Libye : des milliers de libyens recherchent des proches disparus

28-08-2012 Images pour les TVRef.. AV031N

Alors que la Libye tente de se relever du conflit de l'année dernière, les plaies restent à vif. En cette Journée internationale des personnes disparues, des milliers de familles libyennes ne savent toujours pas ce qu'il est advenu de proches disparus du fait de ce conflit et de l'ancien régime.

  • Images pour les télévisions, diffusées sur Eurovision News à partir du 28 août 19:30 GMT
  • Images disponibles sur le site « Video Newsroom » du CICR
  • Informations complémentaires : Nicola Fell CICR, Genève, tel: +41 79 217 32 82, e-mail

Alors que la Libye tente de se relever du conflit de l'année dernière, les plaies restent à vif. En cette Journée internationale des personnes disparues, des milliers de familles libyennes ne savent toujours pas ce qu'il est advenu de proches disparus du fait de ce conflit et de l'ancien régime.  

Ossama à la recherche de son père

Il y a un an, pendant que les combats faisaient rage à Tripoli, le père d'Ossama al-Haloj a disparu. Ossama et sa famille ont cherché partout pour savoir ce qui lui était arrivé. « Nous avons vu sur YouTube cette photo montrant trois morts. C'est lui (mon père). Il porte les mêmes vêtements que quand il a quitté la maison. »

À partir d'indices tels qu'un impact de balle dans le mur et la couleur du dallage du trottoir, Ossama a conclu que son père était mort pendant la bataille de Bab al-Aziziya.  Des témoins habitant tout près ont également confirmé avoir vu le père d'Ossama quand il a été tué, avec d'autres personnes.

« C'est là qu'on lui a tiré dans la tête »,  dit le jeune homme.

La personne suspectée d'avoir tué le père d'Ossama a été arrêtée récemment, mais le corps n'a toujours pas été retrouvé. Ossama affirme : « Bien sûr, il est important que nous sachions où est sa dépouille, pour pouvoir aller sur sa tombe – et de toute façon, juste pour savoir. »

Sumaya et Awatif cherchent leurs trois frères

Deux sœurs, Soumaya et Awatif Bin Abr, recherchent elles aussi désespérément des membres de leur famille qui ont disparu.   

À peu près à l'époque où le père d'Ossama a été tué, on a enfin eu accès à une fosse commune dont on soupçonnait l'existence après que 1 200 détenus eurent disparu dans la prison d'Abu Salim en 1996.  Soumaya et Awatif pensent que leurs trois frères font partie des détenus tués.  

Pendant 12 ans, jusqu'en 2008, elles ont vécu dans l'espoir que leurs frères étaient toujours vivants. Awatif explique l'angoisse de ne pas savoir. « C'est différent quand on vous remet un corps après un décès – vous savez que c'est votre parent, vous acceptez sa mort et vous le pleurez. Mais quand on a emmené un proche, qu'on l'a mis en prison, tué et enterré et que vous ne savez pas vraiment ce qui est arrivé, cela fait vraiment mal. »

En 2008, la famille a reçu un certificat de décès qu'elle croit être un faux, n'indiquant pas les véritables causes de décès. Aucune des familles des détenus disparus n'a jamais reçu les dépouilles mortelles, et de nombreuses rumeurs sinistres circulent sur ce qui est arrivé aux corps. « Ce que nous demandons, c'est leurs corps, dit Soumaya, afin de pouvoir les enterrer selon la loi islamique et près de nous, pour pouvoir aller sur leurs tombes. »  

Le CICR et les personnes disparues

Laurent Saugy, coordinateur Protection au CICR, explique que dans le conflit libyen, des familles de tous les bords connaissent l'angoisse d'avoir des proches disparus : « Il y a eu en Libye plusieurs événements où des gens ont disparu, ont été arrêtés ou sont morts et où les familles ne savent tout simplement rien. Elles n'arrivent pas à faire leur deuil. Ce n'est pas juste une question d'obligation légale, c'est une question d'humanité. »

Des milliers, voire des dizaines de milliers, de proches de disparus ne peuvent pas aller de l'avant, se remarier, faire valoir leurs droits à l'héritage ou simplement organiser des funérailles sans un certificat de décès ou les restes de la personne disparue.

