Irak : le CICR intensifie ses activités pour aider plus de 1,5 million de personnes
Face à l'expansion du conflit en Irak, le CICR intensifie son action humanitaire. Il a ainsi fourni des secours alimentaires et non alimentaires à plus de 1,5 million de personnes depuis janvier.
L'extension du conflit à différentes régions du pays a entraîné une nouvelle vague de déplacements massifs, alors que l'arrivée de la saison des pluies et l'approche de l'hiver rendent la vie des civils irakiens déplacés de plus en plus éprouvante. Face à cette situation, le CICR renforce ses activités. Il se prépare à livrer des secours qui aideront au moins 40 000 personnes à passer l'hiver, et mène des activités à travers les lignes de front pour répondre aux besoins de la population qui vit dans les zones directement touchées par le conflit. Il a fourni des vivres et d'autres formes de secours à plus de 1,5 million de personnes depuis janvier.
Encore des déplacements, encore de la souffrance
Les combats qui se poursuivent dans différentes régions du pays ont causé le déplacement de plus de 1,8 million de personnes. Des milliers sont mortes et des milliers d'autres ont été blessées. « En Irak, les civils déplacés sont pris dans les combats, manquent de l'essentiel, fuient pour tenter de se mettre en sécurité, ou restent en rade à des postes de contrôle ou dans des abris et des camps de fortune », déplore Patrick Youssef, chef de la délégation du CICR dans le pays. « Après la chaleur de l'été, ils doivent maintenant supporter la pluie et les températures glaciales de l'hiver. Leur détresse est bouleversante. »
À ce jour, le CICR a distribué des rations alimentaires pour un mois ainsi que d'autres secours (notamment couvertures, bâches, jerrycans et ustensiles de cuisine) à plus de 400 000 personnes déplacées, dans 118 lieux situés dans 15 des 18 provinces du pays. En outre, pour redonner aux populations touchées par le conflit des moyens de gagner leur vie, il distribue actuellement quelque 1 800 tonnes de semences et d'engrais à plus de 5 000 familles d'agriculteurs dans les provinces de Babel, Karbala, Bagdad, Diyala, Kirkouk et Ninive.
« La perte tragique de vies civiles, qui ne semble pas avoir de fin, et la destruction de biens essentiels à la survie restent très préoccupantes pour le CICR, précise M. Youssef. Les personnes et les biens civils sont protégés par le droit international humanitaire. Nous continuons de rappeler à toutes les parties au conflit, notamment à la nouvelle coalition internationale et aux groupes armés, l'obligation qui leur incombe d'épargner les civils et leurs biens, et de faire en sorte que les organisations humanitaires aient un accès sans entrave aux populations qui ont besoin d'aide. De plus, le CICR et le gouvernement irakien ont signé un protocole d'accord visant à faire plus largement connaître et respecter le droit international humanitaire parmi les principaux décideurs. »
Des soins de santé qui traversent les lignes de front
Le conflit a porté gravement atteinte aux structures de santé de nombreuses villes. Plusieurs établissements ont été attaqués et souffrent d'une pénurie de médicaments et de fournitures médicales. Souvent, le personnel médical étant absent pour raisons de sécurité, les services de soins aux blessés et aux malades sont interrompus.
« Les structures et les personnels de santé doivent être protégés contre les attaques, rappelle M. Youssef. Il faut qu'ils puissent faire leur travail. Chaque individu, sans exception, doit pouvoir avoir accès aux soins de santé en tout temps, quelles que soient les circonstances. »
Le CICR, qui travaille de façon strictement neutre et impartiale et cherche à dialoguer avec toutes les parties aux conflits – autorités gouvernementales, dirigeants communautaires et chefs tribaux et religieux, entre autres groupes –, a réussi à livrer des médicaments, des instruments chirurgicaux, des pansements, des solutions intraveineuses et d'autres articles à 66 établissements de soins dans 10 villes : Mossoul, Erbil, Dohouk, Hamdaniya, Sinjar, Falluja, Hawija, Tooz, Najaf et Basra. Ce matériel est suffisant pour répondre aux besoins de plus de 170 000 personnes. En outre, le centre de réadaptation physique du CICR à Erbil ainsi que huit autres centres soutenus par le CICR dispensent, à eux tous, leurs services à 23 000 personnes handicapées.
