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Tchad : Ilyassa, 14 ans et séparé de sa famille pendant 5 ans

Ilyassa a 14 ans. En 2014, alors qu'il n'avait que 9 ans, sa vie a basculé. Il a dû fuir loin des siens et vivre pendant cinq longues années sans nouvelles et sans soutien de sa famille. Voici son histoire.

Ilyassa est né en République Centrafricaine en 2005. Il vivait à Bogoura, à 60 km de Bangui, avec son oncle Issa qui était son tuteur. Lorsque les violences éclatent en Centrafrique, Ilyassa se retrouve séparé de sa famille et doit fuir pour sauver sa vie. Il n'a que 9 ans. Avec l'aide de son maître d'école Coranique, il trouve refuge au site de Gado, au Cameroun.

Durant ces affrontements, la mère d'Ilyassa a été tuée et son père est introuvable.

Issa, l'oncle d'Ilyassa, avait également fui les affrontements. Sans nouvelles de son neveu, mais dans l'urgence, il a marché pour rejoindre Bangui, laissant tout derrière lui. Après Bangui, il rejoint le Tchad, au site de Maïgama situé au sud du pays. Inquiet pour la vie de son neveu, Issa cherche pendant longtemps à retrouver la trace du petit Ilyassa. Désormais orphelin de mère et sans traces de son père, le petit ne peut compter que sur son oncle.

Nos collègues parlent avec Ilyassa pour avoir ses impressions sur sa nouvelle vie. CC BY-NC-ND / CICR

En mars 2018, Issa fait une demande de recherche auprès du CICR pour retrouver de nombreux membres de sa famille, portés disparus, dont Ilyassa. Après une période de recherches effectuées au Cameroun ainsi qu'au Tchad, Ilyassa a été localisé puis enregistré comme enfant non accompagné par les volontaires de la Croix-Rouge camerounaise à Gado. L'oncle et le neveu ont ainsi pu communiquer et exprimer leur volonté commune de se retrouver.

Le 15 novembre 2018, 9 mois après la demande initiale de recherche effectuée par Issa, Ilyassa retrouve son oncle à Maïgama au sud du Tchad, après 5 jours de voyage depuis le Cameroun en avion puis par la route.

Aujourd'hui, Ilyassa vit en famille. Il soutient son oncle dans son commerce de bétail, en gardant une partie du troupeau. Bien qu'aimant apporter son aide, il souhaite pourtant repartir à l'école. Arrivé bien après la rentrée des classes, il n'a pas pu commencer son année scolaire. Son oncle lui a fait la promesse qu'il ira à l'école à la rentrée prochaine. Une perspective qui enchante l'adolescent.

Ilyassa et son oncle. CC BY-NC-ND / CICR

Dernièrement, Ilyassa a repris contact avec son père qui, lui, est en Centrafrique. Ils se parlent désormais chaque semaine au téléphone, via les services de nos équipes de rétablissement de liens familiaux. Pour le moment, le père estime que son fils est dans un environnement plus stable auprès de son oncle et préfère qu'il reste au Tchad.

Pendant de longues années, Ilyassa était un enfant seul et obligé de se débrouiller pour survivre au quotidien. À présent, c'est un jeune homme qui bénéficie enfin de la chaleur d'un cadre familial. Après cinq années vécues loin des siens, il goûte au bonheur d'être tout simplement un enfant entouré et aimé.

Le service de Rétablissement des liens familiaux (RLF) reste au cœur de la réponse humanitaire du CICR au Tchad. Au cours de l'année 2018, 35 réunifications ont été menées avec des pays limitrophes. Fin 2018, la charge de travail relative aux recherches familiales au Tchad représentait un total de 647 personnes concernées, y compris dans le cadre des demandes de recherche (485) et d'enregistrements d'Enfants Non Accompagnés (162).