Kinshasa (CICR) – La poursuite des affrontements armés dans plusieurs zones du Sud-Kivu continue de faire des victimes et de jeter des milliers de familles dépourvues de tout sur les routes de l’exode. Qu’elles aient fuient dans d’autres zones de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ou dans des pays voisins, nombreuses n’ont plus de contacts avec leurs proches, perdus durant leur fuite. Les équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et celles des Croix-Rouge de la RDC, du Burundi et du Rwanda s’activent pour faciliter le rétablissement des contacts familiaux mais aussi la prise en charge médicale des blessés.
Dans la ville d’Uvira, province du Sud-Kivu, la vie commence petit à petit à reprendre son cours. En revanche, les combats se sont poursuivis, ces derniers jours, dans d’autres territoires, comme ceux de Mwenga et Fizi, avec leur lot de blessés et de déplacés parmi la population civile.
« Entre le 2 et le 16 décembre 2025, l’Hôpital Général de Référence de Fizi, soutenu par le CICR, a reçu près de 20 blessés par armes dont la majorité a été accueillie après les récents combats dans le territoire de Fizi. En parallèle, plus d’une quarantaine d’autres blessés, tous des civils, sont encore hospitalisés à l’Hôpital Général de Référence d’Uvira, portant le nombre de blessés pris en charge à plus de 100 depuis le 2 décembre », explique Moussa Badji, coordinateur médical du CICR en RDC.
Le CICR a en outre apporté un support logistique et en matériel à la Croix-Rouge de la RDC pour la gestion des dépouilles mortelles dans la ville d’Uvira et sur la plaine de la Ruzizi où des enterrements dignes et sécurisés ont pu être réalisés depuis le 11 décembre 2025.
Evacuation Médical Uvira. Photo: CICR
Des espaces de vie contaminés par les armes
Les affrontements armés ont entraîné une importante contamination par les armes, notamment sur l’axe Kamanyola–Uvira où les combats ont été parmi les plus violents, impliquant l’utilisation d’artillerie et d’armes explosives par les différentes parties. Une quantité importante de munitions non explosées ou abandonnées dans les zones qui ont été témoins d’affrontements, particulièrement dans les localités de Luvungi et Sange, dans le territoire d’Uvira.
« La présence des restes explosifs de guerre, que ce soient des munitions non explosées ou abandonnées, représente un danger important pour les populations. Nous sommes préoccupés par le danger immédiat de ces engins avec le retour progressif de certains déplacés dans leurs villages et maisons », s’inquiète Marwan Nadim, expert du CICR pour la prévention des risques liés à la contamination par les armes.
Il est essentiel de sensibiliser les populations sur les risques liés aux engins explosifs et la nécessité d’adopter des comportements sûrs pour prévenir les accidents. En vertu du droit international humanitaire, les parties au conflit doivent prendre les mesures pertinentes pour limiter l’exposition des populations civiles et les protéger des munitions qui peuvent constituer un danger pour elles.
Déplacés en quête de sécurité
Les affrontements et les tensions dans plusieurs zones du Sud-Kivu ont poussé, ces dernières semaines, plusieurs milliers de familles à fuir pour rejoindre des lieux moins affectés, notamment dans certaines agglomérations des territoires de Baraka et Fizi, au Sud-Kivu. D’autres mouvements de populations ont été observés à Kalemie, dans la province voisine du Tanganyika.
« Si certaines familles regagnent petit à petit leurs maisons, dans les zones où on observe une relative accalmie, beaucoup d’autres restent encore déplacées et continuent de fuir. Elles sont obligées de tout abandonner pour trouver un refuge », explique Valeria Caccavo, responsable du CICR pour le Sud-Kivu. « Des organisations locales nous rapportent, par exemple, que des populations sont contraintes d'emprunter des voies extrêmement dangereuses, au péril de leur vie pour traverser le lac Tanganyika afin de se mettre à l’abri de combats vers le Burundi notamment », note Caccavo.
Les Nations Unies estiment à près de 500 000 le nombre de personnes en mouvement au Sud-Kivu depuis le 2 décembre 2025.
Déplacés dans des conditions précaires
Au Burundi, des milliers de personnes déplacées sont arrivées depuis la RDC démunies de tout, alors que la réponse humanitaire est loin d’être à la hauteur des besoins.
« Nous n’avons ni eau, ni nourriture, ni abri. Nous dormons à même le sol. Nous nous soulageons dans les herbes qui nous entourent parce que nous n’avons pas de latrines », témoigne Chantal Bisimwa, arrivée au Burundi.
