Communiqué de presse

Guantanamo : les conditions de détention doivent être adaptées aux besoins d’une population carcérale vieillissante

Washington (CICR) – Déclaration de Patrick Hamilton, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour les États-Unis et le Canada, à la suite de sa visite du camp de Guantanamo le mois dernier :

La dernière fois que j’ai visité le camp de Guantanamo, c’était en 2003 en tant qu’interprète du pachtou, au début de ma carrière au sein du CICR. J’y suis retourné récemment, vingt ans plus tard, dans le cadre d’une des visites que le CICR continue d’y effectuer régulièrement, et j’ai été particulièrement frappé par les signes de vieillissement précoce que présentaient les hommes qui y sont toujours détenus – effets conjugués de ce qu’ils ont vécu et de toutes ces années passées en détention. Plus de vingt ans après leur incarcération, leur cas n’est toujours pas résolu. Leur santé physique et mentale se dégrade et nécessiterait une prise en charge spécialisée.

Les autorités actuelles ont mis en place des solutions provisoires, mais le système doit être repensé dans sa globalité si les États-Unis entendent continuer dans les années à venir à utiliser le camp comme centre de détention. L’accès à des soins adéquats doit être garanti à tous les détenus, ce qui suppose de pouvoir assurer, sur la base navale de Guantanamo ou ailleurs, la prise en charge des détenus souffrant de troubles physiques et/ou psychologiques ainsi que des urgences médicales. Les autorités devraient également réfléchir aux moyens d’adapter l’infrastructure carcérale et les règles qui régissent le quotidien des détenus à l’évolution des besoins et des problèmes de santé de ces derniers.

Pour une refonte globale satisfaisante du système, les modalités d’interaction entre les détenus et leurs familles devraient également être repensées. La fréquence et la durée des appels téléphoniques en particulier devraient être revues à la hausse, sachant qu’aucune visite en personne n’est autorisée.

De toute évidence, plus vite les États-Unis mettront fin au blocage politique et administratif qui empêche le transfert des détenus remplissant les conditions requises, et statueront sur le sort des autres détenus, plus vite ils pourront s’atteler à l’élaboration des plans d’amélioration nécessaires.

Nous appelons l’administration américaine et le Congrès à travailler de concert à la recherche de solutions pérennes. Des mesures doivent être prises sans tarder. Quand bien même seul un petit nombre de détenus seraient appelés à rester à Guantanamo, la question des soins dus à une population carcérale vieillissante exige dès maintenant une réponse planifiée.                                                                 

Informations complémentaires :

Elizabeth Shaw, CICR, Washington (anglais), egormanshaw@icrc.org, +1 202-361-1566