« Nous sommes actuellement confrontés à de graves pénuries alimentaires », indique Modu Umar, un dirigeant communautaire de Dikwa. Il ajoute que certaines familles sont forcées de parcourir chaque jour de longues distances à pied pour ramasser du bois de chauffage, qu’elles vendent ensuite pour acheter de la nourriture. « L’agriculture est la seule solution à la faim. »
Dans certaines communautés, l’insécurité limite considérablement les déplacements des agriculteurs. « Certains doivent marcher trois heures pour atteindre leurs champs », raconte Churi Ibrahim, un cultivateur de 70 ans originaire de Gajibo. « Quand vous arrivez sur place, vous êtes déjà épuisé, et vous ne rentrez chez vous que tard le soir. »
Mais les agriculteurs persévèrent malgré les difficultés. « Même quand on a peur, il faut y aller », dit Bintu Konto, mère de cinq enfants, « car qui ne cultive pas pendant la saison des pluies n’aura rien à manger. »
La pression monte au début de la période de soudure, à mesure que les réserves diminuent. « C’est à cette période que les gens doivent commencer à acheter de la nourriture, mais beaucoup de familles touchées par le conflit n’en ont pas les moyens », explique Diana Japaridze, cheffe du bureau du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Maiduguri. « Elles doivent alors réduire drastiquement leur consommation alimentaire. »
L’insécurité alimentaire exacerbe également la malnutrition, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes ou allaitantes. Pour lutter contre ce phénomène, le CICR soutient des centres de stabilisation alimentaire, ainsi que des projets d’éducation communautaire destinés à aider les familles à s’occuper au mieux des enfants vulnérables.
Afin de relever ces défis et de promouvoir la résilience à long terme, le CICR a lancé un programme de soutien aux agriculteurs pendant la saison des pluies et la saison sèche. Cette année, plus de 21 000 familles ont reçu des semences adaptées aux conditions locales, ainsi que des outils qui réduiront leur charge de travail et amélioreront l’efficacité des cultures.
L’aide fournie comprend à la fois des céréales, telles que le riz et le maïs, et des légumes, comme la tomate et le gombo, permettant une plus grande diversité alimentaire et une meilleure valeur nutritionnelle. Les agriculteurs sont aussi formés à des pratiques agricoles durables, ce qui contribue à renforcer les capacités locales ainsi qu’à garantir le maintien de ces pratiques même après le départ du CICR.
Au niveau systémique, et en partenariat avec le Conseil national des semences agricoles, le CICR a récemment remis en état une source d’eau essentielle, assurant ainsi un accès continu à l’eau pour les installations de test et les serres du Conseil.
Mais la période de soudure, en particulier, reste une épreuve pour les nombreux agriculteurs qui ne parviennent pas à produire suffisamment de nourriture pour leurs proches.
« Les familles nombreuses comme la mienne n’ont parfois même pas un repas par jour », témoigne Churi Ibrahim.
Vous trouverez des vidéos et du contenu multimédia sur ce sujet sur le site Video Newsroom du CICR.
*Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
À propos du CICR
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une organisation neutre, impartiale et indépendante dont le mandat strictement humanitaire découle des Conventions de Genève de 1949. Il porte assistance aux personnes touchées par un conflit armé ou d’autres situations de violence partout dans le monde, mettant tout en œuvre pour améliorer leur sort et protéger leur vie et leur dignité, souvent en collaboration avec ses partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Informations complémentaires :
Aliyu Dawobe (anglais/haoussa), CICR Damaturu, +234 803 953 4881, adawobe@icrc.org
Khatija Nxedlana (anglais), CICR Maiduguri, +234 703 5954 4168, knxedlana@icrc.org