Maroc : à la rencontre de Zenab, migrante et aide-soignante
La Méditerranée occidentale est récemment redevenue la route la plus empruntée par les candidats à la migration clandestine vers l'Europe. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 56 000 migrants sont arrivés en Espagne en 2018, dont plus de 49 000 par la voie maritime, soit le double du nombre enregistré en Méditerranée centrale, vers l'Italie.
De par sa position géographique, le Maroc est devenu un pays de transit, mais aussi de destination pour les demandeurs d'asile et les migrants, essentiellement issus d'Afrique subsaharienne. C'est pour faire face à ce défi qu'une stratégie nationale d'immigration et d'asile a été mise en place dès 2014 dans ce pays. Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur, l'État marocain a ainsi pu régulariser près de 50 000 migrants et scolarisé 7 500 enfants.
Mais la régularisation implique une intégration économique. À cet effet, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) propose aux migrants une formation d'aide-soignant afin de faciliter leur accès au marché du travail.
C'est le cas de Zenab qui, tout sourire, en tunique blanche et calot sur la tête, nous attend devant la porte principale de l'hôpital où elle effectue son stage de formation. Originaire de la Guinée-Conakry, cette jeune femme est arrivée au Maroc il y a trois ans. Et comme pour beaucoup de jeunes migrants, les débuts ont été marqués par la précarité et de nombreux déboires.
La vie était compliquée, très compliquée dans mon pays. J'ai quitté la Guinée pour protéger ma fille de l'excision. J'ai été excisée lorsque j'étais enfant. Je ne voulais pas qu'elle subisse la même souffrance.
Pour Zenab et ses camarades, cette formation va leur permettre non seulement d'augmenter leur chance de trouver un emploi mais aussi de leur donner un sentiment de fierté retrouvée.
Mon rêve était de devenir infirmière. Grâce à la Croix-Rouge, je vais le réaliser.
Après quelques mois de formation, les apprenants ont déjà pu démarrer leur premier stage dans les principaux hôpitaux de Rabat.
« J'ai découvert cette formation grâce à une concitoyenne. Jusqu'à présent, les choses se passent plutôt bien. On comprend les explications fournies par les professeurs et on apprend de nouvelles choses » nous dit encore Zenab.
Comme elle, ce sont 20 ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne qui bénéficient de cette formation, d'une durée d'un an et couronnée d'un diplôme professionnel.
La migration est un phénomène complexe, aux causes multiples et variées. Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils quittent leur pays, les migrants peuvent se retrouver en situation d'extrême vulnérabilité à un moment ou à un autre de leur voyage.
Grâce à leur présence le long des routes migratoires, le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s'efforcent depuis plusieurs années de répondre aux besoins humanitaires des migrants.