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Srebrenica : 30 ans de mémoire, tandis que la recherche des personnes disparues se poursuit pour les familles

ICRC Missing Srebrenica graves images

30 ans se sont déjà écoulés depuis que Srebrenica, une petite ville à l’est de la Bosnie, est devenue le symbole durable d’une tragédie profonde et d’un deuil qui subsiste. En juillet 1995, 8372 personnes ont été tuées et des milliers ont été déplacées. Des centaines de personnes restent disparues. Des emplacements vides leur sont réservés entre les tombes existantes du Mémorial de Srebrenica-Potočari, afin de pouvoir les inhumer aux côtés de leurs proches lorsqu’elles auront été retrouvées et identifiées.

Le 11 juillet 2025, les corps de sept personnes identifiées au cours des douze derniers mois ont ainsi été mis en terre au Centre. Parmi eux, ceux de deux jeunes hommes, Senajid Avdić et Hariz Mujić, qui avaient seulement 19 ans lorsqu’ils ont été tués. Trente ans plus tard, ils seront enterrés côte à côte à Potočari. La personne la plus âgée à être inhumée est Fata Bektić, qui a trouvé la mort à l’âge de 67 ans. Elle est également la seule femme à être enterrée à l’occasion de la cérémonie de cette année.

À mesure que le temps passe, le nombre de personnes identifiées et enterrées diminue inexorablement. Si les corps retrouvés et inhumés chaque année se comptaient avant par centaines, ils seront moins d’une douzaine à Potočari en 2025. La délégation du CICR en Bosnie-Herzégovine est présente depuis 1992, où elle a répondu aux besoins humanitaires pendant le conflit, avant de contribuer à la recherche des personnes disparues après la fin de la guerre. 

Afin d’augmenter les chances de retrouver et d’identifier les personnes disparues, les experts du CICR passent au crible les archives du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux à La Haye, ainsi de nombreuses autres archives internationales depuis 2018. Ces informations, recueillies grâce à un travail essentiel mais minutieux impliquant des milliers de témoignages, de notes militaires et de documents, ont été analysées puis transmises aux autorités compétentes pour soutenir leurs efforts continus de recherche des personnes disparues. 

Le CICR travaille toujours étroitement avec les familles des personnes disparues, qui vivent des souffrances prolongées en ignorant ce qu’il est advenu de leurs proches, tout en étant souvent confrontées à de multiples défis sociaux, psychologiques, juridiques et économiques.

Avec ses partenaires, en particulier la Société de la Croix-Rouge de Bosnie-Herzégovine et de nombreuses associations de familles, le CICR fournit un soutien psychosocial aux familles, défend leur droit de savoir et sensibilise à leurs besoins, en Bosnie-Herzégovine comme dans le reste des Balkans occidentaux.

Au total, plus de 9600 personnes demeurent portées disparues depuis les conflits qui ont déchiré la région dans les années 1990, dont plus de 7600 rien qu’en Bosnie-Herzégovine d’après l’Institut des personnes disparues de Bosnie-Herzégovine.

Il est facile de céder au désespoir devant ces chiffres. Mais n’oublions pas les individus. N’oublions pas ceux et celles, à Srebrenica ou ailleurs, qui furent jadis aimés et bercés, et qui un jour ont nourri des espoirs et des rêves pour l’avenir. Un avenir qui leur fut brutalement arraché.

En mémoire des neuf employés du CICR tués à Srebrenica il y a 30 ans

Plus de 8000 habitants de Srebrenica sont morts en juillet 1995. Neuf de nos collègues se trouvaient parmi eux. Leurs dépouilles ont été identifiées après avoir été exhumées de fosses communes ces dernières décennies. Aujourd’hui, nous les gardons en mémoire et leur rendons hommage, en joignant notre peine à toutes celles et tous ceux qui pleurent leurs proches.

  • Bajro Buljubašić, exhumé d’une fosse commune  ; identifié le 8 juin 2011.
  • Mevludin Džanić, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 15 mai 2006.
  • Samir Halilović, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 24 mars 2005.
  • Džemail Haskić, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 27 août 2009.
  • Rudolf Hren, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 13 novembre 2009.
  • Salko Hublić, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 8 février 2005.
  • Muhamed Mehanović, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 8 mars 2005.
  • Ahmo Mujić, exhumé d’une fosse commune  ; identifié le 29 juin 2010.
  • Husein Šabanović, exhumé d’une fosse commune ; identifié le 13 mai 2008. 

Ils reposent aujourd’hui au Mémorial de Srebrenica.