Indonésie : bulletin n° 6 - 19 avril 2005

  Situation générale  

Le tsunami provoqué par le séisme sous-marin du 26 décembre 2004 a fait un nombre considérable de victimes sur les côtes de Sumatra : à ce jour, les corps de 126 915 personnes ont été récupérés et enterrés dans 15 districts de la province d'Aceh, et 37 063 personnes sont toujours portées disparues (ce chiffre a été revu à la baisse après qu'on a recensé dernièrement les personnes déplacées). En outre, 514 150 sans-abri se trouvent répartis sur 21 districts de la région ; la majorité d'entre eux (480 261) ont été accueillis par des familles, tandis que les autres ont trouvé refuge dans des camps provisoires.

La Croix-Rouge indonésienne ou Palang Merah Indonesia (PMI) et d'autres groupes de bénévoles organisés ont désormais récupéré la plupart des corps, mais il leur faut poursuivre ce dur labeur dans certains villages reculés où les habitants sont de retour et commencent seulement à dégager les lieux, dans un combat pour repartir à zéro.

Les travaux de reconstruction continuent sur la route principale qui relie les campements le long de la côte ouest, avec plus de 50 ponts à rebâtir. En général, les endroits ont été presque entièrement déblayés. L'électricité a été rétablie, mais l'accès à l'eau potable reste un problème. La situation d'urgence a officiellement pris fin le 26 mars, et le gouvernement ainsi que les organisations humanitaires concentrent actuellement leurs efforts sur la coordination, la planification et la mise en œuvre de la phase initiale du processus de reconstruction.

Depuis décembre, l'île a été régulièrement frappée par des répliques du séisme, mais le 28 mars, un second tremblement de terre de forte magnitude s'est produit : d'une force de 8,7 sur l'échelle de Richter, avec son épicentre près de l'île de Nias, ce séisme a fait d'autres victimes et causé des déplacements, des stress traumatiques et des dégâts structurels sur l'île ainsi que dans les districts d'Aceh Singkil, de Simeulue et d'Aceh Selatan. Le CICR et la PMI ont fourni tous deux des secours non alimentaires à la population de Singkil, sur la côte.

Toutes les composantes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les Sociétés nationales et le CICR – travaillent maintenant ensemble pour aider la PMI à soutenir les personnes touchées par les deux séismes.

  Vue d'ensemble des principales activités menées par le CICR dans la région  

  Le CICR termine progressivement la phase d'urgence de son opération humanitaire en faveur des victimes du tsunami. Mais il continue à collaborer avec la PMI pour :  

•   distribuer du matériel de reconstruction et de nettoyage aux populations revenant dans leur village d'origine ;  

•   assainir les puits dans ces villages ;  

•   fournir des soins de santé (après avoir installé un hôpital de campagne) et approvisionner en secours les dispensaires existant déjà ;  

•   rétablir les liens familiaux et réunir des enfants non accompagnés avec leur famille.  

  Le CICR s'emploie maintenant à mettre en place des mécanismes de coordination au sein du Mouvement international pour assurer l'assistance humanitaire. Parallèlement, il a repris les activités qu'il conduisait avant le tsunami, relatives au conflit armé : visites aux détenus conformément aux critères habituels du CICR, courtes séances d'information sur le Mouvement et les principes essentiels du droit international humanitaire, destinées aux membres des forces armées indonésiennes arrivant dans la province, avant leur déploiement sur le terrain.  

