Points essentiels des activités de la délégation régionale du CICR en Côte d'Ivoire pour 2005
31-12-2005 Point sur les activités
INTRODUCTION
Le pays reste divisé en deux zones depuis le déclenchement de la crise, le 19 septembre 2002. L'une est contrôlée par les autorités gouvernementales (sud) et l'autre par les forces de l'opposition armée (nord). Une zone démilitarisée, dite " zone de confiance " , fait office de ligne de démarcation.
L'accord portant sur la cessation des hostilités signé le 6 avril 2005 à Pretoria n'a pas suffi à débloquer la situation. Le désarmement est au point mort et la commission électorale indépendante n'a pas encore entamé ses travaux.
Les divergences de vue n'ont pas permis la tenue d'élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels (fin octobre 2005). Pour tenter de sortir le pays de la crise, la Communauté internationale a approuvé, le 21 octobre 2005, la résolution 1633 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle prévoit, entre autres :
le maintien du Président dans le rôle de "chef de l'État à partir du 31 octobre 2005 pour une période n'excédant pas 12 mois" ;
la nomination "d'un nouveau premier ministre acceptable par toutes les parties ivoiriennes signataires de l'Accord de Linas-Marcoussis" et
la tenue des élections "au plus tard le 31 octobre 2006" .
Les résultats des élections présidentielles, organisées à la suite du décès du président Gnassingbe Eyadema en février 2005, ont déclenché des confrontations très violentes aussi bien dans la capitale qu'à l'intérieur du pays. Depuis la formation d'un nouveau gouvernement, des initiatives et des décisions ont été prises en vue d'apaiser les tensions. Le dialogue intertogolais a repris et il devrait déboucher sur l'organisation d'élections législatives acceptables par tous les acteurs politiques.
L'ACTION EN 2005 DE LA DÉLÉGATION RÉGIONALE EN COTE D'IVOIRE
Des conditions de sécurité complexes dans plusieurs régions de la Côte d'Ivoire, tant au Sud qu'au Nord, ont entravé la liberté de circulation des habitants, en particulier dans les milieux ruraux. L'accès aux soins médicaux s'en trouve affecté et les quelques infrastructures médicales, encore en état de marche, fonctionnent grâce au seul soutien de donateurs externes ou d'organisations humanitaires. Dans le même temps, la production agricole tend à diminuer, la fourniture d'eau potable en milieu urbain devient plus problématique à assurer.
Le CICR a pu travailler sur l'ensemble du territoire national ivoirien. Dans le but d'être à même d'apporter une aide rapide, la délégation a consolidé son dispositif pour répondre aux besoins de la population victime de situations ponctuelles de violence. De même, elle a renforcé sa présence dans d'autres zones, parmi les plus sensibles du pays, notamment dans la zone de confiance.
D'après les besoins constatés par ses équipes sur le terrain, le CICR a mené des programmes visant à approvisionner la population en eau ainsi qu'en médicaments par le biais des structures existantes. Il a aussi effectué des distributions de biens de première nécessité et de vivres.
En parallèle aux programmes planifiés, et à la suite des débordements de violence qui ont affecté principalement la population civile, la délégation a organisé des évacuations de blessés, la construction d'abris et des distributions d'assistance en collaboration avec les secouristes de la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire (CRCI).
De nombreuses séances de diffusion destinées à tous les porteurs d'armes (Forces armées nationales de la Côte d'Ivoire - FANCI, comités d'autodéfense, Forces armées des Forces nouvelles – FAFN, etc.) ainsi qu'aux Jeunes patriotes ont permis à l'institution de mieux faire connaître son mandat et ses activités.
Des équipes venues d'autres Sociétés nationales (espagnole, française, hollandaise et iranienne) ont contribué pour leur part au renforcement de l'action humanitaire du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a maintenu une présence à Abidjan jusqu'en septembre 2005.
Au Togo, l'action du CICR s'est concentrée sur la réponse aux conséquences des violences qui ont émaillé le processus électoral. De nombreux blessés ont été assistés par les secouristes de la Croix-Rouge togolaise (CRT) avec le soutien du CICR. La situation des déplacés a été évaluée et une action d'assistance a été mise en oeuvre durant le mois de juin.
