Communiqué de presse

Libye : le Covid-19 vient pénaliser un système de santé déjà saturé par le conflit

Tunis (CICR) – Alors que des centaines de milliers de Libyens sont pris au piège d’un conflit qui monte en intensité, l’épidémie de Covid-19 menace de se propager et de mettre à mal le fragile système de santé du pays. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) craint que le virus ne vienne ajouter aux souffrances des familles touchées par le conflit, qui peinent déjà à satisfaire leurs besoins essentiels tels que l’accès au logement, à l’alimentation, à l’eau et aux soins de santé.

« Le système de santé libyen était déjà mis à rude épreuve avant l’épidémie de Covid-19 », explique Willem de Jonge, qui dirige les opérations du CICR en Libye. « Aujourd’hui, certains professionnels de la santé qui doivent être formés aux protocoles de prévention de l’infection au Covid-19 continuent d’être rappelés sur les lignes de front pour soigner les blessés. Les cliniques et les hôpitaux sont débordés par la prise en charge des blessés de guerre et des malades chroniques, si bien que leur capacité à accueillir des patients Covid est limitée. Les établissements de santé ont besoin de davantage de soutien et de ressources pour faire face à ce défi ».

Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, les combats à Tripoli se sont intensifiés, forçant les gens à fuir leur foyer et endommageant les infrastructures civiles. Certaines zones de Tripoli, comme le secteur d’Abou Salim, ont vu leur charge de patients quadrupler ces derniers mois, principalement en raison de l’afflux de familles déplacées, dont beaucoup vivent dans des centres d’accueil collectif.

« Des personnes qui avaient fui les combats, dont certains de nos collègues, nous ont confié qu’elles n’avaient d’autre choix que de regagner leur foyer situé à proximité des lignes de front, car elles craignaient de transmettre le virus à leurs parents âgés ou à d’autres membres de leur famille auprès desquels elles avaient trouvé refuge », indique Maria Carolina, cheffe adjointe de la sous-délégation du CICR à Tripoli. « Cela montre les terribles choix auxquels certains habitants sont aujourd’hui contraints, partagés entre la menace des tirs d’obus et des bombardements et celle que le Covid-19 fait aujourd’hui peser sur leur vie. »

Des mesures de prévention particulières doivent par ailleurs être prises pour faire en sorte que le nouveau coronavirus épargne les prisons, où les mesures d’éloignement physique sont impossibles à respecter. Les migrants échoués en Libye sont eux aussi extrêmement à risque, nombre d’entre eux ayant un accès limité à l’information, aux soins de santé ou à un revenu.

Dans le même temps, les restrictions telles que les couvre-feux et la fermeture des frontières, bien qu’elles soient importantes pour freiner la propagation de la maladie, créent de nouveaux défis s’agissant de fournir l’aide humanitaire et de maintenir les chaînes d’approvisionnement en vivres, médicaments et produits de première nécessité.

« Les autorités doivent veiller à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire tout en maintenant des mesures préventives telles que la distanciation sociale, faute de quoi les personnes qui en dépendent souffriront énormément », précise M. Jonge. « Maintenant déjà, nous observons que le prix des aliments et d’autres denrées de première nécessité augmente, mettant une pression supplémentaire sur certaines des familles les plus vulnérables du pays. L’épidémie de Covid-19 vient s’ajouter aux conséquences d’années de conflit, durant lesquelles les familles ont vu les services publics s’effondrer et leurs chances de trouver un emploi s’évanouir. »

Opérations menées par le CICR en Libye pour venir en aide aux victimes du conflit :

  • Le CICR continue de fournir des vivres et des articles ménagers aux déplacés internes, aux résidents et aux personnes de retour chez elles. En mars, plus de 8 200 personnes ont bénéficié de ces distributions.
  • Les équipes spécialisées du CICR collaborent avec les services des eaux locaux pour améliorer l’accès à l’eau potable dans des dizaines de régions en proie au conflit. Elles s’emploient aussi à améliorer l’assainissement en soutenant les installations de traitement des eaux usées.
  • Nous remettons des fournitures médicales à des hôpitaux et des établissements de santé primaire dans tout le pays, dont de l’insuline et d’autres médicaments aux centres de traitement du diabète. Nos équipes fournissent par ailleurs du matériel de premiers secours et des sacs mortuaires au personnel de santé travaillant sur la ligne de front.

Opérations menées par le CICR en Libye pour lutter contre le Covid-19 :

  • Le CICR offre un soutien financier aux centres pour l’achat de matériel et de fournitures médicales comme des masques, du savon et du désinfectant. Trois hôpitaux recevront en outre des générateurs qui leur permettront de continuer à fonctionner même en cas de coupure de courant.
  • Nous avons distribué des articles d’hygiène à 3 200 détenus dans deux établissements pénitentiaires. Nous coopérons avec les autorités compétentes afin d’assurer l’adoption des mesures nécessaires pour prévenir la propagation du Covid-19 et gérer les cas suspects dans les prisons.
  • En collaboration avec le Croissant-Rouge libyen et la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, nous diffusons des informations sur la prévention du Covid-19 dans les villes et villages du pays.
  • Les équipes du CICR distribuent des articles d’hygiène et du chlore dans 17 centres d’hébergement collectif pour familles déplacées. Elles forment aussi le personnel de ces centres aux techniques de désinfection afin d’empêcher la propagation du Covid-19 dans les espaces de vie partagés.
  • Nous œuvrons, en collaboration avec les autorités, à l’élaboration d’un plan pour assurer une gestion digne et en toute sécurité des dépouilles des victimes du Covid-19. Ce soutien prévoit également la fourniture d’équipements comme des sacs mortuaires.

 

Informations complémentaires :

Qusai ALAZRONI,porte-parole pour la Libye, +216 55 166 657

Sara Alzawqari, porte-parole pour le Moyen-Orient, +961 3138 353

Halimatou Amadou, porte-parole pour l’Afrique de l’Ouest, +221 78 186 4687

Crystal Wells, porte-parole pour l’Afrique de l’Est, +254 716 897 265