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Afghanistan/Pakistan : mettre l’humanitaire à l’ordre du jour

01-04-2009 Conférence de presse

Juste avant la conférence de La Haye sur l’Afghanistan et le Pakistan, le chef des opérations du CICR en Asie du Sud, Jacques de Maio, a demandé que les considérations humanitaires figurent en bonne place à l’ordre du jour. Compte-rendu.

     

     
   
     
          Le facteur humanitaire
 

M. de Maio commence par appeler la communauté internationale, les gouvernements afghan et pakistanais et les groupes d’opposition armés à tenir compte de la situation humanitaire lorsqu’ils élaborent et mettent en œuvre leurs programmes politiques et militaires.

Le conflit produit un impact dramatique sur une large part de la population que les travailleurs humanitaires et les journalistes ne peuvent pas atteindre. Toutes les parties participant aux violen ces ont le devoir de conduire leurs opérations de façon à respecter les civils, les prisonniers, les malades et les blessés.

« Les guerres propres n’existent pas    », concède-t-il, avant de souligner : « le droit international humanitaire s’applique en Afghanistan et au Pakistan, et le respect de ses principes de protection, de distinction, de proportionnalité et de précaution pourrait y être considérablement accru. Une application plus stricte du droit de la guerre réduira le nombre de victimes parmi les civils et autres non combattants. » M. de Maio fait remarquer qu’aujourd’hui plus que jamais, les civils subissent les conséquences du conflit armé en Afghanistan et au Pakistan. « Trop d’entre eux sont tués, mutilés, humiliés et privés de traitement médical en raison des combats et de l’insécurité.   »

  Davantage de combats, davantage de victimes
 

M. de Maio ne se fait aucune illusion sur le futur immédiat : « Le conflit armé en Afghanistan gagne en intensité et s’étend, dit-il. L’élargissement de la surface commune aux diverses parties en conflit entraînera inévitablement une augmentation des souffrances et des violations potentielles du droit humanitaire. Au Pakistan, le conflit et l’insécurité due aux porteurs d’armes persisteront probablement, tout comme l’impact qu’ils produisent sur les civils.   »

  Un écart croissant entre besoins et assistance
 

Alors que les besoins humanitaires sont voués à croître en Afghanistan et au Pakistan, l’assistanc e fournie suffit de moins en moins à y répondre. De nombreuses zones du Pakistan et d’Afghanistan sont inaccessibles aux institutions humanitaires, y compris au CICR, même s’il bénéficie encore d’un accès spécial. Par conséquent, les personnes qui y vivent ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin. Mais le CICR intensifie ses efforts à mesure que les besoins augmentent. Selon M. de Maio, « le CICR a déjà intensifié ses opérations dans les domaines de la protection, de l’assistance et de la santé, et étendra encore considérablement ses activités en 2009   ».

  Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays
 

Il est impossible de se procurer des chiffres exacts, mais le CICR sait que 200 000 à 350 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Pakistan depuis août 2008. « Il est difficile d’obtenir des statistiques précises, car la population déplacée change et se déplace constamment, explique M. de Maio. Les habitants de la région disposent de bons mécanismes de survie, ils sont mobiles, et ils peuvent souvent compter sur l’aide de proches ou de membres de leur clan. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux vivent en dehors des camps organisés.   »

Par ailleurs, le CICR ne dispose pas de chiffres exacts sur les personnes déplacées en Afghanistan. Il est très difficile d’y accéder, voire souvent impossible. Néanmoins, il est possible d’affirmer que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont récemment été contraintes de se déplacer dans le pays.

En à peine deux ans, le rôle du CICR en matière d’aide aux personnes déplacées s’est considérablement élargi. De zéro en 2007, le nombre de déplacés internes assistés par l’institution a atteint 40 000 en 2008 et il est probable qu’en 2009 ce chiffre dépassera les 140 000. La plupart des personne s déplacées à cause des hostilités ou des conditions de sécurité au Pakistan se trouvent dans le district de Swat, dans d’autres régions de la province de la Frontière du Nord-Ouest et au Balouchistan, ainsi que dans les zones tribales, en particulier celles de Mohmand et Bajaur.

