Article

Sénégal : « Je refuse d’abandonner l’espoir de revoir mon fils vivant »

Au quotidien, au Sénégal comme ailleurs, des familles entières vivent avec la douleur de ne pas savoir ce qu’il est advenu de leurs proches partis sur les routes migratoires.

C'est le cas d'un père qui cherche son fils depuis 20 ans et qui refuse d'abandonner l'espoir de le revoir vivant. Il passe des nuits blanches et elles détériorent sa santé mentale. À 74 ans, il vend sa marchandise dans les rues pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, compris l'épouse et les trois enfants de son fils disparu.

Cette histoire est aussi celle d'une mère. En plus de s'endetter en consultant des marabouts pour élucider le sort de son fils disparu, elle aussi vit dans l'incertitude et ne peut pas faire son deuil.

Au Sénégal, comme dans les pays de transit et de destination, un nombre alarmant de migrants disparaissent chaque année. Ces disparitions constituent indéniablement une tragique conséquence humanitaire. Des milliers de personnes en souffrent. Beaucoup de ces familles en recherche d'un être cher font face à des difficultés psychosociales, administratives, juridiques et économiques liées à la disparition.

Le CICR, en collaboration avec les Croix-Rouge nationales, aide les familles de migrants disparus à clarifier le sort de leur être cher, à rétablir le contact avec leurs proches et à faire face aux difficultés liées à la disparition d'un migrant.

 

Le Sénégal porte déjà un grand intérêt sur la question de la migration. En mai 2022, il faisait partie des 13 États africains qui se sont réunis à Tunis dans le cadre de la réunion interétatique d'Afrique du Nord et de l'Ouest pour « développer une approche commune sur les migrants disparus le long des routes migratoires ».

Cette rencontre a été organisée conjointement par la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) et le Comité international de la Croix-Rouge. Les États présents et les parties prenantes ont reconnu le besoin de faire connaître plus largement la problématique des migrants disparus, y compris les besoins multidimensionnels de leurs familles.

Ils se sont accordés sur le besoin de renforcer les efforts communs visant à prévenir et à résoudre les cas de migrants et réfugiés disparus, avec le soutien technique des organisations humanitaires, pour partager les bonnes pratiques et faciliter la coopération entre États, familles de migrants et acteurs de la société civile.

 

Le CICR reste déterminé à œuvrer en faveur du maintien des liens familiaux dans le cadre de la migration. De plus, il se tient prêt à fournir son expertise technique et juridique pour aider à élucider le sort des personnes disparues, les retrouver, ainsi qu'à soutenir leur famille.

Quelques chiffre du travail ave les familles de migrants disparus au Sénégal :

  • 130 volontaires de la CRS, des communautés et des membres de familles formés pour accompagner les familles
  • 1 992 personnes sensibilisées et informées sur les problématiques des familles des migrants disparus
  • 607 familles (1183 adultes et 376 enfants) ayant bénéficié des services du programme FMD
  • Plus de 800 familles bénéficient du service de Rétablissement des Liens Familiaux pour la recherche de leurs membres de familles disparus.