Position du CICR sur la situation au Kosovo

Compte tenu des efforts en cours pour faire régner la paix dans les Balkans et dans le cadre de l'action commune entreprise par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour faire face à la crise dans cette région, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tient à préciser ce qui suit.

Le CICR mène des activités en République fédérale de Yougoslavie depuis 1990, y compris au Kosovo, où un grand nombre de collaborateurs ont été basés dès le début de 1998. Lorsque l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a lancé son offensive aérienne le 24 mars 1999, le CICR a décidé de maintenir sa présence dans l'ensemble du pays (à partir de ses bureaux à Belgrade, Podgorica et Pristina) afin de porter assistance – avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – et protection tant aux victimes du conflit au Kosovo même qu'à celles du conflit international qui sévissait dans la province et dans d'autres parties de la Yougoslavie.

Toutefois, le 29 mars le CICR a dû retirer son personnel de Pristina pour des raisons de sécurité. Par la suite, il n'a eu de cesse de retourner au Kosovo, particulièrement en raison des récits extrêmement alarmants de réfugiés d'origine albanaise quant à la situation à laquelle les civils étaient confrontés au Kosovo.

Suite aux assurances données le 26 avril par les plus hautes autorités yougoslaves au président du CICR, et à une mission prospective menée à la mi-mai, le CICR a rouvert son bureau de Pristina le 24 mai. Depuis, le personnel expatrié qui se trouve sur place s'est essentiellement efforcé de reprendre ses activités humanitaires, et ce, dans des conditions de sécurité difficiles. Les délégués du CICR ont ainsi fourni une assistance à des établissements médicaux, distribué directement des secours à des déplacés internes et recueilli des informations sur des détenus.

Au Monténégro, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a intensifié ses activités depuis le 24 mars en portant assistance à des dizaines de milliers de personnes déplacées du Kosovo, avec le soutien de la branche monténégrine de la Croix-Rouge yougoslave.

Les équipes du Mouvement ont procédé, avec l'entière participation de la Croix-Rouge yougoslave, à des évaluations des besoins partout en Serbie et sont venues en aide aux civils touchés par les frappes aériennes de l'OTAN. Elles ont notamment apporté leur soutien à des hôpitaux, fourni de l'eau potable à des centres urbains et distribué des vivres et d'autres secours directement aux personnes dans le besoin.

Le CICR réoriente maintenant ses efforts pour tenir compte des changements intervenus au Kosovo suite au retrait des forces yougoslaves et au déploiement de forces internationales. Il s'est fixé les priorités suivantes au Kosovo pour les semaines à venir :

– obtenir l'accès à toutes les personnes arrêtées et détenues en relation avec le conflit — quelles que soient les autorités qui les détiennent et indépendamment de leurs lieux de détention — afin de découvrir où elles se trouvent et d'évaluer leurs conditions de détention, de rétablir le contact entre ces personnes et leurs familles, et d'être en mesure de faciliter leur libération et leur transfert ;

– rétablir le contact entre les membres de familles dispersées, que ce soit au Kosovo même, entre le Kosovo et le reste de la Yougoslavie, ou entre le Kosovo et des pays étrangers ;

– assister les familles des disparus, des détenus ou des personnes qui ont été tuées (c'est-à-dire rechercher les personnes concernées, établir ce qui est leur est arrivé et fournir des conseil psychologiques, juridiques et administratifs) ;

– aider à protéger tous les groupes ethniques de la violences (représailles, expulsions, etc) ;

– promouvoir la prévention contre les dangers des mines terrestres, par le biais notamment d'activités de caractère communautaire et de campagnes médiatiques.

Avec la collaboration de la Fédération internationale et de plusieurs Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge, le CICR contribuera également à ce que les principaux établissements de santé et d'aide sociale (hôpitaux, institutions psychiatriques, assistance aux groupes particulièrement vulnérables, etc.) continuent de fonctionner dans la période de l'immédiate après-guerre.

Simultanément, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge entreprendra une tâche importante, à savoir renforcer la société civile en apportant son soutien aux structures locales de la Croix-Rouge dans l'ensemble de la Yougoslavie, y compris au Kosovo.

Devant l'ampleur des besoins, le CICR continuera à mobiliser et à coordonner les ressources et les compétences au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour faire face à l'urgence au Kosovo. En même temps, le Mouvement est fermement résolu à poursuivre les opérations humanitaires qu'il mène actuellement en Serbie au Monténégro, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine et en Albanie.

  Réf. LG 1999-104-FRE