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Libye : survivre alors que les services publics s'effondrent

Face aux combats qui font rage dans leur pays et dont ils ne voient pas la fin, les Libyens perdent l'espoir de pouvoir retrouver un jour une vie normale. Les coupures d'eau et d'électricité ainsi que les pénuries de carburant sont régulières dans un grand nombre de régions, et il est de plus en plus difficile de trouver des soins. Les crimes, notamment les enlèvements, sont en augmentation, et la population vit dans la peur constante des bombardements et autres attaques menés contre des quartiers résidentiels et des structures de santé, qui se poursuivent et font toujours autant de morts et de blessés.

Prendre les civils pour cibles est contraire aux principes d'humanité

« Les personnes qui ne participent pas aux combats doivent être protégées en toutes circonstances », explique Katja Lorenz, qui dirige les opérations du CICR en Libye. « Prendre les civils pour cibles est non seulement contraire au droit international humanitaire, mais viole également les principes d'humanité les plus élémentaires. Les combattants ne doivent rien faire qui puisse mettre en danger la vie ou le bien-être des civils. Ils ne doivent pas non plus endommager des biens civils. »

La perspective d'un retour à la maison dans un avenir proche reste hypothétique pour des dizaines de milliers de familles déplacées. Des familles dont les ressources, déjà bien maigres, se réduisent encore avec l'économie qui s'effondre et le prix des loyers et des produits de première nécessité qui ne cesse d'augmenter.

Les attaques entraînent la fermeture d'hôpitaux

Les services de santé ont été durement touchés par les combats. Par manque de personnel ainsi que de médicaments et de matériel médical, un grand nombre d'hôpitaux et d'établissements de soins sont dans l'incapacité de faire face aux besoins croissants. Pour ne pas rester sans soins comme beaucoup, ceux qui en ont encore les moyens vont se faire soigner à l'étranger. Certaines structures de santé sont partiellement ou totalement fermées et les services de santé suspendus depuis que plusieurs hôpitaux ont été attaqués et que des personnels de santé ont subi des actes d'intimidation.

« Un environnement de travail sûr est une condition sine qua non pour que les structures et personnels de santé puissent soigner les blessés et les malades », constate Jérôme Thuet, coordonnateur des activités de protection du CICR. « En les empêchant de faire leur travail, les combattants mettent la population en danger. Ces personnes ne doivent pas se livrer à des actes d'intimidation, ni prendre pour cibles les structures ou personnels de santé. »

Le CICR et le Croissant-Rouge libyen viennent en aide à la population libyenne

En Libye, le CICR compte plus d'une centaine de collaborateurs locaux et quatre bureaux opérationnels à Tripoli, Benghazi, Misrata et Sabha, ce qui en fait la plus importante organisation humanitaire internationale présente sur le terrain dans le pays. En collaboration avec le Croissant-Rouge libyen, il vient en aide à la population en s'employant à répondre aux besoins croissants que génèrent les combats et l'instabilité générale.

De janvier à septembre 2015, le CICR a :

  • distribué avec le Croissant-Rouge libyen des vivres à 32 000 personnes déplacées et d'autres secours (articles d'hygiène, ustensiles de cuisine, matelas, couvertures, etc.) à 43 000 personnes ;
  • fourni du matériel médical et 20 kits pour le traitement des blessés par arme – permettant de soigner 12 000 patients – à 16 hôpitaux et cinq centres de soins de santé primaires de toute la Libye ;
  • organisé deux cours de traumatologie d'urgence auxquels ont participé 29 médecins, chirurgiens et anesthésistes libyens de 20 hôpitaux du pays ;
  • formé aux premiers secours 15 formateurs de 11 sections du Croissant-Rouge libyen ;

Libyan Red Crescent first-aid trainers undergo training during a 10-day course.

Tunis (Tunisie), 18 octobre 2015. Des formateurs aux premiers secours du Croissant-Rouge libyen suivent une formation de dix jours qui leur permettra de former à leur tour aux premiers secours des volontaires de la Société nationale partout dans le pays. CC BY-NC-ND / CICR / Rabih Al-Fakih

  • aidé les membres de familles dispersées par le conflit à maintenir ou rétablir le contact en recueillant et distribuant 83 messages Croix-Rouge, dont 14 messages « sain et sauf » de mineurs non accompagnés se trouvant au centre de rétention de Karareem à Misrata ;
  • organisé sept appels par visioconférence et facilité avec le Croissant-Rouge libyen dix appels téléphoniques entre des familles libyennes et leurs proches détenus à Guantanamo ;
  • assuré avec le Croissant-Rouge libyen et l'Organisation internationale pour les migrations le rapatriement volontaire dans leur pays de migrants (plus de 550 Sénégalais et 40 Gambiens) ;
  • fourni des vêtements, des matelas, des couvertures et des articles d'hygiène à 900 migrants détenus par le Département de lutte contre la migration irrégulière ;

. ICRC staff deliver personal hygiene items, blankets and mattresses to 349 African migrants in Sabha Retention Centre.

Centre de rétention de Sabha, Sabha (Libye), 7 juillet 2015. Des collaborateurs du CICR s'apprêtent à distribuer des articles d'hygiène personnelle, des couvertures et des matelas à 349 migrants africains.
CC BY-NC-ND / CICR

  • formé 40 volontaires du Croissant-Rouge libyen à la prise en charge adéquate des dépouilles et fourni à 12 sections locales de la Société nationale 1 345 sacs mortuaires et 46 kits de gestion des dépouilles (permettant de s'occuper de 1 150 corps), ainsi que des équipements de protection individuelle ;

Libyan Red Crescent volunteers learn how to deal with dead bodies and how to protect themselves during this type of work.

Tunis (Tunisie), 6 août 2015. Des volontaires du Croissant-Rouge libyen sont formés à la prise en charge des dépouilles et aux mesures de protection personnelle nécessaires pour cette tâche. CC BY-NC-ND / CICR / Mohamed Chehab

  • apporté au Croissant-Rouge libyen une aide qui a notamment consisté à lui fournir trois ambulances, quatre camions et quatre autres véhicules et à couvrir une partie de ses dépenses et frais de fonctionnement ;
  • formé 60 volontaires du Croissant-Rouge libyen aux moyens permettant d'œuvrer en toute sécurité ;
  • facilité la participation de collaborateurs et volontaires du Croissant-Rouge libyen à quatre ateliers internationaux et régionaux.