent en paix, car jamais nous ne laisserons le pire advenir à nouveau. »

Cette épitaphe, inscrite sur le monument aux morts érigé dans le parc du Mémorial pour la paix à Hiroshima, nous oblige à nous interroger. Quatre-vingts ans après cette terrible tragédie causée par l’arme nucléaire, dont le monde entier a été témoin, sommes-nous à la hauteur de cet engagement ? Nous employons-nous suffisamment à entretenir le souvenir de ce qui s’est passé à Hiroshima et à Nagasaki ? Et plus important encore, faisons-nous vraiment tout notre possible pour débarrasser le monde de ces armes dévastatrices ?

Il y a quatre-vingts ans, les villes d’Hiroshima et de Nagasaki étaient réduites en cendres, et des dizaines de milliers de personnes mouraient en l’espace de quelques secondes. Les registres dans lesquels sont comptabilisées les victimes des deux bombardements atomiques font état de plus de 540 000 morts – un chiffre qui comprend les personnes décédées ultérieurement des effets à long terme des radiations, et qui continue d’augmenter. 

Aujourd’hui encore, les survivants – que l’on appelle les Hibakusha – souffrent sur les plans physique et psychique. Atteints de maladies causées par les radiations, ils continuent d’être pris en charge par les hôpitaux de la Société nationale de la Croix-Rouge, preuve des conséquences à long terme de l’emploi d’armes nucléaires. 

Le risque qu’une telle arme soit déclenchée intentionnellement ou accidentellement est bien réel, et c’est une perspective terrifiante. À l’heure actuelle, le nombre d’armes nucléaires dans le monde est bien plus élevé qu’il y a quatre-vingts ans. Tout comme leur pouvoir de destruction. Bien que dotée d’une charge explosive équivalant à 15 000 tonnes de TNT, la bombe qui a anéanti Hiroshima serait aujourd’hui classée parmi les armes nucléaires de faible puissance.

Si une guerre nucléaire venait à éclater, ce serait une défaite tragique de l’humanité. Aucune réponse humanitaire ne pourrait être à la mesure des souffrances qu’engendrerait une explosion nucléaire au cœur ou à proximité d’une zone habitée. Il est extrêmement improbable que de telles armes puissent un jour être utilisées d’une manière conforme aux principes et aux règles du droit international humanitaire.

Il y a deux ans, en mai 2023, en amont du Sommet du G7 qui se tenait cette année-là à Hiroshima, nous avions publié une déclaration commune dans laquelle nous appelions la communauté internationale à éliminer les armes nucléaires.

Mais au lieu de voir les États s’engager plus avant en faveur du désarmement nucléaire, nous assistons au contraire à un retour en force de la rhétorique nucléaire dans les postures et doctrines militaires, ainsi qu’à un renouvellement et une augmentation des arsenaux nucléaires.

Il reste toutefois des raisons d’espérer. Beaucoup de pays aspirent à un monde libéré de ces armes dévastatrices. Le nombre d’États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires continue d’augmenter. À l’heure actuelle, ils sont 73, et 25 autres États ont signé le traité.

Ce qui s’est passé à Hiroshima et à Nagasaki il y a quatre-vingts ans est la preuve irréfutable que les armes nucléaires constituent une menace bien trop grande qui doit être éradiquée. 

Nous appelons à nouveau tous les États à ne jamais employer ni menacer d’employer des armes nucléaires, à prendre des mesures pour prévenir les risques qu’une de ces armes soit déclenchée délibérément ou accidentellement, à ne plus les considérer comme un pilier de la sécurité nationale, et à œuvrer en faveur de leur élimination complète en adhérant au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ou par d’autres moyens pertinents.

Nous invitons également les États à investir dans l’éducation pour faire en sorte que les générations futures n’oublient jamais le danger que représentent les armes nucléaires ni les souffrances innommables qu’elles infligent aux civils.

Informations complémentaires :

Hitomi Makabe, CICR Tokyo, tél. : +81 (0) 804 142 97 23, e-mail : hmakabe@icrc.org

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