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Pérou : le drame des victimes des mines antipersonnel

04-07-2006 Éclairage

Bien que le conflit qui a bouleversé le Pérou il y a deux décennies ait pris fin, il y a encore quelque 50 000 mines antipersonnel qui parsèment le territoire péruvien. Et ces meurtriers silencieux continuent de faire des victimes civiles.

                 
     
     
   
Le CICR et le problème des mines antipersonnel au Pérou
    Le CICR a collaboré avec l’Institut national de réadaptation du Callao, en lui fournissant les matières premières nécessaires à la fabrication des prothèses et en y formant des techniciens. Il aide actuellement l'État péruvien à mettre en œuvre le règles du droit relatif aux mines et exhorte le parlement à adopter un projet de loi qui pénalise l’utilisation, l’emploi, le stockage et le transfert de ces armes, conformément aux dispositions du traité d’Ottawa.      
             

Les mines se trouvent dans le nord du pays, près de la frontière avec l’Équateur, autour des pylônes des lignes à haute tension qui traversent la sierra centrale et aux abords de trois prisons et de deux postes de police. Ces armes touchent tout particulièrement les paysans qui emmènent paître leurs troupeaux, ainsi que les enfants qui sont attirés par les formes et les couleurs des mines.

 
   
    ©ICRC / V Sousa, M. Sá / pe-e-00102      
   
Freddy s'entraîne à manipuler un boulier et à lire l'écriture Braille.      
        Freddy

Freddy Mendoza Córdova avait neuf ans en 1993. Il vivait dans une région d’agriculture et d’élevage, dans le département de Junin. Le 8 janvier de cette année, Freddy avait mené son troupeau paître à proximité des pylônes. Un objet brillant, qui ressemblait à une radio, à moitié enterré à l'extérieur des clôtures qui délimitaient les champs de mines, a attiré son attention. Freddy l'a ramassé et a appuyé sur le bouton qu'il a pris pour l'interrupteur de l'appareil.

L’engin a alors explosé. Les membres de la famille de Freddy ont voulu porter secours au blessé mais ils l’ont cru mort et l'ont conduit chez lui où ils l’ont veillé pendant 16 heures avant de découvrir, à un mouvement du corps de l’enfant, qu’il vivait encore. Sans tarder, Freddy a été conduit dans un centre de soins où il a pu être sauvé. Mais suite à l’explosion, Freddy a perdu ses deux yeux, et ses deux mains ont été partiellement mutilées.

Il vit aujourd’hui à Lima, pour être plus près des centres de soins spécialisés où il suit une chirurgie ophtalmologique pour tenter d’améliorer l’état de ses orbite s. « Pour que les gens n’aient pas peur en me voyant » dit-il. Pourtant, Freddy, maintenant âgé de 23 ans, ne trouve pas de travail et ne reçoit pas non plus d’aide sociale. Pour survivre, il vend des bonbons dans la rue. Et il dépend de sa sœur Mary Luy, de douze ans, qui est devenue son guide.

     
    ©ICRC / V Sousa, M. Sá / pe-e-00103      
   
Noé avec ses parents et un de ses frères.      
        Noé

Le 28 mai 2003, Noé Ñahuero Luján faisait paître son troupeau aux abords de pylônes de lignes à haute tension, à Huancavelica. Il était alors âgé de dix ans. Ce jour-là, il a ramassé une mine, qu’il a emportée chez lui. Le lendemain, alors qu’il était seul à la maison, il a approché l’engin des feux de la cuisinière, ce qui a provoqué son explosion. Suite à cet accident, il a perdu un œil, il souffre de lésions à l’autre œil et il a été amputé du bras droit. Il fait partie des 300 victimes qui ont été enregistrées dans la base de données de Contraminas, l'agence officielle péruvienne d’action contre les mines.

Pour que Noé puisse avoir accès à des soins spécialisés, toute sa famille a dû partir pour Lima. Noé y a subi plusieurs interventions chirurgicales, dont la pose d’une lentille intraoculaire et d’une prothèse. Comme Noé continue de grandir, la prothèse et la lentille doivent être remplacées à intervalles périodiques. C’est pour cette raison que les Ñahuero se sont installés aux environs de Lima. Pour survivre, le père de Noé travaille de temps en temps comme journalier dans les champs des environs et la sœur aînée en tant qu’employée de maison. D’origine quechua, ils ont été forcés d’apprendre l’espagnol.