Nouveau site Web Family Links : rétablir le contact dans les situations de crise

13-11-2012 Interview

Le nouveau site Web du CICR familylinks.icrc.org permet aux personnes séparées par un conflit ou une catastrophe de rétablir le contact avec leurs proches. Olivier Dubois, chef adjoint de la Division de l'Agence centrale de recherches et des activités de protection du CICR, nous explique pourquoi ce site a été créé et comment il augmente les chances que les personnes retrouvent les proches dont elles sont sans nouvelles.

Pourquoi le CICR a-t-il créé le nouveau site Web familylinks.icrc.org ?

Le site a été créé pour répondre à l’un des besoins essentiels de millions de personnes dans le monde qui se retrouvent séparées de leurs proches dans une situation de conflit, de catastrophe ou de migration ou dans une autre situation d’urgence, et qui doivent pouvoir rétablir le contact avec un être cher. Il s’agit pour elles, soit simplement d’échanger quelques mots rassurants avec leurs proches, soit d’être réunies avec un parent.

Nous avons mis au point ce site Web simple et facile d’utilisation en coopération avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à l’intention des personnes qui souhaitent rétablir le contact avec leurs proches pendant ou après une situation de crise. Où qu’elles se trouvent, les personnes qui recherchent un membre de leur famille auront désormais la possibilité d’accéder à une gamme complète de services personnalisés en quelques clics seulement.

Grâce au lancement de ce site, davantage de personnes dans le monde prendront connaissance de l’existence des services de recherche du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et sauront comment en bénéficier. Nous nous attendons à une potentielle augmentation du nombre de demandes que nous recevons et pour lesquelles les Sociétés nationales et le CICR peuvent agir. Nous espérons ainsi constater une prise de conscience accrue et une meilleure compréhension du public, ainsi qu’un renforcement du soutien qu’il apporte à ces services.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’ampleur du problème ? Avez-vous une idée du nombre de personnes touchées ?

La séparation est un grave problème humanitaire qui se pose à chaque fois que de conflits éclatent ou que des catastrophes frappent, déchirant des familles avec des conséquences à long terme qui se font souvent encore sentir des dizaines d’années plus tard. La séparation touche des personnes dans des situations très différentes et appartenant à toutes les catégories d’âges. Pour certaines, la séparation diminuera les chances de survie, voire les réduira à néant.

En Ouganda, les enfants qui ont fui les combats en République démocratique du Congo l’année dernière espèrent toujours être réunis avec leurs familles et retrouver leurs communautés d’origine. En Jordanie, les réfugiés syriens ont hâte de rétablir le contact avec leurs proches restés au pays. Chaque situation est différente et présente ses propres défis, mais le fait est qu’une personne est plus forte si elle est soutenue par ses proches dans les temps difficiles, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les membres d’une famille à garder le contact.

En 2011, par exemple, le CICR a reçu au total plus de 12 700 nouvelles demandes de recherche émanant de personnes voulant retrouver des membres de leur famille. La même année, avec l’aide de Sociétés nationales, nous avons facilité près de 220 000 appels téléphoniques entre des membres de familles dispersées. Nous avons également contribué à réunir quelque 1 500 enfants avec leurs familles.

Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne concrètement le site Web ?

Le site fournit des informations sur les services disponibles dans les différentes parties du monde, ainsi que les coordonnées de la Société nationale concernée et, le cas échéant, du bureau du CICR.

Parfois, le site Web donne même la possibilité aux utilisateurs de faire une demande en ligne, en d’autres termes, de lancer une recherche en temps réel. Le « critère d’acceptation » pour une demande – expliqué clairement au public pour la première fois – n’est pas le même partout. Les différences dans le traitement des demandes sont principalement dues aux réalités sur le terrain, aux capacités variables des membres du réseau de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, aux aspects logistiques et à la situation sur le plan de la sécurité. Dans le même temps, les services de recherche du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge respectent certains principes qui sont les mêmes dans le monde entier.

Avant la création de ce site, d’autres sites Web étaient lancés lorsqu’une crise survenait. Qu’est-ce qui est différent avec familylinks.icrc.org ?

Le site familylinks.icrc.org est unique et meilleur que d’autres services en ligne car il permet l’interaction avec les personnes qui sont à la recherche de proches. Les collaborateurs du CICR et des Sociétés nationales dans le monde assurent le suivi individuel des demandes. Aucune autre organisation au monde ne peut assumer une telle tâche.

Le nouveau site familylinks.icrc.org a été conçu sur la base de l’expérience acquise au fil des ans avec d’autres sites Web. Avant, lorsqu’une catastrophe frappait ou lorsqu’un conflit éclatait, nous avions l’habitude de créer un site Web spécifique, sur lequel les personnes touchées pouvaient enregistrer des messages « sain et sauf », consulter une liste des personnes disparues ou demander des nouvelles des proches dont elles étaient à la recherche. Rien qu’en 2009, les utilisateurs ont publié 83 000 noms sur ces sites. C’est ainsi que l’on a procédé pour le conflit des Balkans dans les années 1990, après les séismes en Haïti et au Japon et dans le cas des conflits en Irak, au Népal et en Somalie. Certains de ces sites ont été fermés une fois la crise passée. Le nouveau site restera lui toujours en ligne et couvrira tous les contextes.

Qu’en est-il de la protection des données personnelles ?

Nous faisons très attention à la protection des demandeurs, des personnes qu’ils recherchent et de leurs données personnelles. Les données ne peuvent être modifiées que par le personnel compétent de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. C’est là une différence fondamentale avec les sites Web gérés par d’autres organisations, qui souvent publient ces données sur Internet, où tout le monde peut les voir et les modifier sans qu’aucun contrôle ne puisse être exercé.

Qu’en est-il est pour les autres langues que l’anglais ?

Pour l’heure, le site n’existe qu’en anglais – à l’exception des listes de personnes disparues disponibles dans les langues locales –, mais nous préparons des versions du site dans d’autres langues. Nous sommes en train d’élaborer des versions en français et en espagnol, et une version en arabe suivra. Nous allons aussi rendre certains éléments et certaines pages spécifiques accessibles dans plusieurs autres langues telles que le chinois, le russe, le portugais, l’ourdou, le farsi, le tamoul et le swahili, pour n’en citer que quelques-unes. Notre objectif est de faire un site véritablement « multilingue », adapté au contexte en évolution dans lequel nous proposons nos services.