Îles Falkland/Malouines : redonner un nom aux morts

  • Trente-six ans après la fin du conflit qui a opposé l’Argentine et le Royaume-Uni, une équipe forensique du CICR s’est rendue aux îles Falkland/Malouines pour prélever des échantillons d’ADN sur les dépouilles de 122 soldats inconnus. Elle espérait ainsi redonner un nom à ces soldats argentins et aider leurs familles à surmonter leur chagrin. En mars 2018, plus de 200 proches se sont rendus au cimetière de Darwin pour rendre hommage aux défunts.
    CC Secrétariat aux Droits de l’homme et au Pluralisme culturel de l’Argentine
  • 1983. Des militaires britanniques tirent une salve d’honneur en hommage aux soldats argentins enterrés au cimetière de Darwin. Quand la guerre a pris fin en juin 1982, certains Argentins tombés au combat ont été temporairement enterrés près du lieu où ils avaient trouvé la mort, avant d’être de nouveau inhumés, convenablement cette fois, sous la direction de Geoffrey Cardozo, colonel de l’armée britannique.
    Reproduit avec l’aimable autorisation de Geoffrey Cardozo
  • Juin 2017. Le père John Wisdom bénit le site et les experts forensiques du CICR avant le début des exhumations. Quatorze experts sont venus d’Argentine, d’Australie, du Chili, d’Espagne, du Mexique et du Royaume-Uni pour les besoins de l’opération.
    CC BY-NC-ND / CICR / Didier Revol
  • Après avoir soigneusement retiré les croix et les pierres tombales, les scientifiques dégagent la terre recouvrant les cercueils à l’aide d’une petite excavatrice. Ils se servent ensuite de petites pelles et de truelles pour déterrer délicatement les corps, placés dans des sacs blancs. Au terme de 35 années passées dans un sol humide, les cercueils en bois se sont entièrement décomposés.
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  • Luis Fondebrider (au centre) est le président de l’Équipe argentine d’anthropologie forensique. En 1997, il a dirigé l’équipe forensique chargée par le gouvernement cubain de récupérer le corps de Che Guevara à Vallegrande (Bolivie). Il collabore régulièrement avec le CICR.
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  • Le travail forensique se poursuit sur la table d’autopsie, où les dépouilles font l’objet d’analyses poussées. Outre consigner des observations qui les aideront à identifier les corps (sexe, âge, stature, dentition), les experts forensiques prélèvent de petits échantillons de matériel osseux (dents et os) sur lesquels des laboratoires de génétique effectueront des tests ADN.
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  • Les experts forensiques trouvent une carte d’identité militaire sur le premier corps exhumé. Ils voient là un signe encourageant. L’identité du défunt sera probablement confirmée par les analyses ADN.
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  • Au laboratoire forensique, tous les corps sont passés aux rayons X. Ensemble, le radiologue forensique, les pathologistes, l’anthropologue et l’odontologiste cherchent des indices comme d’anciennes fractures osseuses ou des antécédents odontologiques particuliers, qui pourraient permettre d’établir une correspondance entre un corps et l’un des dossiers médicaux transmis à l’équipe du CICR par les autorités ou les familles des défunts.
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  • Différents objets retrouvés sur un des corps : des allumettes, des piles, des billets de banque argentins, un rosaire en plastique… Ici, ces objets n’ont malheureusement pas permis d’identifier le corps.
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  • Les experts n’ont que 24 heures à compter de l’examen de chaque corps pour rédiger un rapport forensique et saisir toutes les données recueillies ; ce n’est pas une tâche facile. « Mais l’effort en a valu la peine, affirme Morris Tidball-Binz (à droite), le responsable du projet. Chacun a le droit d’être identifié après sa mort, y compris les personnes qui meurent sur le champ de bataille. »
    CC BY-NC-ND / CICR / Didier Revol
  • Mercedes Salado Puerto, pathologiste forensique, vient de sceller un sachet en plastique contenant des échantillons d’ADN et portant sa signature ainsi que celle de Morris Tidball-Binz. Ces signatures serviront à certifier la chaîne de prise en charge jusqu’à ce que les échantillons parviennent à des laboratoires de génétique forensique situés en Argentine, en Espagne et au Royaume-Uni. En 2013, Mercedes a participé à l’exhumation du poète chilien Pablo Neruda.
    CC BY-NC-ND / CICR / Didier Revol
  • Une fois l’examen forensique terminé, les dépouilles sont immédiatement placées dans un nouveau cercueil et ré-enterrées à l’endroit où elles reposaient depuis 36 ans. Tout au long de l’opération, les corps et les sépultures ont été traités avec une dignité et un soin absolus.
    CC BY-NC-ND / CICR / Didier Revol
  • Sur la route menant à la principale ville des îles Falkland/Malouines, Port Stanley/Puerto Argentino. Le projet s’est déroulé sur sept semaines dans un environnement de travail éprouvant, auquel sont venues s’ajouter des conditions météorologiques difficiles, notamment des températures glaciales, des vents forts et des tempêtes de neige. Cependant, 90 soldats argentins ont fini par être identifiés. D’autres affaires pourraient être résolues dans les années à venir dans la mesure où de nouvelles familles se joignent au processus d’identification.
    CC BY-NC-ND / CICR / Didier Revol
07 mai 2018

Quoique brève, la guerre qui a opposé en 1982 l'Argentine et le Royaume-Uni a causé une douleur immense à de nombreuses familles. Plus de 900 soldats des deux camps sont morts et trois civils ont été tués. Certains soldats ont disparu dans la fureur de la bataille, d'autres ont été enterrés sans être identifiés. Plus de 200 soldats argentins, parmi lesquels 122 anonymes, ont été inhumés au cimetière de Darwin, au centre des îles Falkland/Malouines. En 2017, une équipe forensique du CICR a réussi à en identifier 90, au grand soulagement des membres survivants des familles, qui ont été plus de 200 à se rendre au cimetière de Darwin en mars 2018 pour rendre hommage aux soldats.