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Soudan du Sud : les besoins humanitaires vont croissant dans les États de l’Unité et du Haut-Nil

Résumé des activités menées par le CICR au Soudan du Sud entre mi-décembre 2013, quand la crise a commencé, et fin août 2015.

À la suite de la récente vague de violence qui a secoué les États de l'Unité et du Haut-Nil, des milliers de personnes ont fui leur foyer dans les derniers mois et se sont réfugiées dans la brousse et les marais des régions reculées, où il n'y a que peu voire pas de nourriture et encore moins d'accès aux soins de santé. De plus, le manque de sécurité et les conditions météorologiques difficiles compliquent encore l'accès aux populations vulnérables.

« Malheureusement, la situation dans l'État de l'Unité continue de se détériorer. Dans le comté de Leer et dans certaines parties des comtés de Koch et de Mayendit, la population a largement épuisé ses mécanismes d'adaptation traditionnels » déclare Daniel Littlejohn, chef de la sous-délégation du CICR dans l'État de l'Unité. « Les biens, les récoltes, le bétail et les autres moyens de subsistance ont été perdus ou détruits. Il n'y a pas d'accès régulier aux soins de santé. Avec cette instabilité constante, les possibilités d'apporter des secours sont très limitées. »

Jusqu'au mois de mai de cette année, le CICR a conduit une vaste opération de secours depuis sa base à Leer. Il a distribué une aide alimentaire régulière à plus de 100 000 personnes et a fourni des soins chirurgicaux aux blessés de guerre. Lorsque les combats se sont intensifiés en mai, l'institution a évacué son personnel vers des lieux plus sûrs. Cependant, malgré l'insécurité, elle apporte depuis juillet une assistance aux familles touchées par le conflit dans les comtés de Leer, Mayendit et Mayom. Plus de 40 000 personnes ont reçu un ensemble de rations alimentaires et d'articles ménagers essentiels, notamment des assortiments de matériel de pêche, des moustiquaires et des matelas. En outre, le CICR a transporté plus de 100 blessés dans des hôpitaux pour qu'ils puissent recevoir les soins chirurgicaux vitaux dont ils avaient besoin.

De nombreux déplacés ont perdu tout ce qu'ils possédaient pendant leur fuite. Le CICR a été en mesure de fournir une assistance d'urgence aux personnes qui étaient arrivées à Toch et à Nyadin dans l'État du Jonglei. « À cause des combats, j'ai quitté Bentiu en mai et me suis rendu à Old Fangak avec ma femme et mes enfants. Il nous a fallu cinq jours pour atteindre cet endroit en canoë », explique Magok Yut, 32 ans, qui a reçu des rations alimentaires et un assortiment de matériel de pêche du CICR à Toch pendant la dernière distribution de secours.

De la même manière, dans l'État du Haut-Nil, les déplacements se poursuivent sans relâche, exacerbant encore la terrible situation humanitaire. Les tensions entre les rives ouest et est du Nil depuis le mois d'avril de cette année ont conduit de nombreux habitants des payams de Bienythiang, Riang et Rom à fuir vers l'intérieur des terres, principalement vers la ville d'Akok, tandis que sur la rive opposée du fleuve, les habitants de la ville de Kodok se sont également éloignés du Nil pour des raisons de sécurité. Selon le CICR, bon nombre souffrent d'un manque de nourriture. Par ailleurs, la situation économique est critique et la communauté d'accueil n'a tout simplement pas les moyens de subvenir aux besoins des déplacés. Pour faire face à cette situation, à la fin du mois d'août, le CICR est parvenu à distribuer des rations alimentaires et des semences à plus de 53 000 personnes dans la région.

Le mois dernier, l'institution a également établi une base temporaire à Oriny (État du Haut-Nil), chargée essentiellement de fournir des services de soins de santé primaires dans le dispensaire local et des possibilités d'accès à l'hôpital du comté à Kodok, qui avait été pris dans des tirs croisés début juillet. Depuis l'incident, le CICR a diminué ses services à la communauté. Dans l'État de l'Unité comme dans l'État du Haut-Nil, il évacue en permanence des patients grièvement blessés des lignes de front vers Juba, Waat, Old Fangak et Maiwut, où ils pourront être opérés et recevoir d'autres soins. Ces quatre derniers mois, 224 personnes ont été transportées dans des structures médicales.

Dans tout le pays, la population a été sévèrement touchée par près de 20 mois de conflit, qui auront des conséquences humanitaires profondes sur le long terme. Le CICR va continuer de fournir une assistance d'urgence aux personnes touchées et de suivre la situation afin d'adapter ses activités à l'évolution des besoins sur le terrain. Le Soudan du Sud demeure la plus grande opération du CICR sur le continent africain.