De même, des séances de diffusion sur le droit international humanitaire (DIH) en direction des leaders de jeunesse et des Forces armées togolaises ont été organisées en vue de les sensibiliser sur le respect des principes humanitaires et de leur devoir de faciliter l'action du CICR et de la Croix-Rouge togolaise en temps de crise.
Dans les autres pays couverts depuis la délégation régionale d'Abidjan (Bénin, Burkina Faso et Ghana), le CICR a poursuivi les programmes relevant de ses activités permanentes.
POINTS ESSENTIELS DES ACTIVITÉS DE LA DÉLÉGATION RÉGIONALE À ABIDJAN
En Côte d'Ivoire
Plusieurs centaines de personnes privées de liberté ont été suivies individuellement sur l'ensemble du territoire ivoirien à l'occasion de 233 visites effectuées dans 87 lieux de détention (prisons, camps militaires, postes de police, lieux transitoires).
Un programme nutritionnel thérapeutique ponctuel d'une durée de trois mois a été réalisé dans 6 lieux de détention.
Dans le cadre du rétablissement des liens familiaux, plus de 25 enfants (11 Libériens et 14 Ivoiriens) séparés des leurs parents en raison du conflit en Côte d'Ivoire et au Libéria ont été réunis avec leurs familles.
Les équipes du CICR en Côte d'Ivoire et au Ghana ont poursuivi la recherche des parents de 185 enfants libériens. Par ailleurs, 164 enfants ivoiriens ont continué à être suivis par le CICR au Liberia, en Guinée et au Ghana.
Environ 6,800 messages Croix-Rouge (MCR) ont été collectés et plus de 5,800 ont été distribués dans les cinq pays couverts par la délégation régionale (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo).
Au Togo
Des démarches ont été initiées en vue de conclure un accord entre la République du Togo et le CICR relatif aux activités humanitaires du CICR en faveur des personnes privées de liberté.
En Côte d'Ivoire
Environ 1,5 million de personnes au nord et à l'ouest ont eu accès à l'eau potable grâce à l'acheminement par le CICR de 957 tonnes de produits chimiques vers 70 centres de traitement d'eau potable. Ces réactifs ont permis le traitement de plus de 16,5 millions de mètres cubes d'eau potable.
À Korhogo, 3 stations temporaires ont été mises en service pour le traitement, le stockage et la distribution de 29 millions de litres d'eau potable afin de fournir des rations de survie pour environ 100,000 personnes pendant la sécheresse qui a duré plus de 3 mois.
L'accès aux soins de santé primaire a été assuré dans la partie Nord du pays par la livraison de médicament et de matériel chirurgical provenant de la Pharmacie de santé publique (PSP) d'Abidjan à 7 hôpitaux publics (Korhogo, Ferféssédougou, Katiola, Odiénné, Seguéla, Touba et Dabakala). L'approvisionnement a pu être garanti grâce au financement de l'Union européenne (UE).
86 centres de santé dans le Nord ont fonctionné sans rupture d'approvisionnemen t en médicaments depuis le début de l'année et durant le passage du soutien du CICR au programme de soutien UNICEF/UE.
Dans le cadre du projet " Cases de Santé " , réalisé dans l'Ouest du pays, le CICR a réhabilité et équipé 26 cases de santé de la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire ainsi que 3 centres de promotion de santé. Chacune de ces cases de santé a été dotée d'une réserve en médicaments afin de permettre aux 56 agents de santé communautaire, formés par le personnel médical du CICR, de dispenser les premiers soins et de traiter les maladies courantes.
Un séminaire de chirurgie de guerre de 2 jours a été organisé à l'intention des 21 chirurgiens chefs de tout le pays. Ils ont été formés à la gestion d'un afflux massif de blessés de guerre. Ils ont également pu se perfectionner dans le domaine du traitement des blessés de guerre et bénéficier de l'expérience théorique et pratique du CICR en la matière.
Près de 16,000 personnes affectées par la crise ivoirienne ont été assistées, selon les besoins constatés par les délégués du CICR. Il leur a été distribué :
- du matériel de première nécessité (44,500 savons ; 12,200 nattes ; 11,200 pagnes ; 3,000 seaux ; 2,800 sets de cuisine ; 500 bâches ; 270 houes et 225 pelles)
- des biens alimentaires (9,000 kg de riz ; 3,000 kg d'haricots ; 1,500 litres d'huile et 112 kg de sel).