  Depuis le 26 décembre, le CICR a :  

•   mis sur pied un hôpital de campagne entièrement opérationnel (les équipements et le personnel de départ étaient fournis par la Croix-Rouge de Norvège), qui a réalisé 478 opérations et prodigué des soins ambulatoires à près de 8 000 patients ;  

•   fourni des secours à environ 311 500 bénéficiaires (articles non alimentaires comprenant ustensiles de ménage, tentes, bâches goudronnées, articles d'hygiène et nécessaires pour nourrissons, sous-vêtements et matériel communautaire de nettoyage et de reconstruction ; des distributions à court terme de colis alimentaires ont également été effectuées auprès de 30 000 bénéficiaires en attendant que d'autres organismes humanitaires puissent établir leurs lignes d'approvisionnement) ;  

•   assaini 280 puits situés dans des villages afin que la population ait accès à de l'eau potable, une des conditions premières au retour des personnes déplacées ;  

•   permis à 3 132 familles de reprendre contact après le tsunami et réuni 28 enfants non accompagnés avec des parents proches  

•   organisé cinq séances d'informations générales sur la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge et les règles fondamentales de droit international humanitaire pour les troupes indonésiennes récemment arrivées à Aceh ;  

•   fourni des articles d'hygiène et d'autres produits de première nécessité à des détenus et leur a permis de rétablir des contacts avec leur famille après le tsunami.  

  Informations supplémentaires et statistiques  

  Coopération avec la PMI et d'autres membres du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge  

Dans les jours qui ont suivi le tsunami, le CICR a apporté un soutien matériel, logistique et financier aux activités de la PMI. Au début, la Société nationale s'est attachée à évacuer les morts et à distribuer des secours. La coopération se situe désormais à un niveau plus élevé ;

par exemple, dix volontaires spécialisés (médecins et infirmiers) travaillent actuellement à l'hôpital de campagne de la PMI et du CICR.

D'autres composantes du Mouvement ont également été opérationnelles dans la province d'Aceh, depuis la catastrophe du tsunami. Il s'agit de la Fédération internationa le et de nombreuses Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Alors que certaines des opérations d'urgence menées par les Croix-Rouges allemande, espagnole, française et japonaise et la Société du Croissant-Rouge turc arrivent doucement à leur terme, de nouvelles équipes de la Croix-Rouge planifient des projets visant à appuyer les efforts de relèvement et de reconstruction déployés par la PMI. À présent, 20 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de même que la Fédération internationale, le CICR et la PMI élaborent les mécanismes et les règlements qui permettront la mise en œuvre de futurs programmes destinés, par exemple, à remettre sur pied le service ambulancier de la PMI, à créer des cliniques mobiles, à mettre en place des programmes de soutien psychologique, à rétablir l'approvisionnement en eau, à reconstruire des habitations, des écoles et des centres de santé, à restaurer l'infrastructure de la PMI et à renforcer ses capacités d'intervention d'urgence.

  Rétablissement des liens familiaux  

Depuis le 6 janvier de cette année, le CICR et la Croix-Rouge indonésienne ont contribué au rétablissement des liens familiaux dans 3 132 cas, principalement au moyen de téléphones satellitaires. Leurs équipes ont travaillé dans tous les districts de la province d'Aceh touchés par la catastrophe. Ils ont enregistré les noms de 16 597 survivants sur les listes I am alive (je suis vivant) et ceux de 21 519 personnes portées disparues sur les listes I am looking for (je recherche). Ces deux types de listes ont été imprimés dans des fascicules et sur des affiches, distribués à travers le réseau CICR et Croix-Rouge indonésienne et publiés dans trois journaux, ce qui permet à la population de parcourir rapidement les noms de proches disparus. Aujourd'hui, près de quatre mois après la catastrophe, l'utilisation de ces listes est revue à la baisse ; elle sera remplacée par l'échange de messages Croix-Rouge, là où ce sera nécessaire et approprié.

Les équipes de recherches ont enregistré 39 enfants non accompagnés sur l'ensemble de la province et en ont réuni 28 avec leurs parents ou d'autres membres proches de la famille.

  Protection  

Après le tsunami, des visites ont eu lieu dans 13 lieux de détention relevant du ministère de la Justice et des Droits de l'homme, ainsi que de la police, pour évaluer les besoins en soins médicaux, en eau et habitat. Une assistance adéquate y a ensuite été fournie (1 740 assortiments d'articles d'hygiène, des bâches, des tentes, etc.).