Avec la saison des pluies en cours, l’infestation des moustiques, le manque d’infrastructures d’hygiène et de structures médicales de proximité pourraient rapidement aggraver les risques sanitaires dans ces zones déjà affectées par l’épidémie de choléra.
« Les conditions de vie des réfugiés sont extrêmement précaires. Il y a un besoin urgent en abris, nourriture ainsi que d’accès à l’eau potable et à l’hygiène », déplore Kedir Awol Omar, chef de la délégation régionale du CICR pour le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, arrivé cette semaine à Bujumbura pour rencontrer les autorités et discuter de la réponse humanitaire.
Les volontaires de la Croix-Rouge du Burundi (CRB) supervisent la distribution d’eau grâce à un camion-citerne dans la localité de Buganda, au nord-ouest du pays. Les volontaires s’occupent aussi de la désinfection des lieux d’accueil afin de détruire ou repousser les insectes nuisibles dans ces sites où beaucoup ne disposent pas d’abri adéquat pour passer la nuit.
Depuis le 2 décembre 2025, les équipes du CICR et les volontaires de la CRB ont également mis en place un dispositif de réponse qui permet aux milliers de déplacés d’entrer en contact avec les membres de leurs familles. Ainsi, 11 enfants non accompagnés ont été réunifiés avec leurs proches et plus de 1 000 appels téléphoniques ont été facilités entre les déplacés et leurs proches.
Le CICR et la Croix-Rouge du Burundi essaient d’apporter une réponse face à l’afflux des réfugiés. Photo: Dieudonné Hakizimana
Actions du CICR depuis le 02 décembre 2025
En RDC :
- Plus de 193 blessés par armes pris en charge du 2 au 16 décembre, dans les hôpitaux le CICR soutien, dont 110 à l’Hôpital General de Référence d’Uvira (HGR), 63 à l’Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu (HPGRB) et 20 à l’Hôpital Général de Référence de Fizi (HGR).
- Donations de plusieurs sets de stabilisation des blessés à l’HGR Uvira et à l’HGR de Fizi.
- Fourniture journalière de repas à tous les blessés par arme hospitalisés ainsi que leurs accompagnants.
- Appui à la Croix-Rouge de la RDC pour la gestion ainsi que l’enterrement digne et sécurisé des dépouilles mortelles.
- Donation de 3 000 litres de carburant dont 1 000 à l’HGR d’Uvira et 2 000 à la régie de distribution d’eau.
- Accompagnement en tant qu’intermédiaire neutre au personnel de la compagnie d’électricité pour rétablir le courant dans la ville de Uvira.
Au Burundi :
- Entre le 9 et le 15 décembre, plus de 1 000 appels téléphoniques ont été passés par des volontaires de la CRB et des équipes du CICR afin de rétablir le contact entre les personnes séparées.
- Les équipes de la CRB et du CICR ont facilité la réunification de 11 enfants non accompagnés avec leurs familles.
- Un camion-citerne d'une capacité de 20 000 litres d'eau potable a été mis à disposition pour les centres de transit de Cishemere et Kansenga, dans la commune de Bukinanyana, au nord-ouest du Burundi.
- Un soutien financier a été apporté à la CRB afin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables arrivées de la RDC.
Au Rwanda :
- Les équipes de la Croix-Rouge Rwandaise et du CICR ont effectué près de 400 appels téléphoniques d'urgence dans le but de rétablir le contact entre les membres de familles séparées.
À propos du CICR
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une organisation neutre, impartiale et indépendante dont le mandat strictement humanitaire découle des Conventions de Genève de 1949. Il porte assistance aux personnes touchées par un conflit armé ou d’autres situations de violence partout dans le monde, mettant tout en œuvre pour améliorer leur sort et protéger leur vie et leur dignité, souvent en collaboration avec ses partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Informations complémentaires :
Pour visualiser la vidéo CICR sur Uvira et la télécharger en qualité professionnelle, veuillez consulter le site : www.icrcvideonewsroom.org
Contact :
Francine Kongolo, CICR Kinshasa, tel : +243 (0) 81 992 23 28 e-mail fkongolo@icrc.org
Eléonore Asomani, CICR Dakar, tel : +221 78 186 46 87 e-mail easomani@icrc.org
Mateo Jaramillo, CICR Nairobi, tel : +254 716 897 265 e-mail mjaramillo@icrc.org