Nigéria : les messages Croix-Rouge apportent du réconfort et de l'espoir

22-01-2014 Éclairage

Une commerçante de Lagos était sans nouvelles de son fils depuis quatre ans quand le CICR lui a apporté un message de lui.

Ashabi tient un petit commerce à Lagos, où elle vend des patates douces et d'autres légumes. Son échoppe se trouve dans une rue étroite, non loin d'une maison minuscule où Ashabi, « Mama » pour ses amis, habite depuis près de 30 ans.

Un jour, Yemisi, la plus jeune sœur de Mama, accourt jusqu'à l'échoppe avec plusieurs voisins pour dire à sa sœur que d'« étranges » visiteurs sont arrivés devant chez elle, dans une voiture avec une croix rouge. Ils veulent la voir.

Mama n'a pas souvent des visiteurs, elle est un peu inquiète. Elle se met en route mais son cœur bat la chamade. Elle se demande en effet ce que veut dire cette visite. Elle souffre de ne pas avoir de nouvelles de son fils Kehinde depuis si longtemps et craint qu'il ne soit mort.

Kehinde a 29 ans. Il est parti de la maison quatre ans plus tôt. Après avoir fini son apprentissage de mécanicien automobile, il a dit à sa famille qu'il voulait partir à l'étranger pour tenter sa chance. Mama était triste à l'idée qu'il parte, mais elle lui a malgré tout donné sa bénédiction.

Quelques semaines plus tard, Kehinde est parti pour le Togo, promettant d'être de retour dans un mois. Mais plusieurs mois ont passé, sans aucun signe de lui ni aucune nouvelle. Sa mère sentait que quelque-chose était arrivé ; son fils ne l'aurait jamais laissé si longtemps sans nouvelles.

« Nous sommes du Comité international de la Croix-Rouge, lui dit avec douceur un des visiteurs, qui sent de l’appréhension chez Mama. Nous avons un message de Kehinde Idowu pour sa mère, Mama Ashabi. »

Les employés du CICR lui expliquent que leurs collègues en Côte d'Ivoire ont rencontré Kehinde alors qu'ils faisaient une visite de prison pour suivre les conditions de détention. Quand ils lui remettent le message écrit de la main de Kehinde, Mama leur propose tout de suite d'entrer et de s'asseoir, et elle les presse de questions pour qu'ils lui disent tout ce qu'ils savent sur leur fils.

Mama ne le sait pas, mais les voyages de son fils ne l'ont pas seulement conduit au Togo ; il est aussi allé dans d'autres pays, avant d’arriver en Côte d'Ivoire. Pendant le courant de l'année 2011, il a été emprisonné dans la capitale ivoirienne, Abidjan, sans aucun moyen de contacter sa famille au Nigéria pour leur dire ce qui s'était passé.

Kehinde a expliqué sa situation à l'équipe du CICR qui a visité sa prison. Ils lui ont suggéré d'écrire un petit mot pour sa famille et lui ont promis que le CICR le transmettrait . Le message a été contrôlé par les autorités pénitentiaires, puis envoyé à l'équipe du CICR à Abuja, qui s'est employée à rechercher la mère de Kehinde à Lagos.

Mama Ashabi est submergée par l'émotion pendant que l'employé du CICR lui lit le message. Bouleversée, elle lève les bras au ciel et confie : « Nous ne savions pas où était Kehinde, ni ce qui avait bien pu lui arriver. Au bout de quatre ans, nous pensions qu'il était peut-être mort quelque part. Il nous fallait vivre avec ce chagrin insupportable. Et là, même s'il est en prison, je remercie Dieu qu'il soit en vie. Je sais maintenant qu'un jour il reviendra et que je le reverrai. »

 

Nous avons changé le nom des personnes concernées, par souci de discrétion. Pour la même raison, les photos qui illustrent cet article correspondent à d'autres situations dans lesquelles le CICR a rétabli le contact entre des proches. Aucune ne montre « Kehinde » ou « Ashabi ».

Photos

Un volontaire de la Croix-Rouge congolaise collecte un message Croix-Rouge. 

Rubare, Nord Kivu, République démocratique du Congo.
Un volontaire de la Croix-Rouge congolaise collecte un message Croix-Rouge.
© CICR / P. Yazdi / v-p-cd-e-01059

Un homme lit un message Croix-Rouge qui lui vient de son fils à Kinshasa. 

Bureau de la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo, Sange, Sud Kivu, République démocratique du Congo.
Un homme lit un message Croix-Rouge qui lui vient de son fils à Kinshasa.
© CICR / W. Lembryk / v-p-cd-e-00582

Grâce au soutien du CICR, des enfants ayant appartenu à un groupe armé écrivent des messages Croix-Rouge que le CICR remettra à leurs parents. 

Centre de transit et d'orientation, Bangui, République centrafricaine.
Grâce au soutien du CICR, des enfants ayant appartenu à un groupe armé écrivent des messages Croix-Rouge que le CICR remettra à leurs parents.
© CICR / R. Bekourou / v-p-cf-e-00732