Myanmar : le CICR est résolu à reprendre la totalité de ses activités dans l'État de Rakhine

24-04-2014 Point sur les activités

Les violences qui ont frappé des organisations humanitaires, notamment le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge du Myanmar, fin mars à Sittwe, ont profondément perturbé les efforts déployés par l’institution pour renforcer le système de soins de santé dans l'État de Rakhine et porter assistance à la communauté musulmane et à la communauté ethnique rakhine, qui ont toutes deux besoin d'aide.

Les violences dont plusieurs organisations humanitaires, parmi lesquelles le CICR et la Croix-Rouge du Myanmar ont été victimes, en mars dernier à Sittwe, n'ont pas permis au CICR de venir en aide à la communauté musulmane et à la communauté rakhine, durement touchées par ces violences communautaires. Jürg Montani, chef de la délégation de Yangon, explique comment ces troubles ont empêché des milliers de personnes d'avoir accès à l'aide humanitaire.

 

En mars, le CICR a ouvert un bureau à Myitkyina, la capitale de l'État de Kachin, dans le nord-est du pays, où des combats sporadiques ont été signalés, et il augmente progressivement l'ampleur et l'étendue de ses activités humanitaires.

État de Rakhine : les communautés ont besoin d'une assistance

La communauté ethnique rakhine et la communauté musulmane, toutes deux touchées par les violences communautaires qui secouent l'État de Rakhine, ont vu leur accès aux services de base, tels que les soins de santé, considérablement se réduire. Les sources de revenus et l'approvisionnement en eau potable, en nourriture et en carburant sont également touchés. Le CICR s’efforce de trouver des solutions pour pallier des problèmes très divers.

« Malgré les tensions, nous sommes déterminés à continuer de soutenir les personnes touchées de part et d’autre de la fracture communautaire dans l'État de Rakhine », explique Jürg Montani, chef de la délégation du CICR au Myanmar. « Nous sommes en contact régulier avec des membres des deux communautés, qui comprennent la mission du CICR, fondée sur les principes d'impartialité et d'indépendance, et renouvellent leur soutien à cette mission. »

Le CICR, en étroite collaboration avec les autorités et la Croix-Rouge du Myanmar, a fourni des services médicaux d’urgence pour évacuer des personnes dont la vie était en danger depuis la flambée des violences communautaires en 2012. Au premier trimestre, à peine plus de 100 patients ont été transportés chaque mois à l'hôpital de Sittwe pour y recevoir des soins. « Malheureusement, la capacité de fonctionnement de ces services et d'autres est réduite depuis l'éclatement des violences en mars. Nous nous tenons prêts à reprendre la totalité de nos activités humanitaires dès que les conditions de sécurité le permettront », poursuit Jürg Montani.

Certaines activités sont menées dans l'État de Rakhine. Des médicaments et des fournitures médicales consommables continuent d'être acheminés au ministère de la Santé pour être redistribués à l'hôpital de Sittwe, à des hôpitaux municipaux et à des dispensaires mobiles. Le CICR prend en charge les frais de transport de plus de 40 sages-femmes, afin qu'elles puissent prodiguer des soins dans les communautés reculées où les services de santé sont limités. L'institution contribue toujours à l'approvisionnement en eau potable des personnes déplacées et des communautés locales à Pauktaw en fournissant du carburant et continue de gérer des installations de pompage d'eau.

En revanche, certaines activités prévues sur le long terme pour améliorer les structures médicales ont dû être suspendues, notamment la réorganisation des systèmes d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'élimination des déchets médicaux dans quatre hôpitaux municipaux.

Des bâtonnets de combustible biodégradables en écorce de riz devraient être distribués à des communautés vivant dans des camps isolés à Pauktaw, en prévision de la saison des pluies imminente – période où il est difficile de trouver du bois de chauffage sec, même en petites quantités. Quand les conditions de sécurité le permettront, ces distributions pourront reprendre, ainsi que les programmes de soutien aux moyens de subsistance, par le biais desquels le CICR distribue des subventions en nature et en espèces à de petites entreprises. Le soutien apporté est fonction du bénéficiaire et peut prendre la forme de matériel de pêche, de bétail, d’un stock d’articles d’épicerie, ou de vélotaxis. On compte jusqu'à 20 000 bénéficiaires à travers le pays.

État de Kachin et autres États dans l'est du pays

Le CICR a lancé une série de projets dans le nord-est du Myanmar afin de renforcer le système de soins de santé.

Des travaux de modernisation ont débuté dans trois hôpitaux situés respectivement à Laiza, Majayan et Bhamo (État de Kachin), qui fournissent des services aux personnes déplacées dans les zones contrôlées et non contrôlées par le gouvernement. Ces travaux consistent à rénover les équipements électriques, les systèmes d’approvisionnement en eau, les installations sanitaires et les systèmes d'élimination des déchets médicaux. En collaboration avec le ministère de la Santé, le CICR a entrepris différentes activités de formation pour renforcer les compétences des professionnels de santé, notamment une série d'ateliers sur le traitement chirurgical des blessures par armes à l’intention de médecins dans les États de Kachin et de Shan.

En outre, le CICR collabore avec les autorités sanitaires de Kachin pour construire et gérer un centre intégré à l'hôpital de Myitkyina, qui proposera des services de pose de membres artificiels et autres aux personnes handicapées physiques vivant dans le nord du Myanmar. Les mines terrestres et les munitions non explosées constituent un grave problème et continuent de faire des victimes dans le pays. À Hpa-An, où la Croix-Rouge du Myanmar dirige un centre de réadaptation physique soutenu par le CICR, plus de 60 % des personnes appareillées sont des victimes de mines.

Visites aux détenus

Depuis début 2014, le CICR a conduit neuf visites de prison dans différentes régions du Myanmar pour évaluer les conditions de détention et le traitement réservé aux détenus, avec l'entière coopération du ministère de l’Intérieur. Le CICR a soutenu les efforts déployés par les autorités pour améliorer le système d'approvisionnement en eau et d'autres installations de base dans huit prisons abritant 15 000 détenus au total.

Des détenus dont la famille vit loin du lieu de détention ont pu recevoir la visite de leurs proches, tandis que d'autres ont eu la possibilité d’envoyer des messages Croix-Rouge.

Informations complémentaires :
Michael O'Brien, CICR Yangon, tél. : +95 9 420 107 606
Ewan Watson, CICR Genève, tél. : +41 79 244 64 70