Aghaly retrouve son sourire pendant les éances de rééducation. Hamada Ould Aly / CICR.

Mali : à Tombouctou, Aghaly retrouve son sourire.

Âgé de 28 ans et père de trois enfants, Aghaly Ag Mossa est chauffeur de camion. Il transporte des marchandises entre la ville de Tombouctou et la frontière avec l'Algérie. Tout allait bien pour ce père de famille jusqu'au jour où son camion est braqué. Il est blessé par balle à la jambe. Les hommes armés s'emparent de tous les objets de valeur le laissant seul dans une atroce douleur et une totale impuissance pour accéder à des soins de santé.
Article 30 septembre 2020 Mali

Dans la région de Tombouctou, les civils continuent d'être pris pour cibles directement, et indirectement en étant victimes d'actes de violence, d'attaques, d'engins explosifs improvisés et de banditisme. Les axes routiers qui relient la région de Tombouctou à l'Algérie, à la Mauritanie et aux autres régions du Mali connaissent une criminalité grandissante due à la prolifération des armes. Aghaly est malheureusement victime de cette situation qui impacte la santé, l'économie et même la survie de nombreuses familles.

Evacué par ses parents à Tombouctou, Aghaly reçoit les premiers soins. Cependant, l'état de sa jambe droite nécessite une prise en charge rapide et spécialisée. Il bénéficie d'une évacuation médicale d'urgence vers Bamako grâce à l'avion du CICR. Malheureusement, la jambe du jeune chauffeur est amputée. Commence alors une longue période de convalescence et d'angoisse à Bamako.

« Comment je peux continuer mon métier de chauffeur avec une seule jambe ? Que vont devenir ma femme et mes enfants ? » Ce sont autant de questions que se posaient Aghaly.

Après cette période, Aghaly regagne Tombouctou. Comme le centre d'appareillage orthopédique de l'hôpital régional de Tombouctou ne dispose pas encore d'orthoprothésistes, une mission d'agents du CICR et du Centre National d'Appareillage Orthopédique du Mali (CNAOM) quitte Bamako pour Tombouctou afin de confectionner des prothèses et orthèses pour des personnes en situation de handicap dans la région.

Les besoins en services de réadaptation physique sont importants dans le centre du Mali. Hamada Ould Aly / CICR.

« De la prise des mesures jusqu'à la finition pour que la prothèse ait une apparence de jambe, le processus de confection passe par plusieurs étapes. C'est un service qui nécessite l'aide de plusieurs spécialités. Chaque patient est unique. Et c'est pourquoi nous pouvons prendre jusqu'à trois semaines pour finaliser une prothèse. » témoigne Anselme Traoré, physiothérapeute du CICR à Tombouctou.

Au centre d'appareillage orthopédique de l'hôpital régional de Tombouctou, Aghaly reçoit gratuitement une prothèse comme 21 autres patients depuis le début de l'année grâce au soutien du CICR et commence des séances de rééducation. Grâce à cette prothèse, il retrouve son sourire et surtout l'espoir de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille de manière digne.

Les séances de rééducation permettent la réhabilitation physique des patients. Hamada Ould Aly / CICR.

« Avec ma nouvelle jambe je vais essayer de reprendre mon travail de chauffeur de camion pour faire un peu d'économie. Ensuite, je me lancerai dans le petit commerce » confie Aghaly avec un air de confiance.

Depuis 2015, notre soutien au centre régional d'appareillage orthopédique et de rééducation fonctionnelle de l'hôpital régional de Tombouctou a permis la construction et l'équipement d'une salle de kinésithérapie, la fourniture des intrants et la donation gratuite de prothèses à plus de 150 patients. Un appui technique notamment en ressources humaines est aussi apporté.