République centrafricaine : appui du CICR aux familles des personnes disparues
Les évènements de 2013 ont bouleversé la vie de nombreuses familles en République centrafricaine. Fuyant le conflit, des familles se sont dispersées, cherchant refuge dans d’autres provinces ou pays voisins. Depuis, certaines personnes ont essayé de retrouver leurs proches en faisant appel au CICR et à la Croix-Rouge centrafricaine. En vain parfois, des familles restent ainsi sans nouvelles de leurs proches depuis plusieurs années. Ces personnes disparues sont pères, mères ou enfants, mais ce sont le plus souvent des hommes, chefs de famille qui étaient les principales sources de revenus du foyer.
Depuis quelques années le CICR en Centrafrique travaille avec une trentaine de familles dont les proches ont disparu pour leur apporter soutien et assistance. En effet, l’angoisse et l’incertitude de ne pas savoir ce que sont devenus leurs proches minent ces familles. Pour alléger leur souffrance et les aider à la surmonter, nous accompagnons les plus vulnérables d’entre elles. Pour leur permettre de vivre décemment, nous leur avons remis une somme d’argent et les avons formées sur le marketing dans le cadre de notre programme d’appui aux activités génératrices de revenus. Ces familles vivent à Bangui et Boda où est pour l’instant mené ce type d’activités.
C’est le cas de Floride, mère de 3 enfants, qui n’a plus eu de nouvelles de son mari depuis 2013. Avec sa boutique remplie de produits d’alimentation, elle parvient à subvenir aux besoins de ses enfants.
« Je n’ai absolument personne pour m’épauler, grâce à cette aide et aux formations reçues sur la gestion du marketing, je me suis lancée dans le commerce en commençant par cette petite boutique que je compte agrandir au fil du temps », a-t-elle témoigné.
« Aujourd’hui, je suis soulagée moralement. Le fait d’être occupée à réfléchir sur comment développer mon commerce me fait oublier tous les soucis et les pleurs qui m’habitaient. Mes enfants sont aussi bien portants et heureux. La tristesse nous a quittés. », ajoute Floride.
Comme Floride, certains bénéficiaires se sont lancés dans de petits commerces vendant des articles de première nécessité comme le sel, le savon, l’huile, le sucre et d’autres ont opté pour la fabrication et la vente de certains produits comme des gâteaux.
À Boda, dans la préfecture de la Lobaye, Habiba commerçante a fui son village à Boganagone en 2013, lors d’une attaque pendant laquelle son frère a fui lui aussi. Il n’est plus revenu et les recherches pour le localiser ont été infructueuses. Il a laissé derrière lui sa femme et son fils.
Aujourd’hui, elle est la seule à soutenir sa famille et à s’occuper du fils de son unique frère disparu. « Le bénéfice de ce commerce me permet de prendre soin de la famille, et de pouvoir m’occuper de mon neveu. Cette activité occupe maintenant ma pensée. Je m’efforce de faire fructifier mon commerce, car l’argent me permettra de scolariser mon neveu ».
Le 30 août de chaque année, le monde marque la journée internationale des personnes disparues. En Centrafrique, nous souhaitons attirer l’attention sur la situation et les besoins des familles qui ont un proche disparu.
C’est aussi l’occasion pour Lidwine, âgée de 45 ans, mère de 8 enfants de lancer un appel aux autorités centrafricaines : elle ignore ce qu’est advenu à son quatrième fils dont elle est sans nouvelle depuis le 3 avril 2019. Âgé de 18 ans, il était conducteur de taxi-moto.
« Mon fils est parti sans revenir. Nous l’avons cherché en vain partout même en province, hors du pays. Son père s’est divorcé d’avec moi après sa disparition. Je me retrouve toute seule abandonnée à moi-même engloutie dans mes interminables soucis. », raconte-t-elle en pleurant.
Le nombre de personnes disparues a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie en raison des conflits armés, de la violence et des migrations.
En 2021, le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont enregistré plus de 16 000 nouveaux cas de disparition en Afrique, portant le nombre total de personnes disparues à 64 000. Au cours de la même période, plus de 4 200 personnes disparues ont été localisées. Ces chiffres ne représentent qu’une infime part d’une vaste tragédie humanitaire dont on parle peu.
La Journée internationale des personnes disparues nous rappelle que derrière chaque personne disparue, il y a une famille qui cherche un être cher.