Comme le fait remarquer M. de Maio, l’assistance apportée par le CICR à ces déplacés internes varie en fonction de leurs besoins. « Nous distribuons des vivres dans certaines zones, aux familles et aux communautés les plus vulnérables. Il ne s’agit pas de nourrir des camps entiers.    » Dans d’autres cas, l’institution fournit des articles de ménage essentiels. Dans certaines zones, les activités portent sur l’approvisionnement en eau et l’assainissement, et les soins de santé sont un élément majeur, le CICR fournissant des services soit directement, soit par le biais d’autres organes, notamment le Croissant-Rouge du Pakistan. « Le CICR travaille en toute indépendance et sans escorte armée. Le but est notamment de s’assurer que l’aide est à la fois utile et responsable, mais aussi de faire en sorte que notre position neutre soit claire pour tout le monde », ajoute-t-il.
 

  Victimes des combats
 

Personne ne peut donner de chiffres précis concernant le nombre de personnes blessées dans les combats. Cependant, le nombre de blessés de guerre, civils et combattants confondus, arrivant dans les structures médicales soutenues par le CICR a augmenté de 50% cette dernière année. « Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, avertit M. de Maio, les personnes qui survivent jusqu’à leur arrivée dans les structures du CICR. Beaucoup d’autres meurent faute d’être soignées à temps   ».
 

  Soins de santé au Pakistan
 

En collaboration avec la Croix-Rouge finlandaise, le CICR a ouvert un hôpital de campagne en attendant la fin des travaux de rénovation de l’hôpital chirurgical de Peshawar. L’installation, sous tente, accueille un grand afflux de patients du Pakistan et d’Afghanistan. « Peshawar est la structure de santé phare du CICR au Pakistan, mais ce n’est qu’un élément d’une stratégie globale qui comprend des structures médicales d’appoint, les postes de premiers secours du Croissant-Rouge du Pakistan et des unités de soins de santé primaires   », explique M. de Maio. Le CICR gère dix structures médicales au Pakistan.

  Soins de santé en Afghanistan
 

M. de Maio souligne que les opérations de santé du CICR sont relativement différentes en Afghanistan. « Nous gérons ou soutenons des dizaines de structures de santé en Afghanistan. Nous soutenons des hôpitaux du gouvernement, comme l’hôpital Mirwais à Kandahar, ainsi que des programmes médicaux et sanitaires locaux, et nous gérons des programmes conjointement avec le Croissant-Rouge afghan et le ministère de la Santé afghan.   » Le CICR gère en outre des postes de premiers secours et des centres de soins de santé primaires conjointement avec le Croissant-Rouge afghan.
 

  Sécurité du personnel humanitaire
 

Alors que le CICR est présent dans de nombreuses régions d’Afghanistan et dans le nord-ouest du Pakistan, « de larges parts des zones frontalières du Pakistan et d’Afghanistan sont inaccessibles, même pour le CICR, du moins parfois, explique M. de Maio, car nous ne pouvons pas obtenir les garanties de sécurité nécessaires.   » M. de Maio signale que la situation d e sécurité est extrêmement complexe : « Il est important de comprendre qu’en plus des conflits, la région vit une situation complexe faite de violence armée locale et d’insécurité, notamment des enlèvements, des prises d’otages et des crimes à grande échelle. Cette insécurité omniprésente nuit au travail du CICR.   » Cependant, le réseau du CICR, sa collaboration avec le Croissant-Rouge afghan et le Croissant-Rouge du Pakistan, et avec les autorités et les communautés locales, ainsi que ses relations avec l’opposition armée, lui permettent d’accéder à de nombreux endroits où son aide est nécessaire. Cet accès lui permet d’aider les déplacés internes, les habitants civils, les malades, les blessés et les détenus. Comme le relève M. de Maio : « Même ceux qui s’opposent à la présence d’organismes externes reconnaissent la neutralité, l’indépendance et les méthodes de travail du CICR. Par conséquent, il travaille dans des zones auxquelles d’autres organismes n’ont pas accès.   »