L'Organisation des Nations Unies et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’engagent à intensifier leur action contre la violence sexuelle en temps de conflit.

25 février 2019

Genève – L'Organisation des Nations Unies et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se sont engagés aujourd'hui à intensifier leur action pour prévenir et éliminer la violence sexuelle et fondée sur le genre pendant les conflits et dans leur contexte, et pour y faire face.

Dans le cadre des activités qu’elles mènent dans les zones de conflit du monde entier, les deux organisations constatent les dommages énormes et durables causés par la violence sexuelle et fondée sur le genre, qui est utilisée comme tactique de guerre pour déshumaniser les victimes et déstabiliser des populations et des sociétés entières.

« Trop souvent, les atrocités sexuelles sont considérées comme un sous-produit inévitable de la guerre et tolérées comme tel. Il faut que cela cesse. La loi est claire : le viol et les autres formes de violence sexuelle sont une atteinte aux lois », a déclaré Peter Maurer, Président du Comité international de la Croix-Rouge, au nom du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. « Nous nous engageons aujourd’hui à faire plus et mieux pour les victimes de violences sexuelles et sexistes. Nous exigeons que ces violences cessent d’être utilisées comme armes de guerre et que la honte change de camp : punissons les criminels et non plus les victimes. »

« Le monde est de plus en plus conscient de l’omniprésence de la violence sexuelle et fondée sur le genre pendant les conflits et dans leur contexte », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres. « Nous devons redoubler d’efforts pour prévenir ce fléau, et pour amener les auteurs à répondre de leurs actes. Je suis fier que l’ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge unissent leurs forces pour mieux lutter contre ces crimes. Nous remplacerons l’impunité par la justice, et l’indifférence par l’action. Les rescapés – leur expérience, leurs besoins et leurs attentes – seront au cœur de tout ce que nous ferons. »

Les deux dirigeants étaient accompagnés de Julienne Lusenge, éminente militante des droits de la personne qui travaille avec des personnes rescapées d’actes de violence sexuelle commis en temps de guerre en République démocratique du Congo.

« Le corps des femmes ne doit plus servir de champ de bataille », a déclaré Mme Lusenge. « Je suis heureuse de joindre ma voix à celles de l’ONU et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour souligner qu’une action directe et adéquate est nécessaire. Apporter un soutien direct aux organisations locales de femmes en République démocratique du Congo nous permettra de traiter les victimes et les rescapées en quelques heures et de leur donner accès à des services juridiques ; elles passeront ainsi du statut de victimes à celui d’agents de changement et de protecteurs de l’humanité. »

À la réunion tenue ce jour, l’ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se sont engagés à écouter les rescapés et les victimes de ces crimes, à faire en sorte que leurs voix soient entendues et à les aider, directement et par l’intermédiaire d’organisations locales, en particulier d’organisations de femmes, actives dans les zones de conflit.

  • L’ONU demande à l’ensemble de son personnel de promouvoir la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à tous les processus de paix officiels ;
  • L’ONU donne ordre à ses opérations de paix dans le monde entier de s’assurer que des politiques et des systèmes sont en place pour prévenir la violence sexuelle et fondée sur le genre liée aux conflits, et de faire en sorte que justice soit faite pour les victimes et les rescapés, compte tenu de leurs besoins et de leurs attentes ; 
  • L’ONU demande à ses opérations de paix et, le cas échéant, à ses autres présences sur le terrain, de s’assurer le concours de conseillers pour les questions de genre et de protection au niveau pertinent pour faire face à la crise, contribuer à la prise de décisions au niveau de la direction et se concerter avec les populations locales ;
  • L’ONU redouble d’efforts pour mobiliser des ressources destinées aux organisations locales, en particulier aux organisations de femmes, qui sont aux avant-postes de la prévention et de l’intervention face à la violence sexuelle et fondée sur le genre liée aux conflits, grâce à des mécanismes tels que le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire ;
  • Le Comité international de la Croix-Rouge lance aujourd’hui un appel en vue de mobiliser quelque 27 millions de dollars pour nous aider à mieux faire face au problème de la violence sexuelle dans 14 pays, notamment pour élargir les services proposés en Colombie, améliorer les interventions en Syrie et offrir de nouveaux services en République centrafricaine ;
  • Pour la première fois, le Comité international de la Croix-Rouge affectera cette année, dans six pays, des spécialistes de la violence sexuelle et fondée sur le genre liée aux conflits afin d’accroître la coordination de notre action sur le terrain en réponse aux besoins des victimes et des rescapés (femmes, hommes, garçons et filles) ;
  • La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge continueront d’intensifier leurs efforts pour prévenir et combattre la violence sexuelle et fondée sur le genre en renforçant les capacités et en déployant des spécialistes.

L’ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont demandé aux gouvernements, auxquels incombe au premier chef la responsabilité de prévenir la violence sexuelle et fondée sur le genre liée aux conflits et d’y faire face, de s’assurer que les victimes et les rescapés reçoivent les soins adéquats et que justice leur est rendue.

Ils ont en particulier exhorté les gouvernements :

  • À s’assurer que leurs politiques et leurs cadres juridiques prévoient une protection adéquate pour les victimes et les rescapés de la violence sexuelle et fondée sur le genre durant les conflits ;
  • À mettre en place des mesures permettant de protéger les détenus contre la violence sexuelle et fondée sur le genre liée aux conflits ;
  • À dispenser une formation aux forces de police et aux forces armées afin de prévenir la violence sexuelle et fondée sur le genre durant les conflits et dans leur contexte et de la réprimer ;
  • À ouvrir des enquêtes et à poursuivre en justice les auteurs de crimes liés à la violence sexuelle et fondée sur le genre durant les conflits ;
  • À assurer un soutien aux organisations qui travaillent auprès des victimes et des rescapés de cette violence ;
  • À assurer aux rescapés et aux victimes un accès direct aux soins physiques et psychologiques.

Surtout, ils ont exhorté les gouvernements à être attentifs aux voix, aux besoins et aux attentes des rescapés et des victimes, et à placer ces derniers au cœur de la prévention et de l’intervention.

Le Secrétaire général, M. Guterres, et M. Maurer se sont exprimés en marge de la session du Conseil des droits de l’homme, et l’un et l’autre ont insisté sur la nécessité pour les États de réaffirmer leur attachement au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme et sur l’importance d’une intensification des initiatives multilatérales afin de définir une réponse globale face aux actes de violence sexuelle et fondée sur le genre perpétrés durant les conflits et dans leur contexte.

 

Lire la déclaration complète du président Maurer ici.

 

Informations complémentaires:

Ewan WATSON, CICR Genève : +41 244 64 70