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Gaza : des familles visitent leurs proches en détention après deux ans de séparation

« J’ai passé la nuit à penser au moment où j’allais enfin revoir mon père. Je voulais lui parler de l’école et de mes amis, lui dire à quel point la vie était difficile sans lui, et lui raconter quel bon joueur de foot je suis devenu », explique Ali, 16 ans.

Après deux ans de suspension des visites depuis l'introduction de restrictions liées au Covid-19, les familles gazaouies peuvent enfin visiter leurs proches détenus dans des prisons israéliennes.

En sa qualité d'intermédiaire neutre, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a facilité la première visite à la prison de Nafha le mardi 29 mars 2022, permettant ainsi à 37 épouses, mères, pères et enfants de se rendre à nouveau auprès de leurs proches.
« Lorsqu'on m'a informée de la visite, j'ai passé une nuit blanche à penser à mon fils », raconte Seniora, mère d'un détenu, âgée de plus de 70 ans.

Les familles se sont parées de leurs plus beaux vêtements, comme si elles s'apprêtaient à célébrer l'Aïd, puis elles se sont mises en route. Ce fut un long périple : départ de Rafah à trois heures du matin, traversée du point de passage d'Erez vers sept heures, et arrivée à la prison de Nafha sur les coups de huit heures trente.

Les familles étaient à la fois excitées et anxieuses. Une tornade d'émotions a traversé leurs visages lorsque l'heure de la visite est enfin venue.

CICR

« Nous avons passé toute la visite à nous envoyer des baisers à travers la vitre du parloir », raconte Seniora.

« Lorsque j'ai revu mon fils après deux années loin de lui, j'ai eu envie de casser cette vitre qui nous séparait. J'avais tellement besoin de le serrer dans mes bras », se rappelle Amal, une autre mère.

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Physiquement épuisées, les familles ont dû remonter dans les cars du CICR pour prendre le chemin du retour. Devoir à nouveau se séparer de leurs proches a été difficile sur le plan affectif, mais elles attendent aussi la prochaine visite avec impatience.

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« Nous souhaitons adresser nos sincères remerciements à toutes celles et tous ceux qui ont permis cette visite, et en tant qu'intermédiaire neutre, nous sommes heureux d'avoir pu faciliter ces retrouvailles après deux longues années », déclare Mirjam Lea Mueller, cheffe de la sous-délégation du CICR à Gaza.

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Les visites familiales aux Palestiniens détenus dans des centres de détention israéliens sont une bouée de sauvetage émotionnelle, non seulement pour les personnes se trouvant derrière les barreaux, mais aussi pour les proches qu'elles laissent derrière elles.

Depuis 1968, le CICR met en œuvre un programme de visites familiales qui permet aux personnes protégées vivant dans les territoires occupés (bande de Gaza, Cisjordanie avec Jérusalem-Est, et le Golan) de rendre visite à leurs proches emprisonnés dans des centres de détention israéliens.