Bangladesh : le CICR distingué pour son aide aux victimes du conflit de 1971
24-04-2012 Éclairage
Le gouvernement du Bangladesh a rendu hommage au CICR pour son action pendant et après la guerre de 1971. Le Friends of Liberation War Honour a été décerné à 75 personnalités et organisations du monde entier pour leur soutien pendant le conflit et dans la période qui l’a suivi. Compte rendu d’Onchita Shadman, membre du personnel du CICR à Dhaka.
M. François Bugnion, membre de l’Assemblée du CICR, a reçu cette distinction à Dhaka le 27 mars 2012 au nom du Président du CICR Jakob Kellenberger.
Le CICR a mené des activités humanitaires au Bangladesh de 1971 à 1975 pour soulager les souffrances des victimes du conflit, qui a fait des millions de déplacés. Lors d’une conférence de presse tenue le 28 mars, M. Bugnion – lui-même délégué du CICR au Bangladesh de 1973 à 1974 – a évoqué ce qui à l’époque était la plus vaste opération de l’institution.
À la suite de la guerre de 1971, quelque 120 000 Bangladais se sont retrouvés bloqués au Pakistan, principalement des membres du personnel militaire et des fonctionnaires de l’ancien Pakistan oriental et leurs familles, tandis que des milliers d’internés civils et de prisonniers de guerre pakistanais sont restés au Bangladesh. Le 28 août 1973, les gouvernements de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh ont conclu un accord à New Delhi prévoyant le rapatriement de Bangladais depuis le Pakistan et d’internés pakistanais depuis le Bangladesh.
Il a alors été demandé au CICR de procéder à l’enregistrement des personnes qui pouvaient faire l’objet d’un rapatriement au Pakistan ou au Bangladesh. L’institution a ensuite facilité le retour de 118 070 Bangladais au Bangladesh et de 117 727 personnes au Pakistan, une opération qui a duré plusieurs années.
Mahbubul Haq, un officier de l’armée de l’air, servait à Karachi lorsqu’il a été placé en détention puis emmené dans un camp au Pakistan. Il se souvient des conditions difficiles qui régnaient au camp et de l’amélioration de la situation lorsque le CICR a commencé à visité les lieux de détention pour y distribuer des articles de première nécessité.
Comme le service postal bangladais ne desservait pas les camps, le CICR a distribué quelque 2,8 millions de messages Croix-Rouge entre 1972 et 1975, ce qui a permis la réunification de plusieurs centaines de familles. Mahbubul Haq conserve encore précieusement un message Croix-Rouge que ses grands-parents lui avaient envoyé pendant sa détention.
Pendant la crise qui a suivi la guerre, le CICR a lancé une vaste opération de secours avec le soutien de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (à l’époque La Ligue), de 25 Sociétés nationales et de ce qui était alors la Société de la Croix-Rouge du Bangladesh. Grâce à ce programme, de nombreux Bangladais ont vu en la Croix-Rouge un symbole d’espoir. Pendant les cinq années qu’a duré l’opération, les équipes médicales de la Croix-Rouge ont soigné en moyenne 112 000 personnes par an, en particulier des enfants sous-alimentés et des personnes souffrant de la gale.
François Bugnion estime que l’emblème de la croix rouge a contribué à l’acceptation de l’action du CICR au Bangladesh : « Je crois que la croix rouge était perçue comme un symbole de protection. Lorsque le CICR a mis en place une zone neutre à l’Hôtel Sheraton et au Holy Family Hospital, les habitants ont vu ces lieux comme des refuges où ils pourraient être protégés des dangers auxquels ils faisaient face. »
Le 18 avril 1972, le CICR et la Croix-Rouge du Bangladesh ont signé un accord relatif au transfert de la responsabilité de la supervision des secours à la Société nationale, qui est par la suite devenue le Croissant-Rouge du Bangladesh.
« Aujourd’hui, le Croissant-Rouge du Bangladesh reste le principal partenaire opérationnel du CICR au Bangladesh », déclare Christoph Vogt, chef de la délégation du CICR au Bangladesh. « Nous travaillons en étroite coopération avec le Croissant-Rouge du Bangladesh afin de renforcer les capacités de préparation aux catastrophes et d’intervention de la Société nationale, de promouvoir une meilleure compréhension et application des règles et principes du droit international humanitaire et de venir en aide aux personnes touchées par les tensions ou la violence. »