En vertu du droit international humanitaire, les familles de disparus ont le droit de savoir ce qui est arrivé à leurs proches. Le CICR continue d'aider le ministère libyen des Familles des martyrs et des disparus à déterminer ce qu'il est advenu des personnes portées disparues. Il apporte conseils, formation et soutien opérationnel en vue de la récupération et de l'identification des restes humains.

Le CICR est une organisation impartiale, neutre et indépendante qui a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des personnes touchées par les conflits armés et d'autres situations de violence (y compris la dignité des morts) et de porter assistance à ces personnes.   
Le CICR ne se livre à aucun type d'activité de nature politique ou religieuse, que ce soit en Libye ou ailleurs. Il est présent dans 80 pays à travers le monde.

Liste des plans

0:00 Vue générale, Tripoli
0:04 Divers décombres et bâtiments effondrés
0:17 Ossama sur le lieu de la photo – trouve une balle
EXTRAIT SONORE Ossama Al Haloj (en arabe)
0:43 « L'impact de balle dans le mur – vous pouvez le filmer – et vous pouvez le voir sur la photo. »   
1:00 « Nous avons trouvé sur YouTube cette photo montrant trois morts. C'est lui (mon père). Il porte les mêmes vêtements que quand il a quitté la maison. »  
1:36 « C'est là qu'on lui a tiré dans la tête. »    
1:39 Gros plan de la photo
1:45 Prison d'Abu Salim
1:48 Les sœurs marchant à l'extérieur de la prison
1:55 Sur un mur de la prison, peintures représentant des exécutions de détenus
1:58 La prison vue d'en haut
2:03 Les sœurs entrant dans la prison
2:08 Gros plan des visages des sœurs
2:12 Diverses vues des sœurs debout en dessous des cellules
2:25 EXTRAIT SONORE Awatif Bin Jabr (en arabe)
« C'est différent quand on vous remet un corps après un décès – vous savez que c'est votre parent, vous acceptez sa mort et vous le pleurez. Mais quand on a emmené un proche, qu'on l'a mis en prison, tué et enterré et que vous ne savez pas vraiment ce qui est arrivé, cela fait vraiment mal. »
2:45 Cellule à travers un trou dans le mur
2:49 EXTRAIT SONORE Soumaya Bin Jabr (en arabe)
« Ce que nous demandons, c'est leurs corps, afin de pouvoir les enterrer selon la loi islamique et près de nous, pour pouvoir aller sur leurs tombes. »  
3:09 Parois de cellules
3:13 Les deux femmes sortant de cellules
2:17 EXTRAIT SONORE Laurent Saugy, coordinateur protection au CICR (en anglais)
« Il y a eu en Libye plusieurs événements où des gens ont disparu, ont été arrêtés ou sont morts et où les familles ne savent tout simplement rien. Elles n'arrivent pas à faire leur deuil.  
3:36 Il y a des milliers de disparus, donc encore beaucoup plus de proches désespérés.
3:44 Ce n'est pas seulement une question d'obligation légale, de droit légal de savoir, c'est une question d'humanité. »
3:54 FIN

Informations complémentaires :
Soaade Messoudi, CICR Tripoli, tél. : + 881 622 435 156 ou  + 218 913 066 198
Steven Anderson, CICR Genève, tél. : + 41 79 536 92 50 ou + 41 22 730 20 11

  • Copyright: ICRC access all
  • Année: 2012
  • Lieux de tournage: Libye
  • Durée: 3'54 min.
  • Disponible en : anglais, français, arabe
  • Référence: AV031N

Format: Mpeg2 / 16:9 anamorphic / SD