Visa d’or humanitaire du CICR : Saher Alghorra récompensé pour son photoreportage sur les civils à Gaza

Intitulé We Have No Escape (Sans Issue), le reportage de Saher Alghorra documente la vie quotidienne de la population prise au piège d’un conflit d’une violence inédite depuis octobre 2023. Pendant plus de 17 mois, Saher Alghorra a capturé les scènes de survie, de douleur mais aussi de résilience, au plus près des familles.

« Recevoir le Visa d’or humanitaire du CICR signifie que ce que nous vivons n’est pas ignoré. Cela reflète l’engagement constant du CICR et du festival Visa pour l’Image à mettre en lumière cette tragédie humanitaire. Je suis profondément reconnaissant pour ce soutien », a déclaré Saher Alghorra à l’annonce de sa nomination en tant que lauréat du prix.

Pour Pierre Haski, président de Reporters sans frontières et membre du jury, « on prend certaines photos comme un coup de poing tellement elles sont fortes et tragiques à la fois ». Il souligne également la portée symbolique de ce travail réalisé dans un territoire aujourd’hui fermé aux journalistes étrangers :

« À travers ce photographe, c’est un hommage à tous ceux qui, à Gaza, nous permettent de suivre ce qui s’y passe au péril de leur vie. Rappelons que des dizaines et des dizaines de journalistes et photographes palestiniens ont trouvé la mort depuis 20 mois. »

Cette 15ème édition du Visa d’or humanitaire du CICR s’est distinguée par la diversité et la qualité des reportages en compétition. Haïti, Syrie, Ukraine, Soudan, République démocratique du Congo… autant de contextes où les civils continuent de payer le prix fort des conflits armés. Face à ces récits puissants venus des quatre coins du monde, le jury – composé de professionnels de la photographie, des médias et de l’action humanitaire – a souligné la richesse des propositions, rendant la sélection encore plus exigeante.

Dans cette pluralité de regards, le travail de Saher Alghorra s’est néanmoins imposé par sa force narrative, sa sensibilité visuelle et son engagement de terrain.

Pour Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, le choix du lauréat s’est imposé par « la grande qualité photographique et l’amplitude du reportage », saluant une « richesse iconographique de premier ordre ». 

Il a particulièrement apprécié la manière dont le photographe parvient à humaniser les sujets, soulignant ainsi un enjeu fondamental pour le Mouvement de la Croix-Rouge : « redire le traumatisme que cette guerre inflige à la personne humaine. »

« Le plus difficile en photo, c’est de se rapprocher du sujet. Là, il y parvient, avec une justesse incroyable. Il capte des scènes de douleur extrême, mais on a l’impression qu’il n’est pas là » commente Benoît Beaume, cofondateur et président du magazine de photographie Fisheye. « Il parvient à créer un univers graphique cohérent, alternant des plans très intimes d’une grande force émotionnelle et d’autres plus larges, presque paysagers, qui offrent un éclairage saisissant sur la situation, comme cette photo au bord de la mer qui résume bien l’enfermement des civils. »

Saher Alghorra recevra officiellement le Visa d’or humanitaire du CICR, doté de 8 000 euros, le 3 septembre prochain à Perpignan, lors du festival Visa pour l’Image. Son photoreportage sera exposé pendant toute la durée du festival, avant d’être présenté à Paris du 27 novembre 2025 au 31 janvier 2026, dans la galerie Fait & Cause.