Mali : Amadou, victime de mine, reçoit un nouveau bras et une nouvelle jambe
Les mines et les restes d'explosifs de guerre continuent de faire de nombreuses victimes au Nord Mali. Dans la région de Tombouctou, les blessés et les morts se comptent par dizaines. Parmi eux, Amadou Diallo, jeune élève de 15 ans, qui a perdu un bras et une jambe après l'explosion d'une mine dans ses mains. Il a récemment reçu de nouveaux membres fournis par le CICR.
Malgré les conditions de sécurité encore précaires, les populations de la région de Tombouctou essayent de reprendre une vie normale. Amadou et ses copains, élèves et bergers à leurs heures perdues, cherchent eux aussi à reprendre leurs habitudes : celles d'aller faire paître les animaux de leurs parents dans les environs de la ville. Comme tous les jours, ils partent tôt le matin et reviennent en milieu d'après-midi. Ce jour-là, ils décident de se rendre dans une zone proche du camp militaire de Tombouctou. Ils ne savent pas que cet endroit est contaminé par différents types d'engins de guerre non explosés.
« D'habitude, une fois que nous étions dans le pâturage, nous jouions pendant que les animaux se nourrissaient », nous explique Amadou. Malheureusement pour lui, ce jour-là, les choses se passent autrement. « Avec mes deux camarades, on manipulait un objet ayant la forme d'un caillou que nous avions ramassé dans un terrain vague, juste derrière le camp militaire. Soudain, il a explosé dans mes mains. » Amadou est grièvement blessé. Inconscient, il est transporté d'urgence à l'hôpital. « Quand je me suis réveillé, j'ai constaté que j'étais dans un centre de santé, sans savoir ce qui s'était réellement passé. »
Ma vie n'avait plus de sens
La déflagration lui a arraché un bras et une jambe. Le jeune garçon ne le sait pas encore, mais ses deux autres compagnons y ont laissé la vie. Plus tard, il est transféré à l'hôpital régional de Mopti où il est entouré par sa famille et pris en charge par une organisation humanitaire jusqu'à sa guérison complète.
Quelques mois après sa guérison, Amadou et sa famille reviennent à Toya, leur village et le chef-lieu de la commune d'Alafia, à une vingtaine de kilomètres de Tombouctou. Sa vie n'est plus comme avant. Amputé de deux membres et sans prothèses, Amadou Diallo ne va plus à l'école et n'accompagne plus le troupeau au pâturage comme avant. Il est désespéré : « Ma vie n'avait plus de sens. Je me sentais inutile », se souvient-il.
Pourtant, Amadou ne perd pas espoir. Grâce à la collaboration de la Direction régionale de développement de Tombouctou, il est enregistré puis référé au Centre Père Bernard Verspieren de Bamako, qui le prend en charge dans le cadre d'un programme soutenu par le CICR. Le centre reçoit un appui sous forme de composants orthopédiques, ainsi qu'un soutien pour son programme de réadaptation physique. Le CICR lui fournit également un soutien financier, qui lui permet de prendre complétement en charge les patients nécessitant une prothèse et des soins de réadaptation physique à la suite de blessures et autres traumatismes subis en lien avec le conflit qui sévit dans cette région du Mali.
Après des mois de suivi, Amadou reçoit des prothèses. Avec elles, il reprend progressivement ses activités et admet que ses prothèses l'ont beaucoup aidé. « Grâce à elles, je vais de nouveau aux champs avec mon père et je me sens comme une personne normale. » Un kinésithérapeute lui rend visite deux fois par mois afin de l'aider à mieux s'adapter à l'utilisation de ses prothèses.
En 2014, cinquante-quatre personnes victimes de mines, d'engins explosifs ou de restes d'explosifs de guerre ont bénéficié d'une prise en charge intégrale de la part du CICR.