Irak : le CICR réagit à la situation dans le camp d'Ashraf

18-04-2011 Interview

Le camp d'Ashraf, à 60 km au nord-est de Bagdad, a récemment été le théâtre de violents affrontements qui ont fait plusieurs morts et blessés. Le camp abrite plus de 3 000 Iraniens de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI). Magne Barth, chef de la délégation du CICR en Irak, décrit le rôle et l'intervention de l'institution.

Que s'est-il passé durant les affrontements qui ont eu lieu dans le camp d'Ashraf ? Comment se présente la situation actuelle ?  

Au cours des affrontements qui ont éclaté le 8 avril entre les forces irakiennes et des Iraniens de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) vivant dans le camp d'Ashraf, un certain nombre de personnes ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessées. D'après nos informations, plusieurs victimes ont été transportées à l'hôpital de Baqouba. Ces événements n'ont fait qu'aggraver une situation qui était déjà tendue depuis un certain temps.

Nous appelons toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à respecter le droit applicable. Cela signifie notamment que les normes relatives à l'emploi de la force dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre doivent être respectées par les forces de l'ordre. De plus, la dignité et le bien-être physique de toutes les personnes doivent être préservés en tout temps.

 

Que fait le CICR ?  

Nous suivons de près les derniers événements et concentrons notre attention sur les soins médicaux dispensés aux victimes et l'évacuation des morts et des blessés. Moins de 24 heures après le début des affrontements, le CICR a fourni du matériel pour pansements à l'hôpital de Baqouba, où des victimes ont été conduites. Nous restons en contact étroit avec les responsables de l'hôpital, et si de nouveaux besoins devaient émerger, nous sommes prêts à intervenir.

Aya nt appris que six personnes avaient été arrêtées et emmenées au poste de police de Khalis, des délégués du CICR se sont rendus sur place le 13 avril pour évaluer leurs conditions de détention et le traitement qui leur est réservé, et leur offrir la possibilité de contacter leur famille.

 

Avez-vous des contacts réguliers avec les personnes qui vivent dans le camp d'Ashraf ?       

Le CICR s'était déjà rendu dans le camp d'Ashraf par le passé pour rencontrer les résidents et notamment pour leur proposer d'entrer en contact avec leur famille en Iran ou dans d'autres pays, par le biais de messages Croix-Rouge.

Après les affrontements du 8 avril, des personnes ne vivant pas en Irak et ayant des proches dans le camp d'Ashraf ont pris contact avec le CICR et diverses Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, car elles étaient inquiètes du sort de leurs proches. Nous allons essayer de les aider à obtenir des informations sur les personnes qui ont été prises au milieu des affrontements.

 

Quelles sont les obligations qui incombent aux autorités ?       

Les autorités sont tenues de respecter les droits dont jouissent les résidents d'Ashraf en vertu de la législation nationale et du droit international. Elles doivent notamment veiller à ce que le bien-être physique et mental des résidents soit en tout temps préservé et faire en sorte, dans toute la mesure du possible, que les membres d'une même famille ne soient pas séparés.

En outre, le CICR a régulièrement rappelé au x autorités leur obligation de respecter le « principe de non-refoulement ». Ce principe du droit international interdit à un État de transférer une personne vers un autre État ou une autorité si elle risque de subir des mauvais traitements ou d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques.

Nous avons également rappelé aux autorités leur obligation de garantir aux civils du camp d'Ashraf – comme partout en Irak – l'accès aux biens et services essentiels que sont la nourriture, l'eau et les soins médicaux.