Pakistan : le CICR apporte son soutien à des établissements de santé au Waziristan

29-10-2009 Interview

Le CICR ne peut accéder directement au Waziristan ni aux régions limitrophes vers lesquelles a fui le gros de la population. L'institution vient cependant en aide à des milliers de victimes des combats grâce à l'assistance indirecte qu’elle fournit à huit établissements de santé à l’intérieur du Waziristan. Interview de Rosanna Magoga, déléguée santé du CICR responsable du programme de soutien.

  En quoi consiste ce programme de soutien ?  

     

Il s’agit d‘un programme que nous avons mis en place fin avril, alors qu’étaient lancées les premières opérations militaires dans le district de Malakand, et que la plupart des analystes prédisaient que le Sud-Waziristan serait le prochain à être touché. L’accès aux zones tribales sous administration fédérale (Federally Administered Tribal Areas – FATA) a toujours été difficile, raison pour laquelle nous avons décidé de soutenir les structures existantes du ministère de la Santé plutôt que de nous rendre sur place nous-mêmes. Depuis plusieurs mois, nous leur fournissons des médicaments et du matériel, concentrant notre aide sur les régions les plus durement touchées. Au total, nous apportons notre soutien à 24 établissements dans les FATA, dont huit au Waziristan. Comme nous ne pouvons envoyer nos propres collaborateurs dans cette région, nous sommes chaque semaine en contact téléphonique avec les médecins locaux afin de nous tenir au courant de leurs besoins.

  Comment les médecins du Waziristan décrivent-ils la situation humanitaire ?  

Une part importante de la population est restée sur place au Sud-Waziristan, là où les combats ont lieu. Il est cependant impossible de se procurer des chiffres exacts, car ce n’est pas vraiment le moment de mener un recensement ! D'après les informations que nous obtenons de nos interlocuteurs, ceux qui n'ont pas pu quitter la région sont les plus dému nis, ceux qui n’ont pas eu les moyens de payer les prix exorbitants demandés actuellement par les transporteurs. Ces personnes se retrouvent prises au piège des combats. Elles sont soumises à un couvre-feu permanent et ont beaucoup de mal à se procurer de la nourriture, des soins de santé et de l'eau potable.

  Dans de telles conditions, combien de patients vos huit établissements partenaires accueillent-ils ?  

Les établissements que nous soutenons au Sud-Waziristan nous disent qu’ils admettent chacun deux ou trois personnes blessées par balle ou par des éclats d'obus chaque jour. Et ce, malgré le couvre-feu ; ce qui laisse penser qu'il y a beaucoup d’autres blessés qui ne peuvent atteindre ces établissements. Cela fait un grand nombre de patients à traiter, surtout si l’on pense que la plupart des membres du personnel médical ont eux-mêmes fui les combats. Nous avons une grande admiration pour les médecins et les infirmiers dévoués qui ont décidé de rester pour porter secours aux leurs. Nous leur fournissons des médicaments et du matériel médical chaque mois, en fonction des besoins dont ils nous font part.

  Qu’est-ce que cela changerait si le CICR avait un accès direct à la région ?  

Nous pourrions faire bien davantage pour soigner les victimes. Nous envoyons certes des secours, mais seulement en quantité limitée. Si nous pouvions nous rendre sur place, nous serions en mesure de fournir bien plus de médicaments et de matériel. Nous pourrions aussi prêter renfort aux équipes médicales sur place en mettant nos médecins et nos infirmiers à leur disposition.



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