Soudan du Sud : seul un accord de paix définitif mettra fin à la tactique de la terre brûlée et aux souffrances des civils
Genève (CICR) – La signature d'un accord de paix entre les parties en guerre au Soudan du Sud laisse espérer qu'une solution durable peut être trouvée à ce conflit qui a déjà durement éprouvé des millions de civils.
« Il est important que la solution politique à laquelle aboutiront les négociations en cours prenne en compte les besoins quotidiens des civils sud-soudanais, en particulier des groupes marginalisés tels que les femmes », déclare Dominik Stillhart, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
« Le coût humain de ces cinq années de conflit ininterrompu est tel que le pays se trouve face à une véritable catastrophe humanitaire. Ce n'est pas une hyperbole, mais la réalité », ajoute M. Stillhart, qui était la semaine dernière au Soudan du Sud pour s'entretenir avec des habitants et faire le point sur les opérations menées sur place par le CICR.
Les civils ne devraient pas être les principales victimes des conflits, et pourtant, au Soudan du Sud, ce sont souvent les premiers touchés. À ce jour (pour l'année 2018), 69 enfants et 47 femmes blessés par arme ont été pris en charge dans des hôpitaux soutenus par le CICR. À cause du conflit, des dizaines de milliers d'enfants sont privés d'école et beaucoup ont été séparés de leurs parents.
Les femmes paient un tribut particulièrement lourd. Contraintes de fuir avec leurs enfants, elles doivent assurer seules la survie de leur famille et se battre quotidiennement pour trouver de la nourriture. Des milliers d'entre elles ont été victimes de viol ou d'autres agressions sexuelles. Vivement préoccupé par leur sort, le CICR appelle toutes les parties prenantes à faire en sorte que l'accord en cours de négociation prenne en compte les besoins spécifiques des femmes et aussi d'autres groupes marginalisés.
« En l'absence d'un cessez-le-feu, il y a fort à craindre que la tactique de la terre brûlée dont nous avons été témoins ces cinq dernières années se poursuivra, au mépris du droit international humanitaire et des civils qu'il protège, met en garde M. Stillhart. Les organisations humanitaires peuvent apporter des secours, mais elles n'ont pas le pouvoir de mettre fin à la violence et aux déplacements massifs de civils – seule une solution politique le peut ».
Faits et chiffres
En 2018, au Soudan du Sud, le CICR a :
- distribué 29 700 rations alimentaires pour un mois à plus de 223 000 personnes (entre janvier et juin), fourni des semences et des outils agricoles à 158 000 personnes et du matériel de pêche à 103 000 personnes ;
- réalisé 1 735 interventions chirurgicales, évacué 316 personnes blessées par suite du conflit, facilité le suivi en consultation de plus de 75 000 patients, amélioré l'accès à l'eau potable pour quelque 273 000 personnes et visité près de 3 600 détenus ;
- facilité, en coopération avec la Croix-Rouge du Soudan du Sud, plus de 29 000 appels téléphoniques entre les membres de familles dispersées, et réuni 33 personnes, dont des enfants, avec leurs familles ;
- formé plus de 1 500 membres des forces armées et près de 1 500 membres des forces de police au droit international humanitaire.
- Le CICR est présent au Soudan depuis 38 ans.
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Erika TOVAR, CICR Juba, tél. : +211 912 170 275