Chiffres

Depuis décembre 2013, qui a marqué le début de la crise actuelle, le CICR a conduit de nombreuses activités dans le pays.

Dans le domaine de la santé, les équipes médicales et chirurgicales ont :

  • pratiqué près de 6 500 interventions chirurgicales dans des structures médicales locales ;
  • pris en charge 3 500 personnes handicapées dans trois centres de réadaptation physique ;
  • effectué près de 35 000 consultations ambulatoires et fourni des soins prénatals à plus de 2 600 femmes, accouché avec succès 208 femmes et administré plus de 3 600 doses de vaccin à des enfants de moins d'un an ;
  • fourni du matériel médical à 54 postes de premiers secours et autres structures de santé ; les équipes de la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont apporté leur contribution en posant au total près de 21 000 pansements ;
  • dispensé à 324 porteurs d'armes, policiers et pompiers une formation élémentaire aux premiers secours mettant l'accent sur la sécurité de l'accès aux soins de santé ;
  • dispensé des cours de sensibilisation à la violence sexuelle à près de 100 membres du personnel des structures médicales soutenues par le CICR à Waat, Motot, Kodok et Maiwut ;
  • formé des sages-femmes du ministère de la Santé comme formatrices en matière de prise en charge des victimes d'agressions sexuelles.

Pour venir en aide aux personnes déplacées et aux autres personnes touchées par le conflit, le CICR, en collaboration avec la Croix-Rouge du Soudan du Sud, a :

  • distribué plus de 1 260 000 rations alimentaires pour un mois, dans le cadre d'une aide régulière dont ont bénéficié plus de 150 000 personnes dans les États des Lacs, de l'Unité, du Haut-Nil, de Warrap, du Jonglei, du Bahr el Ghazal occidental, du Bahr el Ghazal septentrional, de l'Équatoria occidental et de l'Équatoria central ;
  • distribué des articles ménagers de première nécessité à plus de 570 000 personnes à travers le pays ;
  • assuré l'approvisionnement en eau potable de plus de 437 000 personnes déplacées et membres de communautés d'accueil en remettant en état 444 installations d'approvisionnement en eau – telles que des pompes manuelles et des bassins de rétention – dans les zones touchées par le conflit, notamment dans les États du Jonglei, du Haut-Nil et de l'Unité ainsi que dans les régions de l'Équatoria et du Bahr el Ghazal ;
  • construit des installations sanitaires pour 23 600 personnes à Mingkaman et dans le comté de Fashoda et installé des unités de traitement de l'eau de secours pour approvisionner 120 000 personnes à Torit, Lul et Kodok, améliorant ce faisant l'accès aux systèmes d'assainissement et limitant le risque d'épidémie de maladies d'origine hydrique comme le choléra.

Pour renforcer la résilience des communautés et les aider à se prémunir contre la grave insécurité alimentaire, le CICR a :

  • distribué des semences et des outils à près de 677 000 personnes pour leur propre production, et fourni des assortiments de matériel de pêche à plus de 190 500 personnes ;
  • vacciné 777 000 têtes de bétail et soigné plus de 128 000 animaux au profit de 362 000 personnes dans les États du Bahr el Ghazal septentrional, des Lacs, du Haut-Nil, de l'Unité, du Jonglei et de l'Équatoria central ;
  • formé 363 agents communautaires de santé animale et fourni à 276 d'entre eux des kits contenant des médicaments et des outils de travail.

À l'occasion de ses visites des lieux de détention, le CICR a aidé les autorités pénitentiaires à appliquer les normes internationales. Il a en particulier :

  • visité plus de 9 600 personnes privées de liberté dans différents lieux de détention ;
  • amélioré les conditions de détention d'un millier de détenus dans les prisons centrales de Juba, Aweil et Wau grâce à des travaux de réparation ;
  • assuré un meilleur accès aux soins de santé à plus de 2 300 détenus après les épidémies de choléra et de gale qu'ont connues les prisons centrales de Juba, Rumbek et Wau en 2015.

Pour aider à rétablir le contact entre les membres de familles dispersées à cause des violences, le CICR et la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont :

  • organisé avec succès près de 26 000 contacts par téléphone entre des membres de familles dispersées et permis l'échange de plus de 3 700 messages Croix-Rouge contenant des nouvelles familiales ;
  • enregistré 124 enfants non accompagnés se trouvant sur le territoire du Soudan du Sud ;
  • permis à plus de 80 enfants et personnes vulnérables de retrouver leur famille.

Pour faire mieux connaître et respecter le droit international humanitaire (DIH), le CICR a :

  • formé et sensibilisé au DIH plus de 2 800 porteurs d'armes, dont des membres des forces armées et de groupes armés.