Pérou : les cas de tuberculose dans les prisons se multiplient en raison de la surpopulation
07-04-2009 Éclairage
La tuberculose, qui se transmet de personne à personne, se propage facilement au sein des établissements pénitentiaires surpeuplés. Au Pérou, le CICR participe à la formation de promoteurs de la santé chargés de détecter les éventuels cas de transmission, afin de traiter immédiatement les nouveaux malades.
La tuberculose est généralement traitée avec quatre médicaments pris durant 6 à 9 mois. Dans certains cas, des résistances à un médicament en particulier se développent, à cause soit d’un traitement interrompu ou inadéquat, soit d'une transmission directe par une personne ayant elle-même développé une résistance à la maladie. Le traitement usuel n'est alors plus efficace. Deux des médicaments sont considérés comme la « colonne vertébrale » du traitement, parce que ce sont eux qui tuent la bactérie. Lorsqu’il y a des résistances à ces deux médicaments, on parle de tuberculose multirésistante. Ce type de tuberculose peut être soigné, mais cela implique un traitement long, lourd et coûteux. Dans certains cas, les détenus abandonnent leur traitement, en raison des effets secondaires ou des contraintes qu’il occasionne pour être mené à terme.
Ces dernières années, le nombre de nouveaux cas est monté en flèche. « En quatre ans, il a été multiplié par trois », précise le docteur Melgarejo. Rien qu’en 2008, 730 nouveaux cas ont été répertoriés, et on estime à plus de 103 le nombre de nouvelles contaminations au cours des deux premiers mois de 2009.
En 2007, le taux de prévalence, ou de morbidité, au sein de l’établissement pénitentiaire de Lurigancho était 49 fois supérieur au taux national.
Divers programmes et activités ont été mis sur pied dans le but d’éradiquer la maladie. Avec le soutien du CICR et d’autres institutions, des promoteurs de la santé ont été formés. Ils ont pour mission de repérer les personnes qui présentent des symptômes respiratoires et qui donc pourraient être porteuses du bacille de Koch, afin de les diriger immédiatement vers l’infirmerie de l’établissement.
La présence de promoteurs de la santé au sein de l’établissement pénitentiaire de Lurigancho – ils sont au nombre de 30, à temps complet – et l’augmentation du personnel médical, rendue possible grâce au soutien du Fonds mondial, ont contribué à améliorer la détection des cas de tuberculose, ce qui a abouti à une plus grande fiabilité des statistiques.
« Plus on cherche, plus on trouve », déclare le docteur Melgarejo, qui ne cache néanmoins pas une certaine préoccupation. En effet, la courbe de croissance de la maladie ne s’est toujours pas stabilisée à ce jour.
« La tuberculose au sein du pénitencier de Lurigancho est un véritable problème, car l’augmentation du nombre de cas est inquiétante. Or les chiffres ne semblent pas vouloir se stabiliser, ce qui s’explique par de nombreux facteurs. Outre les conditions de surpopulation, l’hygiène de vie joue aussi un rôle, certains détenus étant plus susceptibles de contracter la maladie ou de faire des rechutes, créant des cas de résistance au traitement », précise le fonctionnaire.
L’infirmerie du pénitencier reste en état d’alerte et, conjointement avec les promoteurs de la santé, son personnel se rend deux fois par mois dans les pavillons les plus surpeuplés, où se trouve la population la plus à risque.
« Nous devons nous y rendre à 7 heures du matin, avant que les détenus vaquent à leurs occupations, car c’est justement la population la plus touchée qui se déplace le plus entre les différents pavillons. Aux périodes où nous ne menons pas de campagnes, par exemple au début de l’année, lorsque nous manquons de personnel, on constate que le nombre de tuberculeux est en hausse », souligne le docteur Melgarejo.
L’unité de détention réservée aux personnes atteintes de tuberculose dont dispose l’établissement est insuffisante. Actuellement, 140 malades y sont hospitalisés, alors que les autres reçoivent un traitement ambulatoire.