Juba (CICR) – À la suite de la décision d'allonger la période transitoire de 100 jours, la paix et la stabilité sont plus que jamais nécessaires pour soulager les souffrances de millions de Soudanais du Sud. Si aucune solution politique n'est trouvée et si la violence doit de nouveau atteindre des niveaux élevés dans le pays, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) considérera le sort de ces personnes comme hautement préoccupant.
« Les Soudanais du Sud ont besoin de se sentir en sécurité. Ils vivent dans l'incertitude permanente. Des millions d'entre eux n'ont que des ressources limitées pour survivre. Si la situation se détériore, ils pourront perdre le peu qu'il leur reste », indique James Reynolds, chef de la délégation du CICR au Soudan du Sud.
Après des années de guerre et de violence, une grande partie du Soudan du Sud connaît aujourd'hui une accalmie grâce à l'accord de paix signé en septembre 2018 par les principales parties au conflit. Le CICR a constaté des signes – faibles mais encourageants – d'amélioration dans le pays.
L'accès à l'aide humanitaire a été élargi, l'insécurité alimentaire a légèrement diminué, les familles déplacées rentrent peu à peu chez elles, et certaines zones connaissent une stabilité durable. Le CICR a donc pu interrompre une partie de ses interventions d'urgence dans le domaine alimentaire pour s'orienter vers une approche plus durable en distribuant des semences, des outils et du matériel de pêche.
Bon nombre de Soudanais du Sud craignent que la stabilité précaire qu'ils connaissent actuellement ne soit de courte durée et que le conflit n'éclate de nouveau. En outre, de graves inondations survenues récemment ont mis en danger une grande partie de la population. L'accès à ces communautés étant déjà complexe, une reprise des combats pourrait plonger le pays dans une crise humanitaire dont l'ampleur reste inconnue.
Point positif néanmoins, cette année, un nombre croissant de Soudanais du Sud sont rentrés chez eux – d'une part à cause des tensions politiques dans les communautés de réfugiés, d'autre part en raison d'espoirs de paix plus réels. Mais leur situation reste très préoccupante.
« J'ai décidé de revenir dans mon pays en raison des tensions politiques qui règnent au Soudan, et j'ai entendu dire que la paix va être instaurée ici », explique Nyami, une Soudanaise du Sud résidant à Bentiu. « Depuis que je suis arrivée, ma mère nous héberge, mes enfants et moi. Nous vivons tous ensemble dans un tukul. C'est difficile, nous sommes entassés, mais je n'ai pas d'autre choix. »
Dans de nombreux cas, les personnes qui rentrent chez elles ont retrouvé leur maison pillée ou détruite et doivent s'appuyer sur leurs proches et l'aide humanitaire pour survivre. Edina Augustino, de retour à Yei après trois ans en Ouganda, raconte : « Nous avons considérablement souffert et nous voulons tous rentrer au Soudan du Sud. Rester dans un pays étranger ne nous convient pas. »
Les civils paient le plus lourd tribut au conflit. En cas de recrudescence des violences, il est essentiel que toutes les parties s'abstiennent de lancer des attaques à leur encontre et qu'elles respectent davantage le droit international humanitaire. Le CICR poursuivra ses opérations humanitaires visant à répondre aux besoins des communautés les plus touchées dans tout le Soudan du Sud.
pour plus d'information :
Florian Seriex, CICR Juba, +211 912 360 038, fseriex@icrc.org
Crystal Wells, CICR Nairobi, +254 716 897 265, cwells@icrc.org