République centrafricaine : "Nous sommes déterminés à porter secours malgré les difficultés"
Depuis le 7 octobre, la capitale centrafricaine est le théâtre d’affrontements et de vives tensions. Jean-François Sangsue, chef de la délégation du CICR à Bangui, fait le point sur la situation humanitaire dans le pays et sur les difficultés auxquelles le CICR et les équipes de la Croix Rouge doivent faire face en matière de sécurité.
Quelle est la situation aujourd’hui à Bangui ?
Après plusieurs jours de violence, la sécurité est très précaire dans les rues de Bangui. La capitale est en proie à une spirale de violence sur fond de contestation politique et d’anarchie opportuniste. La tension est palpable et des rumeurs de toute sorte se propagent. Depuis une semaine, les habitants de Bangui sont pour beaucoup contraints de se déplacer à pied pour leurs occupations habituelles. Certaines routes sont bloquées par des hommes armés, ou encore par des barricades. Nous n’avons pas de chiffres précis mais plusieurs milliers de personnes auraient quitté leurs maisons pour un site de déplacés au sud de la ville, considéré plus sûr. Des affrontements ont également eu lieu à Dekoa, dans l’est du pays, ainsi qu’à Bouar, à l’ouest.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés depuis quelques jours ?
Les équipes de la Croix-Rouge centrafricaine ont été prises à partie au tout début de cette nouvelle vague de violence. Elles ne peuvent plus ni circuler, ni ramasser les corps des victimes, ni évacuer les blessés. Elles ne sont d’ailleurs pas les seules à souffrir de cette restriction de mouvement que subissent tous ceux qui œuvrent en faveur des victimes du conflit, comme les équipes médicales et humanitaires. Mais ces difficultés et l’insécurité dans certains quartiers n’a pas entamé notre détermination à venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin comme les blessés en attente de traitement chirurgical ou les personnes déplacées qui ont besoin d’eau.
Dès lundi, notre équipe chirurgicale a pu à nouveau prendre en charge des blessés à l’hôpital communautaire de Bangui. La confiance envers la Croix-Rouge dont les Centrafricains font preuve depuis des années doit néanmoins être renforcée. Que ce soit par des rencontres bilatérales, des textos envoyés à la population ou des émissions de radio, nous appelons l’ensemble de la population et tous ceux qui portent une arme à laisser passer et travailler les équipes de la Croix-Rouge. Notre rôle est fondamental : protéger la vie et la dignité de toute personne, quelle que soit sa nationalité ou son appartenance religieuse ou politique. Notre seul but est d'agir là où la détresse est la plus criante.
CC BY-NC-ND/ICRC
Qu’avez-vous pu faire malgré ces contraintes ?
Depuis la nouvelle flambée de violence qui a éclaté le 7 octobre dernier, plus de 37 blessés ont été traités par les équipes centrafricaines de l’hôpital communautaire de Bangui et 28 autres patients pris en charge. Les ingénieurs hydrauliciens du CICR ont également supervisé à distance la construction d’un réservoir de 70 000 litres qui a été connecté au réseau de la ville pour assurer l’approvisionnement en eau potable du site de personnes déplacées de Mpoko. Ils apportent également leur soutien aux travaux d’entretien du réseau d’eau en vue d’éviter des ruptures de l’approvisionnement dans cette situation de crise. Dans le reste du pays, l’action humanitaire se poursuit aussi. À Kaga Bandoro, une trentaine de blessés ont été admis à l’hôpital de la ville depuis vendredi, Seize d’entre eux ont été transférés de Dekoa par le CICR le dimanche 12 octobre et pris en charge par nos équipes à l’hôpital de Kaga Bandoro. Et à Ndélé et Bambari, les équipes du CICR poursuivent leurs activités sans difficultés additionnelles.