Bangladesh : des nouvelles des personnes perdues dans la tempête

30-11-2007 Éclairage

Depuis que le cyclone Sidr a frappé les zones côtières du pays, le 15 novembre dernier, plus de 3 000 morts ont été dénombrés. Avec 1 700 personnes encore portées disparues, le personnel du Département des recherches du Croissant-Rouge du Bangladesh travaille sans relâche pour donner des nouvelles des personnes disparues aux familles concernées.

Qui a vu Mohammed Hossain ? Qui le connaît ? Dans une rue animée de Barguna, petite ville du sud du Bangladesh, les mêmes questions reviennent et créent des attroupements. Derrière un mégaphone, Prodeep Shaha, jeune volontaire du Croissant-Rouge du Bangladesh, égrène les noms des personnes qui ont disparu depuis que le cyclone Sidr a dévasté les zones côtières du pays, le 15 novembre dernier. Pour l'instant, personne ne réagit à ses questions. Prodeep ne s'en inquiète pas, il continue.

Deux jours après la catastrophe, des équipes de la Société nationale, soutenues par des experts du CICR, ont commencé à se mettre sérieusement au travail afin de constituer un solide réseau en vue des « recherches », comme disent les travailleurs humanitaires. « En cas de catastrophe naturelle, comme lors de conflits armés, des personnes se retrouvent séparées de leurs proches, sans nouvelles d'eux », explique Monowara Sarkar, directrice adjointe du Département des recherches du Croissant-Rouge du Bangladesh.

Les disparus sont souvent oubliés les premiers jours

La principale priorité, les premiers jours, étant la fourniture de secours d'urgence, le problème des personnes disparues est souvent oublié. « Une fois que les victimes ont réussi à satisfaire leurs besoins essentiels, la question du sort de leurs proches affleure », dit Monowara Sarkar, qui a commencé à travailler dans ce domaine en 1971.

Neha Begum, 32 ans, habitante de Sonarbangla, dans le district de Barguna, estime qu'elle a eu de la chance. Bien qu'un arbre soit tombé sur sa maison, détruisant sa cuisine, personne n'a été blessé. Elle était cependant très inquiète : aucune nouvelle de son jeune frère, Mohammed Alam, âgé de 25 ans. Avant que le cyclone ne frappe, il travaillait sur la petite île de Dublarshar, dans une usine de séchage du poisson. Cette île, comme tant d'autres sur la côte du Bangladesh, a été fortement touchée par le vent et les vagues. Après deux jours sans nouvelles, la jeune femme a pris contact avec le coordonnateur local du programme de préparation aux cyclones au Croissant-Rouge du Bangladesh, Shamsul Alam, qui a ensuite essayé de joindre ses collègues de la Société nationale sur l'île.

Heureusement, le système de radio sans fil fonctionnait. Shamsul a relayé l'information, et les volontaires locaux ont retrouvé Mohammed, qui a envoyé un court message disant qu'il allait bien. « C'était un tel soulagement pour moi quand j'ai appris la nouvelle ! », confie-t-elle. « Je serai encore plus heureuse une fois que je l'aurai vu, mais aujourd'hui, je me sens mieux », explique-t-elle en rentrant chez elle, après avoir essayé de trouver du matériel pour reconstruire sa cuisine.

Nombre de méthodes différentes sont utilisées pour rechercher les personnes portées disparues, et au Bangladesh, certains moyens parmi les plus simples donnent de très bons résultats : aller dans les villages et crier des noms dans un mégaphone ; utiliser les journaux écrits dans la langue locale ainsi que les stations de radio locales pour diffuser le nom des personnes portées disparues ; utiliser les téléphones portables ou les radios sans fil.

L'action immédiate produit des résultats à long terme

« Si nous ne nous attaquons pas à cette question rapidement, nous réduisons nos chances de résoudre le problème à long terme », explique Monowara Sarkar. C'est par exemple le cas de l'identification des restes humains. Durant le cyclone, des corps ont été charriés par les rivières et ont échoué à plusieurs kilomètres. Les villageois enterrent ces corps sans relever d'indices, mettant un point d'interrogation permanent sur ces personnes décédées. Et pour la famille de ces disparus, c'est le début d'une quête sans fin.

Imam Hossain n'a pas eu autant de chance que Neha. Ce pêcheur de 40 ans vit à Latachapli, dans le district de Patuakhali. Il travaille avec son fils de 18 ans, Mohammed Faruq. L'un part en bateau pendant deux semaines, pêcher dans la mangrove, tandis que l'autre reste à la maison et prend soin de la famille. Une semaine avant le cyclone, Mohammed a quitté la maison pour aller pêcher, et depuis, son père est sans nouvelles.

« Sur nos bateaux, nous n'avons pas de moyens de communication à part une petite radio FM », explique-t-il. Tandis qu'il donne au collaborateur local du CICR, Rumana Binte Masud, toutes les informations nécessaires sur son fils, il confie qu'il s'attend au pire.

« S'il est mort, j'aimerais au moins retrouver son corps afin de lui rendre les derniers devoirs et de l'enterrer avec les membres décédés de notre famille, dit Imam. Mais je garde l'espoir que lui et ses collègues ont trouvé refuge sur une île. »

Imam se raccroche à l'espoir que lorsque le nom de son fils sera crié dans tous les mégaphones du Bangladesh, il sera entendu par quelqu'un qui le connaît.

Photos

Imam Hossain et sa femme s'entretiennent avec Monowara Sarker, du Croissant-Rouge du Bangladesh, à propos de leur fils disparu. 

Imam Hossain et sa femme s'entretiennent avec Monowara Sarker, du Croissant-Rouge du Bangladesh, à propos de leur fils disparu.
© CICR / P. Stoll

Prodeep Shaha, volontaire du Croissant-Rouge du Bangladesh, utilise un mégaphone pour diffuser la liste des personnes portées disparues. 

Prodeep Shaha, volontaire du Croissant-Rouge du Bangladesh, utilise un mégaphone pour diffuser la liste des personnes portées disparues.
© CICR / P. Stoll

Shamsul Alam, coordonnateur du programme de préparation aux cyclones à la Société nationale, parle avec Neha Begum au sujet de son frère. 

Shamsul Alam, coordonnateur du programme de préparation aux cyclones à la Société nationale, parle avec Neha Begum au sujet de son frère.
© CICR / P. Stoll