Tadjikistan : le CICR lance un appel pour 9 millions de francs suisses
05-07-1996 Communiqué de presse 96/22
Genève (CICR) - Le CICR a lancé le 5 juillet un appel pour plus de neuf millions de francs suisses, afin de couvrir les besoins croissants des victimes des hostilités au Tadjikistan. L'importance de ce montant reflète l'ampleur du drame qui frappe des dizaines de milliers de personnes touchées par la recrudescence des combats entre les forces gouvernementales et celles de l'opposition, depuis le début de 1996.
En effet, suite à ces affrontements armés, l'opposition a étendu son contrôle sur la région qui sépare la province semi-autonome du Gorno-Badakshan du reste du pays (Tavildara, la vallée de Mionadu et une partie de la vallée de Garm), isolant ainsi de nombreux villages. Démunis de tout, cherchant sécurité et nourriture, près de 15 000 personnes ont déjà fui cette région depuis le début de l'année. Par ailleurs, pendant ces dernières semaines 5 000 personnes ont fui la vallée de Mionadu à travers les montagnes. D'après leurs témoignages, la situation à l'intérieur de cette vallée, qui comptait environ 25 000 habitants, se détériore rapidement. Dans un premier temps, le CICR va acheminer des secours pour 40 000 personnes au total. Cela, afin de poursuivre son action en faveur des personnes nouvellement déplacées et de pouvoir assister, dès que possible, les populations isolées dans les zones auxquelles les délégués n'ont pas encore eu accès, malgré leurs nombreuses requêtes auprès des autorités tadjikes. En outre, pour le cas où la situation s'aggraverait, un stock d'urgence sera constitué à Douchanbé pour nourrir 50 000 personnes supplémentaires pendant deux mois. Enfin, davantage de matériel chirurgical et médical sera distribué pour répondre à des besoins croissants d ans ce domaine. Une économie en chute libre et quatre années de conflit ont mis le sytème médical du pays à l'agonie. À noter que depuis la reprise des combats qui ont fait des centaines de blessés, le CICR a distribué en deux mois les quantités de secours médicaux prévues pour toute l'année 1996.
Par ailleurs, alors que le gouvernement tadjik continue de refuser au CICR l'accès, selon ses modalités traditionnelles, aux personnes détenues en relation avec le conflit, il a en revanche accepté qu'une assistance soit fournie aux prisons du pays, suite à des allégations alarmantes de malnutrition. En attendant les résultats définitifs de l'évaluation du CICR en cours, de la farine et des colis familiaux ont immédiatement été remis à 2 000 détenus sur une population carcérale estimée à plus de 5 000. De l'aide médicale a également été fournie au principal hôpital pénitentiaire.