Dans les régions de Man et de Bouaké, 14 institutions prenant en charge les groupes les plus vulnérables (handicapés, orphelins, malades mentaux) ont bénéficié d'une assistance mensuelle de la part du CICR, principalement alimentaire (160 tonnes de riz, 55 tonnes de haricots, 27 tonnes d'huile, 2 tonnes de sel, 1 tonne de farine de maïs et de soja enrichi aux vitamines et aux sels minéraux, 9,250 kg de savon). Environ 2,500 personnes ont pu recevoir chaque mois une demi-ration de vivres.
La réponse du CICR aux besoins essentiels de milliers de personnes déplacées en raison des débordements de violence aux alentours de Duekoué en mai 2005 s'est construite sur les actions suivantes:
- La mission catholique de Duékoué a reçu des médicaments de base pour la prise en charge de 6,000 personnes (essentiellement des femmes et des enfants).
- Le CICR a érigé en quelques jours, dans l'enceinte de la mission catholique de Duékoué, environ 1,600 mètres carrés d'abris d'urgence pouvant accueillir plus de 3,000 déplacés pour une courte durée. Il a par ailleurs fourni aux responsables de la mission des kits de matériel d'urgence (pagnes, nattes, matériel de cuisine et articles hygiéniques) pour 500 familles.
- Avec le soutien du CICR, les volontaires de la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire ont pu évacuer et donner les premiers soins à plus de 200 blessés, ainsi qu'assurer un support en personnel à l'hôpital. Trois kits de premiers secours pour 100 blessés chacun ont été donnés à l'hôpital de Duékoué et de Daloa pour la prise en charge des blessés.
Au Togo
Suite aux troubles ayant émaillé les élections du 26 avril 2005 :
Le CICR a fourni un kit chirurgical hospitalier pour 100 blessés de guerre au CHU de Tokoin à Lomé. Il a également fourni du matériel de pansement pour 1,000 blessés à la Croix-Rouge togolaise (CRT) et à différentes structures de santé locales. Environ 900 blessés ont été évacués par plus de 1,200 volontaires et secouris tes de la CRT mobilisés dans 30 différentes localités, dont la capitale togolaise.
Le Centre Médical Cataluña de la CRT a reçu du matériel médical dont 30 brancards, 9 kits de premiers secours et 15 cartons de produits médicaux.
800 kits familiaux (pagnes, nattes, matériel de cuisine et articles hygiéniques) ont été distribués à plus de 860 familles déplacées, soit au total 4,305 personnes dans 45 localités (essentiellement dans la région des plateaux et dans la région maritime).
En Côte d'Ivoire
10,000 participants ont été sensibilisés, lors de 110 séances de diffusion, au droit international humanitaire (DIH), le mandat, les activités et le mode d'action du CICR. Les différents parterres étaient composés de troupes des Forces Armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI), des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), des officiers des forces internationales (ONUCI), des forces d'autodéfense et des " dozos " . Des séances d'information ont aussi été réalisées auprès de responsables des Jeunes patriotes et des membres de la société civile tels que les autorités religieuses et traditionnelles, la population civile, les enfants non scolarisés et les ONG.
Le CICR a organisé un symposium sur la protection de l'emblème croix rouge et une journée d'information au Parlement ivoirien dans le but de promouvoir la mise en œuvre du droit international humanitaire (DIH) en Côte d'Ivoire. Par ailleurs, il a animé un séminaire sur le DIH et la protection des victimes de conflits armés à l'intention de 80 personnes issues du corps préfectoral.
Le CICR, en collaboration avec l'état-major des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire, a procédé à la remise officielle du " Manuel du soldat " (version ivoirienne). Ce manuel, élaboré par un groupe de travail de l'état-major des FANCI, est un résumé des règles de base du DIH et servira à l'intégration de ce droit dans l'instruction et la formation militaire.
60 journalistes de la presse écrite, radio et TV ont participé à deux ateliers de presse organisés dans le Nord et le Sud de la Côte d'ivoire.
