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Roumanie : rétablissement des liens entre des familles ouzbèkes

13-02-2006 Éclairage

Des centaines de familles ont été séparées à la suite de la flambée de violence survenue dans la vallée de Fergana en mai dernier. À ce jour, le CICR a facilité l'échange de plus de 460 messages Croix-Rouge, qui ont apporté un réconfort aux réfugiés forcés de vivre loin de leurs proches. Compte rendu de la situation à Timisoara, par Marcin Monko, de la délégation du CICR à Budapest.

 

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Le CICR a lancé une initiative mondiale pour renforcer le réseau des nouvelles familiales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au cours de la prochaine décennie. Ce projet vise à constituer un réseau dynamique de services de recherches qui puisse répondre de manière rapide et efficace aux besoins des familles dispersées par une situation de conflit armé ou de violence, ou par une catastrophe naturelle. 
         

Depuis mai 2005, plus de quatre cents réfugiés ont trouvé un havre sûr à la périphérie de la ville roumaine de Timisoara. La montée de la violence les avait forcés à quitter l'Ouzbékistan, laissant derrière eux des familles déchirées, sans nouvelles.

Une vieille femme montre un cahier contenant des lettres et des dessins d'enfants.

« Les dessins étaient attachés à un message Croix-Rouge que j'ai reçu de ma famille à Andijan ; ce sont mes petits-enfants qui les ont faits », dit-elle. Le malheureux cahier est tout écorné à force d'être ouvert. C'est probablement ce qu'il lui reste de plus précieux – son seul lien à sa famille.

     

« Ces personnes ont quitté l'Ouzbékistan après les événements violents qui ont secoué Andijan, le 13 mai 2005 », raconte Nargiza Dosmetova, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR). « Ils étaient des centaines à fuir la ville ; ils ont marché toute la nuit pour traverser la frontière avec le Kirghizistan. »

Une fois leur statut de réfugié reconnu, ils ont été transférés dans un centre d'accueil à Timisoara. Les autorités roumaines leur ont alors offert un asile temporaire, jusqu'à la fin des démarches qui leur permettront de s'établir définitivement dans un lieu de réinstallation. Parmi ces réf ugiés, on trouve des cuisiniers, des maçons, des commerçants, des cordonniers, des boulangers, des femmes au foyer et des enfants venus d'Andijan et de la vallée de Fergana, dans l'Est de l'Ouzbékistan. Ils n'ont en rien participé à ce qui s'est passé en mai : ils ont juste eu le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

« Dans la confusion des événements de mai, aucun d'entre eux n'a eu le temps de dire au revoir à sa famille, ni même de prendre des documents personnels ou le strict nécessaire pour le voyage », explique Svetlana Karapandzic, fonctionnaire de l'UNHCR chargée de la réinstallation à Timisoara. « Et à aucun moment ils n'ont imaginé que le voyage serait si long ni qu'il les conduirait si loin de chez eux. »

Les réfugiés ont déclaré qu'ils étaient inquiets au sujet de leurs familles et qu'ils avaient hâte de leur faire savoir qu'eux-mêmes étaient sains et saufs. Pour la plupart d'entre eux, il n'était pas possible d'obtenir des informations ou d'envoyer des messages à leurs proches.

Début octobre, un délégué du CICR collectait auprès des familles restées à Andijan les 17 premiers messages Croix-Rouge, qui étaient distribués aux réfugiés concernés en Roumanie.

Un homme de trente ans, ouvrier du bâtiment qui avait dû laisser sa femme et ses enfants à Andijan, confie à quel point il est heureux d'avoir de leurs nouvelles.

« J'ai appris grâce à un message Croix-Rouge que ma famille se portait bien. Bien sûr, j'aimerais en savoir plus, mais au moins, je suis rassuré. »

 
   
©CICR 
   
En novembre dernier, le CICR a collecté 247 messages Croix-Rouge auprès des réfugiés ouzbeks. 
         

« Je n'avais jamais reçu un tel hommage ni été attendue avec autant d'impatience », raconte Cristina Lordache, du service des recherches de la Croix-Rouge de Roumanie, qui a distribué les premières lettres aux réfugiés.

« Pour eux, je représentais le lien qu'ils n'avaient plus avec leurs familles. C'était le seul moyen qu'ils avaient de rester en contact avec elles, à des milliers de kilomètres. »

Un réfugié de 32 ans, cuisinier de métier, explique qu'il a vu sa famille quand il était encore au Kirghizistan, mais qu'ensuite, tous les liens ont été rompus. La plupart des réfugiés n'avaient aucun contact avec leurs familles jusqu'à ce qu'ils reçoivent une lettre par l'intermédiaire du CICR.

« C'est rassurant d'apprendre que ma famille va bien, et je suis plus tranquille maintenant qu'eux aussi sont rassurés, qu'ils savent où je me trouve et que je vais bien », ajoute-t-il.

En 2004, le CICR a collecté et distribué 1 362 358 messages Croix-Rouge à travers le monde.