Un message « safe and well » : la différence entre la vie et la mort
06-06-2003
« Non, vous faites erreur… mon frère est mort », a répondu Jihad quand la délégation du CICR à Amman lui a téléphoné pour lui dire que Samir, détenu dans un camp du sud de l’Irak, lui avait adressé un message « safe and well » (sain et sauf).
Samir est l’un des nombreux Jordaniens qui étaient en Irak lorsque la guerre a éclaté. Au cours de la dernière semaine du conflit, sa famille à Amman a appris qu’il avait été tué et que ses restes, difficilement reconnaissables, se trouvaient à la morgue de l’un des hôpitaux de Bagdad.
La famille s’était rendue à la délégation du CICR à Amman pour demander qu’on l’aide à récupérer la dépouille afin de pouvoir lui donner une sépulture conforme à la tradition jordanienne. Les équipes de recherches du CICR à Amman et Bagdad avaient fait de leur mieux pour obtenir de l’hôpital confirmation que le corps de Samir était toujours à la morgue. En vain.
Jihad n’avait pas renoncé. Dans une ultime tentative de ramener la dépouille de son frère, il était parti pour Bagdad, malgré les dangers d’un tel voyage. « J’ai été dévalisé… J’ai perdu mon argent… J’ai failli être tué sur la route entre Amman et Bagdad, mais je n’ai pas retrouvé les restes de mon frère », explique Jihad les yeux remplis de larmes.
Quand Jihad est revenu à Amman, la famille a décidé d’admettre que Samir avait été tué. Elle a annoncé la nouvelle officiellement et, comme le veut la tradition, a commencé à accepter les condoléances.
Trois semaines plus tard, Jihad recevait un appel téléphonique du service de recherches du CICR à Amman. On lui disait que Samir était prisonnier de guerre en Irak et qu’il avait envoyé un message « safe and well » à sa famille.
« Au début, je n’ai pas voulu y croire… J’ai presque été grossier avec la personne qui appelait du CICR. Ma mère a insisté pour que j’aille voir de quoi il retournait. Je n’en croyais pas mes yeux… C’était bien l’écriture de Samir… Il était vivant ! »
La famille a pu répondre à Samir dans son lieu de captivité.
« Merci… Ce message a fait toute la différence entre la vie et la mort… entre l’espoir et le désespoir. Samir est vivant », dit Jihad, fou de joie.
* Les noms ont été modifiés afin de protéger l’identité des personnes concernées.