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Crise Yougoslave: Déclaration du Comité international de la Croix-Rouge

30-03-1999 Communiqué de presse 99/17

Genève (CICR — La dernière décennie a été marquée par de nombreuses tragédies, tant individuelles que collectives, qui se sont produites dans les Balkans. Toutefois, on a rarement connu toutefois des événements aussi dramatiques que ceux qui se déroulent actuellement en République fédérale de Yougoslavie. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est extrêmement alarmé par cette crise qui s'amplifie et qui prend une dimension de plus en plus régionale et dont les conséquences humanitaires semblent gigantesques.

Le CICR, pleinement conscient depuis le début qu'un scénario aussi tragique risquait de devenir une réalité, a décidé de rester présent et opérationnel, avec du personnel à Belgrade, Pristina et Podgorica. Malheureusement, le 29 mars 1999, le CICR a été contraint de retirer son personnel international de Pristina, compte tenu de la rapide dégradation de la situation sur le plan de la sécurité. En particulier, l'escalade de la tension et la violence dont il a été fait état dans la ville depuis le 25 mars ont rendu tout mouvement pratiquement impossible et placé le personnel de l'institution dans une situation extrêmement précaire. Les conséquences de ce retrait, qui laisse la province sans aucune présence humanitaire internationale, sont impossibles à évaluer à ce stade. Toutefois, le CICR est vivement préoccupé par le sort tragique des civils au Kosovo.

C'est pourquoi il s'agit de rester le plus proche possible des victimes de ces événements pour leur fournir une assistance, et si possible une protection. Dans ce but, le CICR a recherché et continuera de rechercher le dialogue systématique avec toutes les parties concernées et s'efforcera d'obten ir que soit reconnue la nécessité de préserver un espace pour une action humanitaire indépendante.

Le nombre des personnes déplacées et des réfugiés arrivant en Albanie, dans la République du Monténégro et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, augmente d'heure en heure. Ces personnes sont souvent en état de choc profond, désespérées d'avoir dû abandonner leurs foyers et ne voient devant elles qu'un avenir incertain et sans espoir. Dans l'immédiat, elles sont inquiètes quant au sort de leurs parents qui sont restés sur place.

Bien d'autres civils en République fédérale de Yougoslavie connaissent des difficultés croissantes, passant nuit après nuit dans les abris, vivant dans l'angoisse de l'intensité des opérations aériennes et préoccupées par la sécurité de leurs parents et de leurs voisins.

Le problème immédiat dans toute la République fédérale de Yougoslavie est la sécurité des civils, des blessés, en d'autres termes de ceux qui ne prennent pas ou plus part au conflit. Des initiatives doivent être prises de tous les côtés, surtout actuellement, lorsque les bases mêmes du droit international humanitaire semblent ébranlées. Le CICR demande instamment à toute les parties de garantir le plein respect des Conventions de Genève.

Le CICR est fermement résolu à poursuivre ses activités en République fédérale de Yougoslavie et a en outre commencé à intensifier ses opérations en Albanie et dans l'ex-République Yougoslave de Macédoine. Afin de soutenir les Sociétés nationales de la Croix-Rouge des pays concernés, le CICR et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge mettent sur pied, ensemble, une stratégie Croix-Rouge régionale et mobilisent des ressources supplémentaires au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour être prêts à faire face à des besoins qui, selon toute probabilité, ne cesseront de croître dans les jours et les semaines à venir.