Niger : surmonter son handicap physique et réintégrer la société

« Plus jeunes, nous ne faisions qu'errer entre les villes d'Agadez et d'Arlit, car nous n'avions pas la chance de fréquenter l'école comme les autres enfants », se remémore Abdou Massalabi* en souriant.

« Vous savez, ceux qui sont nés avec un handicap n'ont pas forcément la chance de vivre une enfance normale. Ils sont trop souvent obligés de mendier pour trouver de quoi se nourrir et ils grandissent dans cette pratique. »

Il y a 29 ans, sous l'impulsion du Sultan de l'Aïr** et d'autres personnalités d'Agadez, Abdou et sept de ses amis, handicapés comme lui, imaginent et créent un centre pour lutter contre la mendicité pratiquée par les jeunes enfants handicapés.

Au centre, la formation dure trois ans et les frais de scolarité sont gratuits. Les apprenants ont le choix entre six filières différentes : couture, tricotage, soudure, confection de grillage, tissage de chaise et de lit, maroquinerie. Une opportunité en or pour apprendre un métier et sortir de la rue.

Les fonds assurant le fonctionnement du centre proviennent essentiellement de la vente des articles confectionnés dans le centre, de dons et de subventions.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est l'un de partenaires stratégiques du centre. Il travaille avec cette association dans le cadre de son programme de réadaptation physique mis en œuvre au Niger comme dans de nombreux autres pays à travers le monde.

Chaque mois, l'association identifie six personnes amputées qu'elle envoie au centre de réadaptation de l'hôpital national de Niamey pour y recevoir une prothèse. Aussi, le centre de formation fournit-il un tricycle à quatre personnes à mobilité réduite dans le même laps de temps. La construction de tricycles au centre de formation est un programme initié par le CICR.

« Ce programme a vraiment beaucoup contribué à l'amélioration du quotidien des personnes handicapées vivant dans la région d'Agadez, voire au-delà», souligne Abdou Massalabi.

En plus de la réadaptation physique, le CICR aide les bénéficiaires à devenir autonomes en développant leurs capacités dans divers domaines. En 2019, 30 femmes et hommes handicapés locomoteurs des régions d'Agadez et d'Arlit ont bénéficié d'un soutien du CICR pour le démarrage de microprojets, en lien avec les divers métiers enseignés à l'association.

Koumboubou Idrissa, veuve et mère de trois enfants, a reçu un tricycle. Avec le plan de réinsertion sociale du CICR, elle a aussi reçu du matériel de couture et quelques accessoires. Aujourd'hui, elle arrive à subvenir aux besoins de ses enfants. Deux d'entre eux peuvent même aller à l'école.

*Abdou Massalabi est aujourd'hui président de l'Association nigérienne des handicapés locomoteurs (ANHL Section d'Agadez), aussi président de la Fédération nigérienne des personnes handicapées (FNPH section régionale Agadez).

**Autorité coutumière gardienne des valeurs culturelles et religieuses.