De l'eau potable pour les personnes déplacées et la population résidante
L'une des priorités du CICR en Irak est de veiller à ce que la population ait de l'eau qui puisse être bue sans danger. Depuis le début de la guerre, il a fourni de l'eau potable à près de 920 000 personnes, dont plus de 200 000 déplacés. Pour ce faire, il a installé de nouveaux systèmes d'approvisionnement en eau et rénové ceux qui existaient déjà dans les communautés d'accueil, tout en livrant de l'eau par camion et en mettant en place de nouveaux points de stockage et de distribution pour les personnes déplacées.
« Le conflit a également eu un impact sur les ressources en eau, précise M. Youssef. Parce que l'eau est essentielle à la vie humaine, il faut absolument que les parties au conflit protègent ces ressources. » Chaque fois que cela a été possible, le CICR a réparé les structures d'approvisionnement en eau détruites par les combats.
Les détenus, une préoccupation constant du CICR
Le CICR continue à visiter les lieux de détention relevant du gouvernement irakien et du gouvernement régional du Kurdistan. Ces visites ont pour but d'améliorer les conditions de détention, d'aider les détenus à établir et maintenir le contact avec leur famille, et de leur fournir des produits d'hygiène et d'autres articles nécessaires. Parallèlement, le CICR entretient avec les autorités un dialogue confidentiel visant à ce que les détenus soient traités avec le respect dû à leur dignité.
« Nous continuons à suivre de près les conditions de détention de milliers de personnes détenues en Irak, dont des ressortissants étrangers », explique Elpida Papachatzi, déléguée du CICR chargée des activités visant à améliorer les conditions de détention. « Ces derniers mois, des milliers de détenus ont été transférés dans d'autres prisons. Nous les aidons à garder le contact avec leur famille. Le droit précise que les détenus doivent être traités avec dignité. Nous continuerons à suivre de près leur situation et nous maintiendrons notre dialogue confidentiel avec les autorités détentrices. »
Depuis le début de l'année, le CICR a :
- procédé à 131 visites dans 61 lieux de détention où sont incarcérés 32 971 détenus ;
- fourni à plus de 14 750 détenus des articles essentiels tels que vêtements, produits d'hygiène et couvertures ;
- organisé l'échange de 3 056 messages Croix-Rouge entre des détenus et leurs familles ;
- effectué 5 184 appels téléphoniques pour donner à des familles des nouvelles brèves de leur parent détenu.
Still looking for missing people
En Irak, les deux précédents conflits et le conflit actuel ont fait des dizaines de milliers de disparus. Le CICR dirige les réunions des comités chargés d'éclaircir le sort des personnes portées disparues dans le contexte de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et de la première guerre du Golfe (1990-1991). Il s'agit, en tenant des réunions de haut niveau avec les gouvernements concernés, de faire la lumière sur ce qui est arrivé, afin d'alléger la souffrance des familles qui ne savent toujours pas ce qu'il est advenu de leurs proches disparus.
Depuis le début de l'année, le CICR a organisé trois missions conjointes Iran-Irak dans le sud de l'Irak, où les restes de 338 personnes ont été retrouvés. Les restes de 210 Iraniens et 19 Irakiens ont par la suite été rapatriés dans leurs pays respectifs, lors de trois cérémonies de remise de dépouilles. En outre, par la signature d'un protocole d'accord avec l'Institut médicolégal irakien, le CICR a renouvelé son engagement de développer les capacités médicolégales de l'institut en lui dispensant des formations et en lui fournissant de l'équipement.
La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, plus résolus que jamais à répondre aux besoins humanitaires de l'Irak
Face aux besoins toujours plus grands résultant du conflit armé, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a renforcé ses activités. Le CICR, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge de plusieurs pays ont intensifié leurs efforts dans le pays, aux côtés du Croissant-Rouge de l'Irak. La visite conjointe que le directeur général du CICR et le secrétaire général de la Fédération internationale ont effectuée récemment en Irak pour rencontrer des victimes du conflit armé et mieux se rendre compte de leurs besoins – tout en voyant sur place les activités déployées par les différentes composantes du Mouvement – souligne la ferme détermination du Mouvement à répondre aux besoins humanitaires de ce pays. Le CICR continue à soutenir la Société nationale irakienne dans ses efforts pour renforcer ses capacités. Il lui a notamment fourni 12 mini-camionnettes, automobiles et chariots élévateurs, et l'a aidée à équiper son centre opérationnel d'urgence des outils les plus récents en matière de technologies de l'information.
Informations complémentaires :
Saleh Dabbakeh, CICR Bagdad, tél. : +964 790 191 6927
Nadia Dibsy, CICR Genève, tél. : +41 22 730 37 23 ou +41 79 447 37 26