Une large utilisation des médias locaux a permis, d'une part, de relayer les préoccupations humanitaires du CICR et de présenter sa réponse aux problèmes de la population affectée par la crise et, d'autre part, de rappeler la pertinence du DIH dans le contexte actuel. Un accent particulier a été mis sur les principes de neutralité, d'indépendance et d'impartialité au travers de trois spots radio qui ont été diffusés plus de 300 fois, tant au niveau local que national.
Un appui technique a été fourni au ministère de l’Éducation nationale pour le lancement et l'intégration du projet EDH « Explorons le Droit Humanitaire » dans l'enseignement scolaire. Dans le cadre de ce projet, destiné à permettre aux élèves de la 6ème à la 3ème de s’imprégner des principes et des valeurs humanitaires, environ 100 encadreurs pédagogiques et 300 enseignants ont participé à des ateliers de formation organisés par le CICR.
Burkina Faso
Plus 80 élèves diplomates et magistrats de l'École nationale d'administration et 100 étudiants en droit ont été sensibilisés au DIH ainsi qu'aux principes et aux activités de la Croix-Rouge au cours de 2 journées de diffusion.
27 sous-officiers et officiers venant des principaux centres d'instruction / écoles militaires ont participé à un atelier de formation de formateurs sur le droit international humanitaire (DIH) organisé par le CICR à Ouagadougou.
Au Togo
Deux séances de diffusion onz été organisées à l’intention de 1,200 recrues des Forces armées togolaises. Les séances ont porté sur le Mouvement Croix-Rouge / Croissant-Rouge et sur les principes humanitaires qui doivent guider le comportement des recrues dans les opérations auxquelles elles participent, avec un accent particulier sur la neutralité et le respect de l'emblème croix rouge.
Pendant la phase aiguë de la crise, le CICR s'est engagé dans une campagne publique / campagne de presse afin de sensibiliser le grand public togolais à la mission de l'institution Croix-Rouge et à ses principes d'action. Par ailleurs, il a organisé une journée d'information sur ses activités et sur le DIH à l'intention des rédacteurs en chef de 20 médias.
En Côte d'Ivoire
Dans le cadre des 5 campagnes d'éducation sanitaire organisées dans les villes de Marcory, Koumassi, Boundiali, San-Pédro, et Danané, plus de 100 volontaires ont participé à des activités de diffusion sur les principes et les idéaux de la Croix-Rouge. Ont été organisés : des consultations gratuites, le curage de caniveaux, des visite à domicile pour la sensibilisation sur l'hygiène et le suivi des carnets de vaccination.
Un dispositif d'urgence a été mis en place autour du 30 octobre (date prévue pour les élections présidentielles). Les comités locaux de la Croix-Rouge ivoirienne ont reçu du matériel de premier secours pour garantir les premiers soins à 600 bl essés et ils ont pré- positionné, dans les endroits stratégiques, des moyens de transport et de communication.
Différents cours de formation ont permis de former 120 secouristes, 66 responsables de secours et chefs de brigade, 25 nouveaux diffuseurs, 20 dirigeants et cadres de la Société nationale, 20 animateurs de radio de proximité, 14 opérateurs radio et 10 encadreurs pour les clubs EDH (Explorons le droit humanitaire).
Au Togo
Le CICR a apporté une aide spéciale à la Croix-Rouge togolaise dans l'élaboration et la supervision du plan de contingence mis en œuvre lors des événements sociopolitiques que le Togo a connus en début d'année.
Différents ateliers de formation ont permis de former 45 volontaires dans le domaine des secours en situation conflictuelle ou de violences internes, 25 nouveaux formateurs en secours d’urgence, 14 secouristes dans le service de recherche et de réunification des familles séparées en raison des conflits, 10 opérateurs radio, 6 nouveaux diffuseurs.
Lors de 20 journées de sensibilisation, plus de 660 secouristes des Croix-Rouge burkinabé et togolaise ont été informés sur les principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Une soixantaine de participants (autorités, habitants, anciens membres de la Croix-Rouge burkinabé) ont été enregistrés à chacune des neuf séances de diffusion publique.
38 personnes exerçant des responsabilités dans la gouvernance de la Croix-Rouge togolaise ont participé à trois journées d'information sur le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.