Des visites de suivi dans six lieux de détention ont été effectuées, conformément aux critères habituels du CICR.

  Promotion du droit international humanitaire  

Plus de 3 000 militaires indonésiens ont assisté à cinq exposés, à leur arrivée dans la province et avant leur déploiement sur le terrain. On leur a rappelé les règles essentielles du

droit humanitaire et on les a informés sur les méthodes de travail et les activités du CICR et de la Société nationale.

  Aide d'urgence et sécurité économique  

Le CICR a distribué 56 300 articles ménagers et 7 218 colis familiaux directement aux familles dans les lieux pour personnes déplacées, et ce, dans toute la province. Il a fourni d'autres articles non alimentaires à 68 137 familles : 113 395 nattes, 225 381 couvertures, 57 975 bâches, 29 000 bouteilles de 2 l contenant du kérosène, 3 226 assortiments de sous-vêtements, 1 693 articles pour bébés, 608 tentes et 2 490 assortiments d'articles d'hygiène.

Une assistance alimentaire à court terme (riz, huile à friture, pâtes, sardines, sucre, sel, lait et biscuits) a été distribuée à 36 000 bénéficiaires, et 18 202 familles ont reçu 300 assortiments communautaires de matériel de nettoyage afin qu'elles puissent déblayer leur village. En outre, 8 452 familles dispersées tout le long de la côte est ont reçu 170 lots de matériaux de construction pour commencer à reconstruire leurs maisons.

  Services de santé  

L'hôpital de campagne spécialisé, soutenu par le CICR et la Société nationale, à Banda Aceh est opérationnel depuis la mi-janvier. L'hôpital, qui est composé de tentes et a une capacité de 100 lits, est un don de la Croix-Rouge de Norvège. Il offre à l'ensemble de la population des services médicaux, chirurgicaux, pédiatriques, gynécologiques et de rééducation physique. Au moins 32 cas urgents ont été évacués depuis la côte ouest, sur toute sa longueur, vers cet hôpital. Sur les 685 patients admis, 509 avaient besoin de soins chirurgicaux et 147 nécessitaient un autre traitement. Le personnel de l'hôpital a procédé à 478 opérations et 18 césariennes, et a vu naître 53 bébés. Le nombre de consultations ambulatoires s'élève à 7 950 ; 689 radiographies ont été réalisées, de même que 731 tests de laboratoire. Le taux d'occupation est resté stable à 50 %.

Des médicaments et du matériel médical, qui manquaient cruellement, ont été remis régulièrement à Bierun, Aceh Utara et Aceh Timur, sur la côte nord, ce qui a permis aux centres de santé et aux hôpitaux de garder un stock d'antibiotiques, de matériel pour pansements, de liquides pour perfusion et d'équipements.

Les installations prévues pour les patients ayant quitté l'hôpital et ceux qui ne pouvaient rentrer chez eu x et qui tous avaient besoin d'un suivi médical ont fonctionné pendant les cinq semaines nécessaires. En tout, elles ont accueilli 20 patients sortis de l'hôpital et les membres de leur famille.

  Eau et assainissement  

Le CICR a fourni 53 t de produits chimiques au service local des eaux à Banda Aceh, afin que la population ait accès à l'eau potable.

L'hôpital du CICR et de la Croix-Rouge indonésienne ainsi que deux camps temporaires reçoivent chaque jour 70 000 l d'eau. Par ailleurs, le ramassage des ordures a été organisé.

Depuis que les gens commencent à rentrer dans leur village dévasté, 256 puits ont été assainis et protégés dans les villages d'Aceh Besar. À Aceh Utara et Bierun, 24 puits ont été

remis en état et deux autres construits. De l'eau potable a également été fournie dans deux endroits publics.

  Informations complémentaires :  

  Bernt Appeland, CICR Aceh, tél. : + 62 811 982 504 / CICR Jakarta, tél. : + 62 21 720 72 52  

  Vincent Lusser, CICR Genève, tél. : + 41 22 730 24 26/+ 41 79 217 32 64