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Brésil : au vu des rapports faisant état de 79 000 personnes disparues de plus, le CICR recommande aux institutions d’améliorer leur coordination

Ces chiffres viennent de l’Annuaire brésilien de la sécurité publique paru le lundi 19 et tirent à nouveau la sonnette d’alarme sur l’impact humanitaire de ce problème dans le pays.

Brasilia (CICR) – Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est très inquiet au sujet des 79 275 cas de personnes disparues enregistrés en 2019 – soit 217 par jour en moyenne – et considère que ce grave problème humanitaire exige des institutions concernées et de la société une meilleure coordination de leurs efforts.

Ces chiffres, compilés par le Forum brésilien de la sécurité publique (FBSP) qui se sert des données des ministères de la Sécurité publique des États du Brésil, ont paru dans l'Annuaire brésilien de la sécurité publique le lundi 19 octobre. Celui-ci révèle que le nombre demeure élevé, en moyenne plus de 70 000 personnes par an portées disparues depuis 2017, l'année où le FBSP a commencé à recueillir ce genre d'informations à la demande du CICR.

« Il est essentiel d'avoir des informations à jour pour se faire une idée claire de la gravité de ce problème humanitaire, pouvoir agir et apporter des réponses », explique la cheffe de la délégation du CICR au Brésil, Simone Casabianca-Aeschlimann. « Nous savons qu'il existe un nombre important de cas signalés dans des pays comme le Brésil, où il n'y a pas de coordination nationale des efforts déployés pour retrouver la trace des personnes disparues et répondre aux besoins des familles », ajoute-t-elle.


La perte ou la disparition d'un être cher est toujours une expérience dévastatrice. Elle a en outre des conséquences multiples pour les proches – financières, sociales et juridiques – sans parler de l'angoisse qui peut avoir des répercussions sur leur santé physique et mentale.

« Nous voulons aider à jeter des ponts, ici aussi au Brésil. Nous savons qu'il existe de nombreuses initiatives intéressantes et beaucoup de gens qualifiés et engagés face à ce problème. Nous savons que les familles ayant des proches disparus se comptent par milliers et qu'il y a aussi beaucoup de groupes organisés, mais nous remarquons qu'ils travaillent en ordre dispersé ; ce sont comme les pièces détachées d'un puzzle », constate Larissa Leite, cheffe du programme des personnes disparues de la délégation du CICR. « Nous voulons contribuer à faire en sorte que chaque pièce soit valorisée et en relation avec les autres afin que les familles soient plus nombreuses à recevoir de l'aide et à obtenir les réponses qu'elles demandent sur la disparition de leurs proches. »

Le CICR s'efforce d'agir efficacement face au problème des personnes disparues et de répondre aux besoins de leurs familles dans quelque 50 pays. Au Brésil, c'est en 2014 qu'il a entrepris de s'attaquer à ce problème humanitaire, travaillant directement avec des groupes de familles et collaborant avec les autorités nationales et étatiques du Ceará, de Rio de Janeiro et de São Paulo. Il fait des recommandations et met ses connaissances techniques à disposition en vue de l'adoption de politiques propres à faciliter les recherches de personnes disparues, protéger leurs familles et prévenir de nouvelles disparitions.

L'une de ses recommandations concerne la mise en place d'un mécanisme national efficace et participatif qui s'emploie à retrouver les personnes disparues et à rechercher les dépouilles, en cas de décès, en veillant à ce qu'elles soient correctement traitées et identifiées.

Le but est d'obtenir des données exactes sur les personnes disparues et de faire en sorte que les cas soient traités dans le respect d'une politique rigoureuse de protection des données.

Derrière ces statistiques se dissimulent des histoires singulières, comme celle de Vilma Lima de São Paulo, qui est à la recherche de son fils Marcelo depuis des années maintenant. « Il y a des moments où je me sens épuisée et puis d'autres où je me sens forte », admet-elle. Bien qu'elle ait eu de graves problèmes de santé qui ont altéré sa vue, elle n'a jamais cessé de rechercher son fils. Elle trouve en plus la force de prendre soin d'elle-même et d'épauler sa famille. « Je suis très forte quand il s'agit de me battre pour mes enfants et mes petits-enfants. J'ai une énorme force intérieure dans laquelle je puise quand l'un de mes enfants ou de mes petits-enfants a besoin de mon aide. Je suis toujours là pour eux. »

Pour plus d'informations :

Les États ont l'obligation de prévenir les disparitions, de rechercher et de retrouver les personnes portées disparues, de tenir les familles correctement informées à toutes les étapes des recherches et de mettre en place un dispositif complet pour répondre aux besoins des familles.

La pandémie de COVID-19 rend le problème des personnes disparues dans la région plus difficile à résoudre et plus complexe encore. Outre les questions relatives à la bonne gestion des dépouilles pour prévenir de nouvelles disparitions, de nombreuses familles se sont heurtées à des difficultés supplémentaires avec la suspension des recherches due aux restrictions de mouvement imposées dans la plupart des pays et la dégradation de la situation économique.

La loi 13,812 de 2019 définit une personne disparue comme « tout individu dont on ignore où il se trouve, quelle que soit la cause de sa disparition, jusqu'au moment où il est retrouvé et identifié sans l'ombre d'un doute sur la base d'éléments physiques ou scientifiques ».

Pour les rédacteurs

  • Vous pouvez télécharger ici des photos illustrant la question des personnes disparues et de leurs familles. Vous pouvez les utiliser gratuitement mais veuillez en indiquer la provenance en vous référant au document d'identification dans le dossier.
  • Nous pouvons vous ménager des interviews avec des experts du CICR .
  • Nous pouvons aussi vous organiser des interviews avec des proches de personnes disparues.

 

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Diogo Alcântara, CICR, Brasilia, (61) 98248-7600, dalcantara@icrc.org

Sandra Lefcovich, CICR, Brasilia, (61) 98175-1599, slefcovich@icrc.org

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