Mali : « Dès la guérison de ma jambe, je reprendrai mes travaux de champ »

11 janvier 2016
Mali : « Dès la guérison de ma jambe, je reprendrai mes travaux de champ »
Hôpital de Gao, Mali. Assouman fait ses premiers pas, après avoir été soigné pour une blessure par balle à la jambe.CC BY-NC-ND / CICR

Au nord du pays, le conflit armé et la criminalité pèsent lourdement sur la vie des populations civiles. Dans un tel contexte, l'accès aux soins de santé demeure capital, pour Assouman et tant d'autres blessés pris en charge par le CICR.

Assouman Ag Bilal est agriculteur à Anderamboukane, un village situé dans la région de Gao au nord du Mali. Chaque semaine, il se rend au marché pour y vendre ses récoltes et se ravitailler. Ce 29 juillet 2015, alors que la plupart des commerçants plient bagages pour rentrer à la maison, quatre hommes armés font irruption dans le marché et commencent à tirer en l'air. Dans la panique, Assouman reçoit une balle dans la jambe et se fait voler ses recettes du jour par les assaillants. Grièvement blessé, il est transporté par un travailleur humanitaire à Ménaka, le centre de santé le plus proche à une centaine de kilomètres de là, où sa fracture est stabilisée.

Le lendemain, une ambulance l'évacue 325 km plus loin, à l'hôpital régional de Gao où l'équipe médicale du CICR l'accueille et le prend en charge. « J'étais désespéré, mais depuis mon arrivée dans cet hôpital, ça va mieux, l'espoir est revenu. », dit Assouman, qui attend impatiemment sa guérison. « J'ai hâte de rentrer chez moi dans quelques semaines pour reprendre ma vie d'agriculteur et subvenir aux besoins de ma famille », poursuit-il, pendant une séance de rééducation physique sous la supervision d'un médecin du CICR. Assouman est cependant préoccupé par la dégradation constante des conditions de sécurité dans sa région. « Des hommes armés nous attaquent tout le temps, ils nous tendent des embuscades sur les routes, jusque dans nos villages », dit-il le visage fermé. « Il faut que la sécurité revienne ! »

A travers ses équipes médicales à l’hôpital de Gao et au centre de santé de référence de Kidal, le CICR est en mesure de fournir des soins vitaux à de nombreuses personnes, comme Assouman.

Hôpital de Gao, Mali. A travers ses équipes médicales à l'hôpital de Gao et au centre de santé de référence de Kidal, le CICR est en mesure de fournir des soins vitaux à de nombreuses personnes, comme Assouman. CC BY-NC-ND / CICR

Les populations au nord du Mali, déjà durement frappées par des conditions climatiques difficiles, doivent faire face à la violence quotidienne et aux conséquences humanitaires qu'entraîne le conflit armé dans la région. A travers ses équipes médicales à l'hôpital de Gao et au centre de santé de référence de Kidal, le CICR est en mesure de fournir des soins vitaux à de nombreuses personnes, comme Assouman. « Nous recevons régulièrement des blessés avec des traumatismes variés», explique Abdoulaye Aziz Touré, chirurgien du CICR à l'hôpital de Gao. « Certains ont été blessés par balles, lors de braquages sur les grands axes routiers ou dans les marchés. D'autres sont victimes de mines ou d'engins explosifs ».

Lors des derniers combats entre groupes armés à Tabankort, puis à Anefis en août 2015, 49 blessés ont été pris en charge par les équipes médicales du CICR à Gao et Kidal. « Les patients arrivaient à toute heure, et certains blessés par balle nécessitaient une prise en charge d'urgence, alors nous avons parfois travaillé jusque très tard dans la nuit », explique le docteur Touré. « C'était physiquement éprouvant, mais nous étions très engagés, malgré les conditions difficiles ».

Afin de faciliter l'accès des populations du nord du Mali aux soins de santé de qualité, le CICR apporte un appui substantiel à plusieurs structures médicales, notamment les centres de santé communautaires de Ber (Tombouctou) et d'Intilit (Gao), les centres de santé de référence de Kidal et de Bourem (Gao), ainsi que l'hôpital de Gao. « Nous fournissons des médicaments et des consommables, nous soutenons le personnel soignant avec des formations et un suivi régulier. Les patients les plus vulnérables sont pris en charge gratuitement », conclut Catherine de Patoul, coordinatrice du programme santé du CICR au Mali.