Sénégal : un nouvel espoir pour les familles des migrants disparus

Les flux migratoires font d'innombrables victimes. Pour les familles des migrants portés disparus, aux questionnements sur le sort de leurs proches s'ajoutent des problèmes psychologiques, socio-économiques et juridiques.
Suite à une enquête sur les besoins de ces familles, le CICR et la Croix-Rouge Sénégalaise ont mis en place un projet de soutien psychosocial pour ces familles en 2015 et 2016.
Concrètement, 195 familles bénéficient d'un soutien psychosocial à travers des groupes de parole, des cours d'alphabétisation, des formations professionnelles et des financements d'activités génératrices de revenus.
Ce projet contribue à l'amélioration de leur bien-être social et leurs redonne de l'espoir.
Témoignages
Khady
Khady faisant la cuisine chez elle . /CC BY NC ND / CICR / J. Cendon
Le mari de Khady a disparu en 2006 en essayant de rejoindre l'Europe depuis la Casamance, dans le sud du Sénégal. Elle garde toujours l'espoir de le revoir vivant. En attendant son retour, Khady vend de la bijouterie, du parfum, et du détergent.
Grâce au projet d'appui psychosocial du CICR et de la Croix-Rouge Sénégalaise, elle s'en sort mieux. Elle est aujourd'hui la présidente de l'association des familles de migrants disparus de Ndiebène à Gandiol.
Saer
Saer et sa femme dans leur chambre . / CC BY NC ND / CICR / J. Cendon
Le fils de Saer a disparu en 2006. Après ses études secondaires, il est parti dans une pirogue avec 70 autres personnes. Saer lui a donné sa bénédiction et lui a même payé le voyage. Aujourd'hui, il le regrette.
Sa femme souffre d'une profonde détresse depuis le départ de leur fils. Avec l'aide du CICR et de la Croix-Rouge Sénégalaise, elle a cependant repris une vie sociale et son rôle dans sa famille.
Rokhaya
Rokhaya et son neveu dont elle a la garde. / CC BY NC ND / CICR / J. Cendon
Le petit frère de Rokhaya a disparu à l'âge de 25 ans. Il est parti depuis la Mauritanie sans le dire à personne. Elle croit que la pirogue a eu un accident et qu'il est mort. Elle a perdu tout espoir de le revoir en vie.
Aujourd'hui, c'est elle qui s'occupe du garçon de 9 ans qu'il a laissé derrière lui. Pour vivre, elle vend des cacahuètes et des fruits. Elle est soutenue par le programme du CICR et de la Croix-Rouge Sénégalaise et l'enfant de son frère bénéficie de cours de renforcement scolaire. Il participe aussi aux colonies de vacances.
Insa
Insa devant sa pirogue de retour d'une journée de pêche . / CC BY NC ND / CICR / J. Cendon
Le fils d'Insa a disparu à l'âge de 20 ans. Il a pris une pirogue pour quitter le Sénégal. Depuis, Insa n'a plus eu de nouvelles de lui.
Insa explique que le projet du CICR et de la Croix-Rouge Sénégalaise l'a aidé à retrouver un équilibre et un certain apaisement. Au début, il ne voulait pas parler de son fils. Cependant, avec le temps, il ira même jusqu'à s'engager à présider l'association des familles de migrants disparus de Pilote-Barre.
Activités du projet :
Illustrations des activités du projet de soutien aux familles des migrants disparus. / CC BY NC ND / CICR / J. Cendon
Ce projet conjoint du CICR et de la Croix-Rouge Sénégalaise a pris place essentiellement dans les villages de Pilote-Barre et de Ndiebène dans la région de Saint-Louis au nord du Sénégal. Des femmes comme Fatou ont reçu un appui psychosocial via un groupe de soutien, des cours d'alphabétisation en wolof (la langue la plus parlée du pays) et en français, une formation et un encouragement à l'entrepreneuriat ainsi qu'un suivi socio-économique. De plus, des enfants possédant un lien de parenté étroit avec des migrants portés disparus ont suivi des cours de renforcement scolaire qui les aideront sûrement à entrevoir un avenir meilleur.