L'armée libérienne s'engage à protéger les personnels de santé

01 décembre 2015
L'armée libérienne s'engage à protéger les personnels de santé
Caserne Edward Binzah Kesselly, Monrovia (Libéria). Des membres des forces armées libériennes participent à une séance de formation (organisée avec l’aide du CICR) sur les opérations de fouille et autres interventions aux postes de contrôle. 01.06.2015 CC BY-NC-ND/CICR/Yamila Castro

Les forces armées du Libéria ont récemment intégré, avec l'aide du CICR, des recommandations relatives aux soins de santé en danger dans leur manuel d'instruction militaire. Celui-ci comprend maintenant un chapitre complet sur la question, donnant aux soldats libériens des directives sur la manière de conduire des opérations militaires tout en préservant l'accès de la population aux services de santé.

Comme le veut la tradition militaire, la journée commence tôt pour la vingtaine d'officiers de l'armée libérienne rassemblés au centre de formation Barclay, au siège des forces armées à Monrovia. Les officiers ont une mission à accomplir : rédiger de nouvelles directives qui renforceront les règles existantes et faciliteront le travail tant des militaires que du personnel médical. L'un des officiers, le capitaine Golafale, explique les enjeux : « Les opérations militaires et les soins de santé sont étroitement liés. Nous disons parfois que les médecins et les infirmiers sont nos meilleurs amis. Quand nous intervenons, nous savons que nous devons les protéger et les respecter car nous pourrions être blessés au cours des opérations. Cette relation est très importante. » Nester Urey, conseiller juridique du CICR, ajoute : « Ce que nous faisons [à l'atelier] aujourd'hui aura assurément un impact sur les générations futures. »

« Imaginez que vous êtes un commandant militaire et que vous devez mener une attaque près d'un centre médical : vous devez savoir comment garantir la sécurité du personnel médical et des patients présents sur place. Vous devez réaliser une évaluation pour connaître la limite à respecter dans l'usage de la force », poursuit le capitaine Golafale. « Avant de lancer une opération, tous les participants, du simple soldat au commandant en chef, doivent connaître non seulement le but de la mission, mais aussi leurs droits et leurs responsabilités. Le DIH dispose que les personnels de santé doivent être autorisés à évacuer les victimes – combattants comme civils – de la zone de conflit. »

 

Libéria. Les membres des forces armées libériennes sont sensibilisés à la question des soins de santé en danger dans le cadre de leur formation au droit international humanitaire.

Libéria. CC BY-NC-ND / CICR

L'atelier prend fin après deux jours d'intenses discussions. Il ne tardera pas à porter ses fruits : quelques mois plus tard seulement, un chapitre 13 consacré aux questions liées aux soins de santé en danger est intégré dans le Manuel de formation au droit des conflits armés des forces armées du Libéria. On y trouve des procédures détaillées sur les précautions à prendre lors des attaques, évacuations au sol, opérations de fouilles dans des centres de santé et dans d'autres situations où les personnels, structures, ambulances, navires et aéronefs médicaux sont protégés par le DIH. Le chapitre traite des conséquences possibles de l'action militaire pour les personnels médicaux et leurs patients dans différents scénarios. Il comprend aussi des recommandations en matière de formation pour faire en sorte que le droit soit respecté et que les personnels de santé, les blessés et les malades soient protégés pendant les opérations militaires.

Le capitaine Tarplah, responsable des affaires publiques, déclare : « Il est essentiel de mettre au point des directives opérationnelles sur les relations avec les personnels de santé et la façon d'assurer leur protection, ainsi que celle des structures médicales, des patients et des visiteurs. Notre objectif n'est pas de leur nuire, mais de mener des opérations dans des conditions de sécurité difficiles. »

Le capitaine Tarplah explique que les civils sont eux aussi concernés et qu'ils doivent donc être mieux informés : « Ces directives sont dans l'intérêt de tous. Si l'accès aux soins de santé reste sûr en cas de crise au Libéria, les gens n'auront pas peur d'aller à l'hôpital. Il est important que la population civile sache que le DIH la protège, mais aussi qu'elle se sente protégée. »

 

L'atelier de Monrovia s'est appuyé sur les résultats des consultations internationales sur les soins de santé en danger tenues à Sydney en 2013. Vingt-sept experts du monde entier avaient alors examiné les pratiques opérationnelles militaires susceptibles de renforcer la protection des soins de santé en période de conflit armé.

Ces pratiques sont présentées sous la forme de recommandations concrètes et de mesures à prendre au niveau local dans la publication Promouvoir des pratiques militaires qui favorisent des soins de santé plus sûrs, destinée aux forces armées des États.

Les pratiques en question doivent être adoptées dans la planification et la réalisation d'opérations militaires pour éviter tout impact négatif sur la fourniture des soins de santé dans les conflits armés. Les forces armées peuvent les incorporer dans les ordonnances militaires, les règles d'engagement, le règlement permanent, les manuels de formation, etc.

Les soins de santé en danger : bulletin d'information, juillet - novembre 2015