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Irak : le message Croix-Rouge reste le lien vital entre membres d’une même famille

09-10-2003

Dans un quartier délabré de Bagdad, un père a les larmes aux yeux en lisant un message de son fils en captivité. Pour de nombreux Irakiens, les messages Croix-Rouge restent le seul moyen d’entrer en contact avec leurs proches. Ahmed al Rawi, collaborateur du CICR, raconte

 

Father reading RC message     Le père d’Adnan, bouleversé, lit le message écrit par son fils que lui a apporté un membre de la délégation du CICR à Bagdad. (photo : CICR) 
 

La voiture de la Croix-Rouge s’est arrêtée à Abu Adshir, un quartier pauvre de la périphérie de Bagdad où les maisons sont endommagées et décrépies. Des enfants qui pataugeaient dans la boue se sont arrêtés de jouer et des femmes se sont précipitées aux fenêtres, regardant de derrière les rideaux la scène inhabituelle d’une voiture blanche propre s’aventurant dans cette partie de la ville à l’abandon. Les membres de l’équipe du CICR les ont salués et leur ont demandé leur aide pour remettre un message Croix-Rouge à la famille d’Adnan, un jeune Irakien détenu par les forces américaines.

Comme l’adresse figurant sur le message était incomplète, un groupe de jeunes a proposé de chercher la maison d’Adnan. Ayant passé au crible toutes les rues d’Abu Adshir pendant une heure, l’équipe du CICR s’est finalement retrouvée devant la petite maison de la famille d’Adnan. Le père du jeune homme, s’appuyant sur une canne, est sorti pour saluer les visiteurs.

Depuis que le jeune homme avait quitté la maison un soir il y a plusieurs semaines, la famille était sans nouvelles de lui. Pendant 15 jours, le père avait essayé désespérément de retrouver son fils, mais en vain. C’est alors qu’il s’était rendu au bureau du CICR à Bagdad pour demander de l’aide.

Voyant arriver la voiture de la Croix-Rouge, le père a d’abord redouté le pire, imaginant que son fils était blessé ou mort. Ses craintes ont aussitôt disparu, quand il a appris que son fils était sain et sauf mais en détention. Tenant dans ses mains tremblantes le message Croix-Rouge que lui avaient remis les délégués du CICR, il l’a lu les larmes aux yeux et en souriant nerveusement.

Tandis que les voisins se rassemblaient pour voir le message, les collaborateurs du CICR ont été invités à entrer dans la maison et à boire le thé. Et pendant que le père d’Adnan écrivait lentement une réponse à son fils, le chauffeur du CICR, tout sourire, a essayé de le rassurer : « Votre fils va bien, il reviendra à la maison. Il faut juste un peu de patience. »

Depuis le déclenchement des hostilités en Irak, en mars 2003, le CICR a recueilli et distribué plus de 21 640 messages, parmi lesquels 9 500 environ ont été échangés entre des détenus et leur famille.

Conformément à son mandat humanitaire défini par les IIIe et IVe Conventions de Genève, le CICR visite des détenus – prisonniers de guerre et civils – dans tous les grands lieux de détention placés sous l’autorité de la puissance occupante. Les visites de familles à leurs proches détenus ne sont autorisées que dans certaines prisons et certains camps, ce qui signifie que pour de nombreux détenus et leur famille, les messages Croix-Rouge sont la seule possibilité d’envoyer un signe de vie.